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Bibliographie par dates

Cent livres publiés de 1940 à 2004

Rééditions françaises

2025 : Histoire de l’art et lutte des sexes (à paraître)

Paris, Les Presses du Réel, 1er semestre 2025 

introduction et commentaires Fabienne Plume. Françoise, qui a passé quelques mois aux Beaux-Arts à l’orée de la Seconde Guerre mondiale, a conservé toute sa vie un goût pour l’expression picturale, qui fut même son jardin secret. Fabienne Plume, enseignante et critique d’art féministe, s’est saisi avec enthousiasme de ce livre qui propose une réflexion sur les femmes d’autant plus présentes dans la peinture qu’elles sont absentes comme créatrices, soutenue par des présentations et analyses d’œuvres.

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2024 : Le Féminisme ou la Mort (poche)

Paris, Le Passager Clandestin,  édition de poche,  5 avril 2024

Cette réédition de poche du titre paru en 2020 chez les mêmes éditrices arrive un mois avant un autre indispensable, Écoféminisme politique d’Ariel Saleh, qui se situe dans sa prolongation.

Initialement paru en 1974, ce livre fondateur ouvre de nouvelles perspectives pour les luttes écologistes et féministes, dont Françoise nous dit qu’elles sont appelées à se rejoindre dans le combat contre le patriarcat qui, dans un même mouvement, soumet les femmes et détruit la planète.

2023 : Je ne suis pas née pour mourir

Paris, Le Seuil,  édition de poche, préface Pauline Harmange, septembre 2023

Ce roman de 1982 conte l’histoire d’une Amazone, Thécla, qui, après avoir bu certaine potion, traverse les temps et croise de grands moments de l’Histoire. Pour la première fois, le mythe de l’immortalité est incarné par une femme. Ce prodigieux roman d’aventures nous amène à la rencontre d’Alexandre le Grand, à la découverte de l’Amérique par les Vikings, aux formidables machines conçues par Leonard de Vinci, à la guerre de Vendée,… jusqu’au nazisme puis à Mai-68.

2023 : Écologie/Féminisme – Révolution ou mutation ?

Paris, Le Passager Clandestin, préface Geneviève Pruvost, 349 pages.

Depuis la publication du Féminisme ou la mort en 74 et la parution de sa recherche érudite Les Femmes avant le patriarcat, en 76, Françoise d’Eaubonne a complexifié sa vision de l’écoféminisme.

À contre-courant du féminisme réformiste, qu’elle qualifie de féminisme-de-maman, mais aussi du féminisme marxiste, d’Eaubonne ajoute deux dimensions à l’analyse de l’exploitation (la nature et les pays du Sud) : se libérer, en tant que femme, sur le dos de la planète et des petites mains subordonnées n’est pas un horizon émancipateur. Comment oublier qu’en bout de chaîne se trouvent des femmes courbées dans des champs à l’autre bout du monde ? (Geneviève Pruvost, 2022)

2023 : Le Sexocide des sorcières

Vauvert, Au diable vauvert, collection Nouvelles Lunes, préface Taous Merakchi, 109 pages.

Le sexocide dont parle Françoise d’Eaubonne dans ce texte, le traitement réservé aux « sorcières » lors de la chasse qui a été menée contre elles, n’était qu’un prétexte. C’était une astuce parfaite, adaptée à l’époque dans laquelle ces événements s’inscrivent, pour justifier la torture et le meurtre des femmes. Le Malleus Maleficarum de Kramer et Sprenger serait traité aujourd’hui comme le manifeste d’un incel, lâché sur la toile quelques heures avant d’aller commettre sa tuerie de masse dans un lieu fréquenté essentiellement par des femmes. (Taous Merakchi, 2023)

2023 : Contre-violence ou la résistance à l’État

Paris, Éditions Cambourakis, préface Isabelle Cambourakis, 268 pages.

Publié en 1978 dans une maison d’édition féministe, le livre rassemble divers écrits et poèmes de d’Eaubonne rédigés à partir de 1975 en réaction à certains évènements, dont la mort en prison de la militante de la Rote Armee Fraktion (RAF) Ulrike Meinhof en mai 1976 et celle de quatre de ses camarades en octobre 1977. Une partie de ces textes ont été écrits à vif, certains ont été retravaillés plusieurs fois avant publication. La lecture de cet ouvrage pose la question des évolutions et ajustements de l’engagement de d’Eaubonne au fil du temps. (Isabelle Cambourakis, 2022)

Ce livre est une réflexion urgente sur le Pouvoir et sur la Violence. Françoise d’Eaubonne a une façon unique de tirer à boulets rouges sur ceux qui, emprisonnant ainsi toutes réflexions, amalgament la Contre-violence avec la Violence. Démontant avec brio l’hypocrisie de notre société : « La non-violence est l’hommage qu’un monde violent rend à l’idée d’une société sans violence » ! Poursuivant sa réflexion, elle s’attaque à la source : LE pouvoir. Elle pointe la nécessité de LE détruire et de reprendre NOS pouvoirs, celui que chacun peut exercer sans limite.

Enfin elle fait mouche avec son coup d’estoc final, quand elle lance au futur : un jour ce sera la « Mutinerie des femmes contre la Société de Pouvoir ».” (Manon Soavi)

2022 : Un bonheur viril

Paris, Des Femmes–Antoinette Fouque, 250 pages.

Sorti le 10 novembre, ce troisième tome clôt (presque) la saga des Bergères de l’Apocalypse. Sans que nous en sachions les raisons, ce texte, écrit au début des années 1980, n’avait encore jamais été édité. Pourtant, comme l’écrit Élise Thiébaut dans sa préface, “en lisant [ce texte] j’ai eu l’impression [qu’il] était la clé de toute la saga, le point d’entrée qui permettait de la comprendre enfin dans sa totalité”.

Il y est question de la guerre mondiale des sexes du point de vue du camp de l’ennemi, à travers la vision névrosée du fondateur de Gynophobia (tout un programme…). On peut faire un parallèle avec l’œuvre de Margaret Atwood, La Servante écarlate, publiée en 1985.

Merci à l’IMEC qui nous a permis d’exhumer ce manuscrit, à Élise Thiébaut, ainsi qu’à Alain pour son précieux travail de relecture. (Vincent)

2022 : Les Bergères de l’Apocalypse

Paris, Des Femmes–Antoinette Fouque, 650 pages.

1978. Contrairement à beaucoup de lectrices et lecteurs bien plus lucides que moi, ce roman, à sa sortie, me passe au-dessus de la tête ; je m’attendais à quelque chose d’aussi charmant que Le Satellite de l’Amande et suis décontenancé. Avec ma lenteur d’esprit habituelle (pour reprendre une expression que Françoise avait employée avec fausse modestie envers elle-même), il m’aura fallu attendre 2022 et cette réédition par Des Femmes-Antoinette Fouque pour découvrir ce que je considère dorénavant être un véritable chef d’œuvre. Me reste un petit regret : celui de n’avoir pu dire à Françoise mon enthousiasme débordant. (Alain)

Les Bergères de l’Apocalypse est l’opus principal de la Trilogie du Losange, qui comprend aussi Le Satellite de l’Amande et Un bonheur viril, ainsi que diverses nouvelles. La maîtrise de Françoise dans les descriptions picturales de scènes intenses est ici d’une sombre intensité qui ne cède en rien au SCUM Manifesto de Valérie Solanas ou au Baise-moi de Virginie Despentes.

Les Bergères est l’un des 17 titres qu’elle publiera entre 1974 et 1979, tout en menant une vie d’activiste ponctuée de nombreux faits d’armes. Écrit d’un jet, peu relu et corrigé, elle en dira que c’est “… modestement, une épopée, que j’ai écrite pour me défouler… car je trimballe des masses de fantasmes, et j’ai pensé qu’il serait bon que je m’éclate un peu”.

Quatre ans plus tôt,  en 1974, sous le coup d’une éco-anxiété d’autant moins nommée qu’elle était quasiment la seule à la vivre, Françoise a créé le néologisme écoféminisme et conceptualisé son sens. Malgré tout ses efforts, la réception en a été à peu près nulle en France. De plus, en 1976, la mort d’Ulrike Meinhoff, retrouvée pendue dans sa cellule, lui causa un chagrin déchirant. Les Bergères de l’Apocalypse sont, je pense, une réponse à tout cela.

Car le propos peut se résumer ainsi : les femmes, se révoltant “non pas tant pour le tort qui leur a été fait, mais pour celui qui est fait à la planète et à la vie même”, entament une guerre planétaire totale contre les hommes qui aboutira à leur disparition.

Une séquence dans une émission littéraire montre bien la réception du livre à l’époque. Même si les échanges sont feutrés, l’ovni Françoise effraie dans ce monde frileux et largement inconscient des violences faites aux femmes, quand elles ne sont pas tout bonnement massacrées, comme la lente prise de conscience mondiale le donne à voir aujourd’hui.

Pour illustrer cette saga hallucinante, il ne fallait pas moins que l’écriture, la grande et belle voix de Mathilde dans l’une de ses chansons les plus poignantes. Françoise aurait été fan. (Vincent)

2022 : Le Satellite de l’Amande

Paris, Des Femmes–Antoinette Fouque, 176 pages.

1975. J’ai 21 ans, je connais Françoise depuis plusieurs mois et nous sommes déjà devenus inséparables. Des Femmes publient Le Satellite de l’Amande, un roman de science-fiction dans un monde composé uniquement de femmes. Je suis emballé. L’exploration de la petite exoplanète, les questionnements philosophiques de la narratrice, la plume légère de l’autrice, tout charme ma tumultueuse jeunesse. 47 ans plus tard, les éditions Des Femmes rééditent cet ouvrage, et c’est donc avec un plaisir tout particulier que je repars à la découverte de cet univers d’Eaubonnesque. (Alain)

2021 : Le Complexe de Diane

Paris, Julliard, 395 pages.

Plaidant pour une approche qui permettrait de concilier “à la fois le rationnel et l’irrationnel, l’intellect et l’instinct”, Françoise ouvre la voie à une démarche de la complétude où les hiérarchies seraient enfin abolies, pour le bien de l’humanité, et où le plaisir, y compris sexuel, serait honoré pleinement. Et c’est dans la richesse et la profondeur de cette pensée encore en gestation que s’éclaire cet horizon inattendu qu’on appellera l’écoféminisme. (Élise)

2020 : Le Féminisme ou la Mort

Paris, Le passager Clandestin, 331 pages.

Initialement paru en 1974, ce livre fondateur ouvre de nouvelles perspectives pour les luttes écologistes et féministes, dont Françoise nous dit qu’elles sont appelées à se rejoindre dans le combat contre le patriarcat qui, dans un même mouvement, soumet les femmes et détruit la planète.

Dans ce livre au titre clin d’œil à celui de René Dumont L’Utopie ou la Mort, Françoise annonce ce qui est aujourd’hui une réalité : la destruction du monde par le productivisme et le pouvoir. Le capital, aujourd’hui néolibéral, n’est que le dernier avatar d’un système multimillénaire, dont elle détaillera sa vision historique dans Les Femmes avant le patriarcatt.

2018 : Écologie et Féminisme – Révolution ou mutation ?

Paris, Libre et Solidaire, 233 pages.

Dans ce livre initialement paru en 1978 et faisant suite à Le Féminisme ou la Mort, Françoise théorise sa vision de ce qui deviendra un courant majeur de l’écoféminisme.

Cette édition est enrichie d’une préface de Serge Latouche, qui lui rend justice pour sa place de pionnière notamment de la décroissance, et d’une postface de Caroline Golblum, qui nous rappelle quelle femme visionnaire Françoise fut et quelle place elle a tenu dans la vie intellectuelle durant une bonne partie du siècle précédent.

Cette édition n’aura que brièvement existé, l’éditeur s’étant montré rapidement défaillant.

(Vincent)

1933-1952, Putain de jeunesse

1933 : Mireille, fille des montagnes

Ce roman, le tout premier de Françoise, publié en version raccourcie, est probablement définitivement perdu. Voici son histoire, fondatrice.

1932, les éditions Denoël et Stelle lancent un concours littéraire pour les moins de 13 ans. Il est demandé un minimum de 200 lignes pour se présenter sur la ligne de départ. Françoise a 12 ans, elle concourt avec un roman qui fait 225 pages. Le jury, un peu stupéfait, lance une enquête, interroge discrètement le curé de la paroisse : outre sa taille hors-norme, le texte contient des présupposés sur la vie amoureuse des personnages qu’il parait bien difficile d’attribuer à la plume d’une enfant. Vérifications faites, Françoise remporte le concours.

Elle n’en était pas à son coup d’essai, ayant achevé un premier roman de 50 pages à ses 10 ans, quelques actes de drames cornéliens et nombre de poèmes, car dans son enfance elle plaçait la poésie au-dessus de tout. Si Dostoïevski, Zola et tant d’autres brillèrent fort tôt et fort vivement à son firmament, c’est définitivement Rimbaud “dont je sus rapidement par cœur toute l’œuvre en vers” qui restera pour elle l’Indépassable : elle lui consacrera trois livres.

L’enfant ne passe pas inaperçue. Colette, qui a fait publier deux poèmes de ses neuf ans, lui fait savoir que son destin est là : elle sera écrivaine, il faut qu’elle le soit. Cette rencontre a tant bouleversé Françoise que sa Déesse l’intimidera toute sa vie au point de ne pas oser (Françoise, ne pas oser !) la contacter de peur de faire perdre de précieux moments à son génie. De mémoire, il me semble qu’elles ne se recroiseront qu’une seule fois.

Françoise d’Eaubonne est née aux lettres en 1933. (Vincent)

1942 : Colonnes de l’âme

Éditions Lutétia, coll. Itinéraire n°1.

Préface manuscrite de Joë Bousquet. Collection Itinéraires sous la direction de Jacques Aubenque, qui a écrit la postface de ce recueil.

Dix-huit poèmes de Françoise, à 22 ans, répartis en quatre thèmes (Amour, Foi, Songe, Révolte), chacun illustré d’un dessin de l’autrice. (Vincent)

1943 : Littérature n° 2

Paris, Julliard, collection Sequana, (190 pages ?)

Textes et poèmes de : Robert Antelme, Gabriel Audisio, Jean Baudry, Pierre Béarn, André Berry, Claude Boncompain, Louise Bresson, Jeanne de Castro, Jean-Louis Curtis, Max Dietlin, Maurice Druon, Raymond Dumay, Françoise d’Eaubonne, Paul Gadenne, Kléber Haedens, Simone Jouglas, René Laporte, Jean Larcena, Henri Laville, René Lefèvre, Fernand Lequenne, Jean Loisy, Jean Massin, Jacques Mauchamp, Jean Merrien, P. van der Meulen, Raymonde Michaud, Robert Morel, Georges Neveux, Albert Ollivier, Jean Proal, C.-A. Puget, Silvio Ray, Alice Rivaz, Pierre-Maurice Richard, Henri Rode, Jean Rougeul, Claude Roy, René Tavernier, Maurice Toesca, Anne de Tourville, Claire Vallier, Nicole Vedrès.

1944 : Le Cœur de Watteau

Éditions Julliard, 354 pages.

Écrit entre 1942 et 1943, ce roman est une succession d’images fouillées et de dialogues truculents. La misère des temps que Françoise traverse comme elle peut trouve un écho dans les descriptions qu’elle fait de la vie populaire sous Louis XIV. Tout un monde d’artisans, de boutiquiers et de soldats du rang revit au fil des pages, en toile de fond de la vie et des peintures d’Antoine Watteau. Les femmes y sont aussi bien présentes, notamment Morena qui incarne l’indépendance durement conquise et préservée. Ce roman à la structure très construite et maitrisée est d’une étonnante maturité pour une autrice de 22 ans. (Vincent)

1947 : Comme un vol de gerfauts

Éditions Julliard, coll. Sequana, 526 pages.

Prix des Lecteurs 1947, ce roman fleuve annonce des thèmes et formes chères à Françoise que l’on retrouvera tout au long de son œuvre romanesque. La mer, sa flibuste et ses naufrages (à sa demande, les cendres de Françoise seront dispersées par un voilier au large du Morbihan), et surtout le roman historique transformé en récit psychologique, car il lui semblait que cette forme était “plus accessible à notre sensibilité moderne”, comme elle le dit dans l’introduction. D’où notre sentiment, selon Élise Thiébaut, “de vivre les aventures de l’intérieur”, renforcé par de saisissantes descriptions très picturales. (Vincent)

1949 : Indomptable Murcie

René Julliard, coll. Sequana, 559 pages.

Si ce livre est dédié à l’âme de son père, c’est bien ses racines espagnoles que Françoise évoque à travers l’histoire de cette femme, dépossédée parce que rebelle, qui ira, à la tête de sa Cuadrilla, se faire tuer par les français devant Saragosse en 1816 pendant la guerre d’occupation napoléonnienne.

Dans ce roman d’amour, de bruit et de fureur, la partie “Sangre y Fuego” faisant la moitié des 550 pages, Françoise perfectionne son art de la description saisissante qui nous transporte au cœur de l’action, décrite avec une minutie picturale.

1951 : Démons et merveilles

Paris, Pierre Seghers (coll. Poésie 51 n°137), 35 pages.

“Un recueil de poème très court, très hermétique (il me faut constamment chercher des mots et allusions) et très érudit (on en attend pas moins de Françoise d’Eaubonne 🙂 ). De facture classique et traditionnel qui ne m’a pas émerveillé comme d’autre de ses (trop rares) poèmes.
Une lecture qui reste toutefois précieuse de sa rareté, de l’ouvrage et des mots.”

Un lecteur sur le Net

1951 : Le Complexe de Diane ; érotisme ou féminisme

Paris, Julliard, 301 pages.

En réplique aux critiques masculines et conservatrices portées contre Le Deuxième Sexe de Simone de Beauvoir, Françoise d’Eaubonne, jeune romancière à succès, répond par ce livre écrit en quelques semaines et publié tambour battant par Julliard en 1951.

Dans ce texte, Françoise monte au front avec cette fougue qui lui a déjà valu l’ire de Françoise Mauriac avec qui elle ferraille. Elle s’en prend à tous les conservatismes s’exprimant sur la place des femmes (ou plutôt de “la femme” comme ils disent) dans la société. Et en la jouant fine : la psychanalyse et le communisme règnent en maître sur la vie intellectuelle de gauche de l’époque. (Vincent)

1952 : Ivelle

Julliard, 272 pages.

Ivelle, c’est l’histoire d’une jeune fille d’aujourd’hui. Âme ardente, inquiète, assoiffée de justice… Elle croit découvrir une sorte de surhomme en Yvon, lequel s’imagine fondateur d’une philosophie nouvelle… Elle le suit à Paris dans les milieux de Saint-Germain-des-Prés… Elle se trouvera bientôt mêlée, avec son maître, à une retentissante affaire de meurtre. (extraits de la 4ème de couverture)

Hors l’histoire de meurtre, il n’est pas besoin d’être Sherlock Homes pour supposer que ce roman s’appuie sur le parcours de Françoise : Yvon, ne serait-ce pas Jean-Charles Pichon, l’auteur d’obscures interprétations sur l’histoire des mythes ? (Vincent)

1953-1961, Le temps d'apprendre à vivre

1953 : Atalante délivrée

Ouvrage probablement perdu, on ne peut que conjecturer de son contenu. Dans ce livre qui paraît deux ans après Le Complexe de Diane, il sera donc certainement question de l’héroïne grecque Atalante, éduquée par Artémis après avoir été abandonnée par son père. Elle est réputée avoir vécu dans la Grèce antique, refusant  initialement le mariage et se livrant à des exploits hors du commun. Elle fut l’unique femme à faire partie des Argonautes pour aller conquérir la Toison d’Or aux côtés de Jason.

On retrouve donc l’Atalante qui ne put être dépassée à la course que par une tromperie d’Hippomène évoquée dans Le Complexe de Diane, où  Françoise exprime son attachement à cette figure de femme libre. Il n’est pas étonnant qu’elle ait souhaité prolonger la relation. (Vincent)

1953 : Les Yeux du paradis

Toulouse, Julia, 28 pages.

Conte fantastique tiré d’un scénario de Jean Lakanal. Probablement perdu.

1954 : La Hollandaise volante

Diffusée par Radio-Lille.

Probablement perdu, donc nous ne pouvons que spéculer sur cette Hollandaise volante.

Le Hollandais volant est l’archétype des vaisseaux fantômes, en bonne place dans les contes et légendes que se transmettaient et se transmettent encore les gens de mer. Il représente le funeste présage à ne pas croiser sur sa route, car c’est un bateau dont l’équipage a été maudit et condamné à errer sur les flots pour l’éternité.

C’est donc très certainement un conte maritime que proposait Françoise, comme 4 ans plus tard Le Gabier de Surcouf. Notons que le Hollandais est devenue une Hollandaise, et qu’il y a fort à parier qu’elle en a fait une capitaine de vaisseau pirate ou corsaire ; il est même bien possible que l’équipage entier fut féminin. Malédiction pour les hommes qui croisaient leur route ! (Vincent)

1954 : Une pomme rouge : mon cœur

Paris, Pierre Seghers (coll. Poésie 54 n°374), 15 pages.

Avec pour titre un vers de Nazim Hickmet et dédiés à Henri Lefèbvre, neuf poèmes en trois sections. La première sur l’amour, ses combats et ses souffrances, la deuxième à la mémoire de Julius et Ethel Rosenberg (quatre ans plus tard, Françoise donnera “Julius” comme second prénom à son fils). La dernière section, Trois poèmes pour mon Parti (Françoise est alors membre du PC), contient un long poème à la mémoire de son père pour lui dire ce qu’elle lui doit de son engagement communiste. (Vincent)

1955 : Jours de chaleurs

Paris, Éditions de Paris, coll. série blonde, 249 pages.

L’Espagne, encore. Ce roman sentimental cache sous une apparente légèreté des souvenirs de jeunesse de Françoise : la guerre d’Espagne, la Campagne de France. L’héroïne du roman cache un secret, et une âme ardente qui n’est pas sans rapport avec celle de l’autrice. Les personnages secondaires sont probablement tirés du vivier des rencontres faites à la villa Les Pamplemousses de son enfance Toulousaine après la retirada, l’exode des républicain(e)s espagnol(e)s en 1939. (Vincent)

1957 : Belle humeur ou la véridique histoire de Mandrin

Paris, Le livre contemporain – Amiot-Dumond, coll. Visages de l’aventure, 202 pages.

La Ferme Générale (1680 – 1794) était un corps de financiers et d’actionnaires qui, ayant acheté au Roi la charge, collectait les divers impôts en vigueur avec droit d’en garder la moitié. Inutile de dire que les Fermiers y mettaient le zèle nécessaire, et que d’infinis abus furent commis : nous avons là l’ancêtre des maffias et trust internationaux, selon le côté de la loi où ils se trouvent.

C’est contre ce système et ses hommes que le bandit de grand chemin Mandrin, Robin-des-bois français, s’éleva jusqu’à finir roué vif en place publique à Valence au tournant des années 1750.  Il resta longtemps dans la mémoire populaire, on trouve encore des enregistrements de chansons qui célèbrent ses exploits.

Un personnage, donc, à la mesure de la plume picaresque d’une Françoise dans la trentaine, qui étanche à l’écriture de son histoire une soif de justice et un goût certain pour l’épopée.

1957 : Les Amours de Roméo et Juliette

Paris, Édition Rombaldi, coll. Le club de la Femme.

Voici, le sujet s’y prête, un roman aux accents cyrannesques, qui vaut le coup pour ses descriptions minutieuses et colorées de Vérone au XVème siècle. Hormis cela, c’est un ouvrage alimentaire, écrit sans passion. Vivre de sa plume, sans soutien financier, position ou mari, peut nécessiter d’en passer par là. (Vincent)

1958 : Chevrette et Virginie

Hachette, coll. Bibliothèque verte n°46, 253 pages.

Ce premier roman destiné à la jeunesse est orné d’une couverture dont la lecture pourrait être aujourd’hui beaucoup moins innocente qu’à l’époque. Et c’est bien l’histoire de deux femmes aventurières et naufragées qui nous est contée. On pourra même se hasarder à penser que Françoise se serait bien passée du personnage du Chevalier de La Barre, qui semble être là pour sauver les apparences et préserver la pureté morale de nos chères têtes blondes… Mais ne serait-ce pas anachronisme ou spéculation sur d’éventuelles intentions encore inconscientes chez l’autrice ? (Vincent)

1958 : Fort des Femmes

Paris, le Livre contemporain.

Mac Orlan disait de Françoise : “Son style est si coloré qu’il faut lire ses livres avec des lunettes de soleil”. Qu’aurait-il dit des Bergères de l’Apocalypse préfiguré par ce livre ? Car c’est bien d’un combat de femmes les armes à la main qu’il s’agit : une troupe de pauvres émigrées mendiantes, prostituées et voleuses qui se rencontrent dans le fond de cale du bateau sur lequel elles fuient la misère pour bâtir un avenir meilleur dans les Amériques au début du XIXe siècle. Et ce ne sont pas les titres de chapitres sarcastiques comme La joie d’être mère ou Le repos du guerrier qui nous feront douter des intentions de l’autrice. (Vincent)

1959 : J’irai cracher sur vos tombes

Éditions Seghers, Paris, 220 pages.

En 1946, paraît aux Éditions du Scorpion un livre signé Vernon Sullivan portant ce titre. Jugé scandaleux, il fait alors l’objet d’un procès intenté par  un Cartel d’action sociale et morale, ce qui révèle que son véritable auteur est Boris Vian. Il sera condamné à 15 jours de prison, vite amnistié, pour outrage aux bonnes mœurs. Le livre interdit, Boris Vian en tirera une pièce, puis un film, et c’est quelques jours avant sa mort qu’il donnera à Françoise l’autorisation d’écrire sous ce titre une nouvelle version de son roman dont le parfum de scandale et le goût de l’époque pour les thrillers américains en feront un succès littéraire. (Vincent)

1959 : Je m’appelle Kristine

Éditions Albin Michel, Paris, 285 pages. Réédition titrée Moi, Kristine, reine de Suède, 1979

Les Mémoires d’Hadrien, le monument de Marguerite Yourcenar paru 7 ans plus tôt, ne peut que nous revenir à l’esprit à la lecture du roman de Françoise. Et ce n’est pas les indices transparents qu’elle a laissés qui infirmeront ce constat. On pourrait penser à une imitation stylistique, alors qu’il faut y voir ce que ces deux grandes autrices partageaient : une vraie connaissance des Grecs et des Latins.

Connaissance que Françoise met au service de son propos qui, toujours, aura été de dire : Femmes ! Soyez fières d’être ! C’est bien grâce à ce propos que j’aurai tout naturellement, dès mes lectures enfance, été amené à considérer qu’un héros épique pouvait aussi bien être une héroïne.

Avec Kristine de Suède, Françoise brosse une figure historique à la hauteur de son intention. Amie et correpondante des plus grandes figures intellectuelles et scientifiques de son siècle, cheville ouvrière du traité de Westphalie, aventureuse et batailleuse, diplomate et pacificatrice, la reine Kristine fut sans conteste l’un des plus importants personnages de l’Europe de son époque. (Vincent)

1959 : Le Gabier de Surcouf

Bruxelles, Éditions Brepols (Bruxelles), 138 pages.

Ce livre pour la jeunesse aurait eu sa place dans la Bibliothèque Verte. L’histoire se déroule à l’Île de France, qui deviendra l’Île Maurice. On y retrouve le célèbre corsaire, un jeune gabier, une jeune philosophe, etc., et un certain M. Piston, incarnation de l’un des ancêtres de Françoise.

Attachée à ses racines bretonnes et maritimes, l’autrice aurait beaucoup aimé cette chanson de Michel Tonnerre dans cette très belle interprétation de Thalie (qui connaît Françoise et l’apprécie). Merci à celle-ci de m’avoir autorisé à l’insérer ici, et aux ayants-droits de Michel. (Vincent)

1959 : Le sous-marin de l’espace

Paris, Éditions Gautier-Languereau, coll. Nouvelle bibliothèque de Suzette, 123 pages.

Ce petit roman pour la jeunesse est le fruit d’une collaboration avec deux célébrités littéraires et scientifiques de l’époque : l’écrivain Jean-Charles (La Foire aux cancres, 12 millions d’exemplaires) et le scientifique Jacques Bergier, auteur de SF à ses heures.

Il en résulte un honnête livre d’aventure, éducatif par les postulats scientifiques développés, où exceptionnellement chez Françoise les personnages féminins sont quasi inexistants, si ce n’est la présence d’une petite fille de 10 ans.

L’URSS voudra bien trouver le livre assez méritoire (triomphe de personnes désintéressées œuvrant pour le bien de l’humanité et du matérialisme scientifique) pour que Les Éditions Scolaires d’État en assure la traduction en 61.

1959 : Les Tricheurs

Paris, Éditions Seghers, 255 pages.

Novellisation du film de Marcel Carné avec Pascale Petit, Jacques Charier et Laurent Terzieff. Le livre est réédité chez L’Inter en 1970.

1960 : Planète sans adieu

Paris, Arthème Fayard, 26 pages.

Pages 23 à 46 dans ouvrage collectif. Nouvelle de SF : un voyage dans le temps, une héroïne, et un amusant jeu d’imagination sur l’influence des glaciations dans le développement d’Homo.

Si le texte est sans grande conséquence, la patte de Françoise est bien là. Et cela a pu être pour elle un délassant jeu d’écriture, une récréation à ses travaux de fond de ces années-là. (Vincent)

1961 : Les Fiancés du Puits-Doré

Hachette, coll. Bibliothèque verte n°185, 187 pages.

Aux côtés de Don Quichotte et de Cyrano de Bergerac, le bandit d’honneur Mandrin Belle-Humeur a toute sa place dans le panthéon de Françoise. Elle lui a d’ailleurs consacré un ouvrage en 57. Notre Robin des Bois français partage ici la vedette avec une jeune fille de 11 ans qui fait preuve de qualités d’audace, de courage et d’engagement “point attendue des personnes de son sexe”, pour paraphraser une tournure du 18ème siècle.

Ce roman de la Bibliothèque Verte, beaucoup mieux écrit que le reste de la collection pour ce que je m’en souviens, est bien dans la lignée des autres livres jeunesse de Françoise : descriptions colorées et minutieuses, contexte historique réaliste, aventures et rebondissements à tous les chapitres. Un livre tout à fait propre à donner le goût des belles lettres. (Vincent)

1962-1973, Je voulais être une femme

1962 : L’Amazone bleue

Hachette, coll. Bibliothèque verte n°208, 249 pages.

Françoise était très marquée par le Père Hugo, et notamment sa vision des guerres de Vendée. C’est pourquoi, tout en donnant raison à la République, elle dresse un tableau qui n’est pas manichéen. Elle fait d’ailleurs passer d’un camp à l’autre certains protagonistes de son récit, dont la figure de proue est une jeune femme qui combat et intrigue, se trouvant partout où se joue le destin de la France. (Vincent)

1962 : Les Plus Belles Lettres de Flaubert

Paris, Calmann-Lévy, 1962, 158 pages.

Françoise voyait dans Flaubert le premier des écrivains bourgeois (disposant de temps et d’argent) à avoir introduit ce qu’elle considère comme la valeur cardinale de sa classe en littérature : l’investissement dans la durée (time is money).

Si elle n’oublie pas sa misogynie et les pages atroces qu’il a commises contre la Commune de Paris vaincue, elle lui reconnaît le mérite d’avoir consacré son temps à tenter de s’arracher à la pensée médiocre de son époque et de sa classe (qu’il y soit parvenu est une autre histoire, ndlr), et elle le distingue de ses contemporains en ce qu’il était en refus épidermique du monde (contrairement à Sand, Balzac, Stendhal…).

Françoise, flaubertienne ? Certainement pas. Mais elle lui reconnaît des mérites littéraires et le considère comme un intéressant cas d’école. (Vincent)

1963 : La Vie des grands peintres français

Paris : Éditions du Sud, A. Michel.

Textes de Yvonne Deslandres, Françoise d’Eaubonne, Henry Certign … [et al.] ; sous la direction de Pierre Waleffe.

Note en attente de rédaction.

1964 : Chienne de jeunesse

Paris, Julliard, 376 pages.

Ce premier tome de ses mémoires revisite son enfance, jusqu’en 1944. Il s’ouvre sur le Vert paradis où le Jardin tient une place prépondérante, comme œuvre achevée de Dieu sur terre. C’est “l’état naturel d’un enfant aimé, bien nourri, en contact immédiat avec la nature“.

Puis vient, avec le déménagement à Toulouse, Le temps de l’ennui. La crise économique des années 30 a paupérisé la famille d’Eaubonne, et le manque de tout (“Ah ! Ces enfants qui ont toujours faim !“, se lamentait leur mère) pèse tant sur ses parents que disparaît aussi la tendresse filiale. Ce temps de l’ennui est  un étouffement insupportable pour l’âme ardente de la petite Françoise qui trouve refuge et consolation dans les livres, l’écriture et le spectacle du monde dont quelques ahurissants spécimens fréquentent la maison, comme le mythomane Christian, l’un de ses personnages principaux dans Le Quadrille des Matamores. Pour autant, ces restrictions ne l’ont pas préparée à ce qui suivra après une brève parenthèse heureuse : la guerre est déclarée.

Dans son Toulouse privé de tout, avec des parents peu débrouillards pour faire face, elle connaîtra la faim – la vraie – et le froid, (qui auront raison de son père et de sa grand-mère) comme tant d’autres de sa génération. Elle recevra de plein fouet la révélation des camps de la mort, qui sont au-delà de l’horreur. Mais elle connaîtra aussi la Résistance, les solidarités des pauvres, et son premier vrai contrat littéraire.

De ce creuset, émergera une Françoise débarrassée du moralisme puritain et des convenances illusoires, bien décidée à crier “Jusqu’au dernier souffle, jusqu’au dernier râle, jusqu’au peloton de fusils ou au ronron de la veillée funèbre  : je vous emmerde !

1964 : Emily Brontë

Pierre Seghers, coll. Poètes d’aujourd’hui n°120, 190 pages.

Note en attente de rédaction.

1964 : Rêve de feu

Hachette, coll. le rayon fantastique n°124, 238 pages.

Note en attente de rédaction.

1966 : Honoré de Balzac

Paris, Éditions du Sud et Albin Michel, coll. « Vies et Visages », 112 pages.

Note en attente de rédaction.

1966 : Les Monstres de l’été

Paris, Julliard, 464 pages.

La deuxième partie des « mémoires précoces » de Françoise débute par ces mots :

« Berlin-Est, 12 mars 1965 (jour de mon anniversaire). – Mon guide veut absolument proposer de donner mon nom à une rue de Berlin-Est. Je n’ai pas mérité “cet excès d’honneur” ; si je l’accepte, c’est que pour la plupart ce sera une “indignité”. »

L’autrice poursuit dans ce texte la rédaction de ses souvenirs de la fin de la Seconde guerre au début des années 60, après un premier volume, Chienne de jeunesse, qui retraçait son parcours de 1930 à 1945. (Alain)

1970 : Éros minoritaire

Paris, André Balland, 323 pages.

Dans cet ouvrage précurseur, Françoise d’Eaubonne affirme que l’homosexualité, cet « Éros minoritaire » comme elle la qualifie, a existé de tout temps et sous toutes les latitudes. Comme l’hétérosexualité, elle est une des deux branches principales de l’Éros. Comment se fait-il alors qu’elle ait été tenue pour perversion, maladie, anormalité, voire crime, selon les cultures et les siècles, après avoir été honorée dans le monde antique ? (Alain)

1971 : Drôle de meurtre

Sous le pseudo Nadine de Longueval.

Ce roman est vraiment très proche thématique et psychologiquement de The Yellow Wallpaper à plusieurs égards. La protagoniste, Judith, du livre, celle qui écrira le carnet retrouvé par sa fille dans les premiers chapitres, se fait utiliser par les hommes à leurs convenance, perd toute agentivité lorsqu’elle se marie à un homme qui n’a absolument aucun intérêt pour elle sauf pour sa fortune d’un million de dollars: pas de contacts affectifs, pas de loisirs, pas de bons mots, uniquement une protagoniste avec une belle-famille qui lui tombe sur les nerfs, son mari qui ne parle que de lui et de son roman qu’on devine ne sera jamais publié, qui l’interrompt tout le temps, ne la laisse jamais parler et la déconsidère à absolument toutes les occasions en l’humiliant par moment et se faisant servir par elle tout le temps.

Tout au long du livre, on la voit sombrer peu à peu dans la dépression et la folie, avec tous ses espoirs s’effondrer un par un. Il n’est pas étonnant alors que le regard de la société (et de sa fille avant de la connaître) la considère alors comme folle, vu qu’elle ne peut s’exprimer, ne peut être heureuse, et est agressée en continu par tout ce qui l’entoure n’ayant comme seul refuge un petit chien. 

 Dans le roman, d’Eaubonne s’attarde à expliquer ce qui se cacher derrière cette “folie” d’une femme vue à travers les yeux des autres qui peut enfin livrer son récit sans un regard extérieur ou un mari qui tente d’expliquer ses comportements. C’est une exploration psychologique extrêmement fine, qui nous amène dans le quotidien d’une femme privée de tout, mais surtout de reconnaissance de son existence, obligée de vivre pour les autres et même comme monnaie d’échange. Même si ça finit un peu en histoire d’amour hétéro (le genre de la collection oblige) juste avant le dernier chapitre, tout est crédible, finement décrit et justifié.

Le dernier paragraphe du livre est assez magnifique à mon avis puisqu’il marque la reprise du récit par sa fille, comme à la fois une manière d’inscrire le récit dans le sien, en héritage, mais aussi en souvenir, dans le but de réhabiliter, ressortir, faire exister l’histoire d’une femme sorti du regard et avec, finalement, une justice pour tous les torts qui lui ont été commis.

Nicolas Lontel

1972 : Le Féminisme, histoire et actualité

Paris, Alain Moreau, 400 pages.

Cet ouvrage est un très dense essai sur l’histoire du féminisme, de l’Antiquité aux débuts des Mouvements de Libération des Femmes états-unien et français. Françoise d’Eaubonne y analyse ces « faits historiques primordaux » que sont « le phallocratisme, le sexisme, puis le féminisme ». En s’appuyant sur une très grande diversité de références (psychanalytiques, anthropologiques, historiques, littéraires…), elle analyse à la fois comment s’est élaborée et maintenue la discrimination sexiste à travers les siècles et les pays, et combien les femmes ont toujours tenté de s’insurger contre elle – bien que leurs révoltes aient été étouffées par différents moyens. Au passage, Françoise d’Eaubonne expose l’ampleur du travail opéré par les prédécesseuses, en retraçant l’histoire culturelle du féminisme occidental – surtout, mais pas seulement, centré sur le cas français –, en proposant extraits de discours ou d’œuvres, en les commentant. C’est un ouvrage qui raconte l’histoire des révolutions féministes, de ses échecs et étranglements successifs à l’avènement du MLF. (Aurore)

1972 : Le Fléau social n° 2

Journal du FHAR, le Front Homosexuel d’Action Révolutionnaire, que Françoise a cofondé. Plusieurs autrrices et auteurs.

Note en attente de rédaction.

1974-1979, Écologie/Féminisme, révolution ou mutation

1974 : Histoire du banditisme – tome 2

« Lacenaire – Le fiancé de la guillotine», pp.203-250 dans COLLECTIF. Histoire du banditisme tome 2. Éditions Famot, 252 pages.

Note en attente de rédaction.

1974 : La Drogue

F. d’Eaubonne, Claude-Paul PAJARD et Paul ULRICH. Genève, Famot, 247 pages.

Contribution de Françoise : Histoire et origine de la drogue.

1974 : Le Féminisme ou la Mort

Paris, Pierre Horay Éditeur, coll. Femmes en mouvement n°2, 374 pages.

Note en attente de rédaction.

réédité sous :
Le Féminisme ou la Mort. Paris, le Passager clandestin, 2021, 332 pages.

1975 : Le Satellite de l’Amande

Paris, des femmes, 253 pages.

Tous les hommes ont disparu. Entendez : tous les mâles. Dans ce roman, où elles se reproduisent par ectogénèse (un moyen de reproduction qui leur permet de se passer des hommes), les femmes, après avoir redonné vie à une Terre dévastée par la pollution, le Capital et le patriarcat, partent explorer une petite planète étrange, loin de notre système solaire. Cette expédition réservera bien des surprises aux lectrices et lecteurs de ce conte philosophique. “Passionné, impérieux. En fresques et en reliefs !” (Victoria Thérame). Le Satellite de l’Amande est le premier volet d’une saga qui sera poursuivie par Les Bergères de l’apocalypse ; la troisième partie de cette trilogie, restée inédite jusqu’à récemment, est sortie aux éditions Des Femmes–Antoinette Fouque en novembre 2022. (Alain)

1977 : L’Éventail de fer ou la vie de Qiu Jin

Paris, Jean-Claude Simoën, 349 pages.

Réédité sous :
 – D’EAUBONNE, Françoise. L’Éventail de fer ou la vie de Qiu Jin. Encre, 1984, 349 pages.

« À travers une Chine somptueuse et misérable, secouée par d’incessantes guerres civiles, Qiu Jin, grande féministe s’engage totalement aux côtés de Sun-Yat-Sen qui devait libérer son pays du carcan impérial. Tour à tour jeune fille studieuse, épouse et mère, mais aussi poète, terroriste et infatigable militante, elle sera décapitée au début du XXe siècle. L’Éventail de fer est le récit en forme de fresque du combat réel de cette jeune chinoise au destin hors-série. » [4° de couverture]

1977 : Les Femmes avant le patriarcat

Payot, 239 pages.

En créant l’écoféminisme, le génie de Françoise n’aura pas été d’apporter un concept nouveau : il aura été de nous relier avec une réalité immémoriale, celle des cultures pré-patriarcales de notre aire  géographique, que le rationalisme du XVe siècle puis l’humanisme des Lumières auront tenté d’éradiquer dans notre culture occidentale, maintenant à la pointe de la déshumanisation.

Vincent d’Eaubonne, in préface pour l’édition italienne, 2024

1977 : Lettre ouverte au docteur Hutter, médecin-directeur à l’hôpital-prison de Wittlich (RFA)

Gérard Hof et Françoise d’Eaubonne, inéditions barbares.

En 1976, après avoir été témoin au mariage de Françoise avec Pierre Sanna (détenu à la prison de la Santé à Paris), Gérard Hof, le compagnon de Françoise, emprisonné à l’hôpital-prison de Wittlich (RFA), doit résister aux méthodes particulières appliquées par le docteur Hutter : torture blanche expérimentale, obligation sensorielle, tentative de déstructuration de la personnalité… Sorti de prison, Gérard Hof écrira et publiera ce témoignage accusateur dont Françoise rédigera la préface. (Alain)

1978 : Contre-violence ou la Résistance à l’État

Paris, Éditions tierce,  96 pages.

Contre-violence est un ouvrage hétéroclite et très rythmé qui associe poèmes, textes politiques, articles parus dans des revues féministes, lettres ouvertes, collages de journaux, tracts… Dans cet essai, Françoise d’Eaubonne refuse de condamner a priori l’usage de la violence pour des raisons morales, ce qui lui permet de penser le large spectre de la violence et de ses conséquences, sans dogmatisme.

Elle n’aboutit pas à une position de compromis, fidèle à elle-même, mais plaide pour le respect mutuel des tactiques et des choix stratégiques. Elle qui a éprouvé et mis en action des actes de contre-violence et qui en connaît le coût est ici animée par un souci éthique de l’usage de la violence. Favorable à une contre-violence qui ne s’en prend pas aux vivants, elle est aussi vigilante à la violence contenue, afin que cette violence ne se transforme jamais en vengeance, défoulement individuel, jouissance et in fineen prise de pouvoir ; afin que « le pouvoir aux femmes devienne le non-pouvoir », toujours au service de la diversité et du multiple. (Pauline)

1978 : Écologie/Féminisme – Révolution ou mutation ?

Paris, A.T.P., 224 pages. 

Écologie/féminisme : révolution ou mutation ? reprend les principales thèses éco-féministes que Françoise d’Eaubonne développe depuis le début des années 1970, pour les porter à un point d’incandescence dans cet ouvrage au ton largement prophétique et apocalyptique. Elle y expose sa conviction qu’il est inutile de continuer à penser l’avenir à l’aune d’analyses politiques érodées : l’imaginaire révolutionnaire a montré ses failles, de l’histoire de la Révolution française à celle des socialismes. Depuis 1972, elle affirme qu’il faut passer à un imaginaire mutationnel : tout doit changer. Parce que le patriarcat est, selon elle, la première cause historique de tous les dysfonctionnements sociaux et environnementaux, parce que l’idéologie « masculine » est une idéologie exploitatrice et dévastatrice, le féminisme et la lutte écologiste sont les derniers remparts contre l’apocalypse environnementale qui se prépare. (Aurore)

réédité sous :
– D’EAUBONNE, Françoise. Écologie et Féminisme : révolution ou mutation ?. Libre & Solidaire, mai 2018, 236 pages.

1979 : Moi, Kristine, reine de Suède

Encre, collection Mémoire des Femmes, 273 pages. (Réédition, original paru sous le titre Je m’appelle Kristine, 1959).

Les Mémoires d’Hadrien, le monument de Marguerite Yourcenar paru 7 ans plus tôt, ne peut que nous revenir à l’esprit à la lecture du roman de Françoise. Et ce n’est pas les indices transparents qu’elle a laissés qui infirmeront ce constat. On pourrait penser à une imitation stylistique, alors qu’il faut y voir ce que ces deux grandes autrices partageaient : une vraie connaissance des Grecs et des Latins.

Connaissance que Françoise met au service de son propos qui, toujours, aura été de dire : Femmes ! Soyez fières d’être ! C’est bien grâce à ce propos que j’aurai tout naturellement, dès mes lectures d’enfance, été amené à considérer qu’un héros épique pouvait aussi bien être une héroïne.

Avec Kristine de Suède, Françoise brosse une figure historique à la hauteur de son intention. Amie et correpondante des plus grandes figures intellectuelles et scientifiques de son siècle, cheville ouvrière du traité de Westaphalie, aventureuse et batailleuse, diplomate et pacificatrice, la Reine Kristine fut sans conteste l’un des plus importants personnages de l’Europe de son époque. (Vincent)

1979 : On vous appelait terroristes

Yverdon, Kesselring, 389 pages.

Livre entamé suite à la mort d’Ulrike Meinhof en prison, On vous appelait terroristes propose une biographie partielle, romancée et polyphonique, des protagonistes de la Fraction Armée Rouge allemande. Chaque chapitre se concentre sur l’expérience que chacun d’entre eux fait (à la mort de Katrina, Ulrike Meinhof) à propos du mouvement, de sa création et des premiers attentats. C’est l’engrenage fatal de la contre-violence qu’y met en scène Françoise d’Eaubonne. Elle montre comment ces jeunes personnes, militants proches de la non-violence au début du roman, arrivent progressivement à la conviction qu’une violence armée est le seul recours efficace qui leur reste pour lutter contre les crimes d’État.

On vous appelait terroristes est un titre dénonciateur : les « guerillos urbains » ne sont pas, selon d’Eaubonne, des « terroristes », mais des militants de la « contre-violence ». (Aurore)

1980-1995, Je ne suis pas née pour mourir

1980 : Histoire de la galanterie – tome IV Au temps des mignons du Roi

Genève, Famot.

Ouvrage très certainement collectif, et travail alimentaire pour Françoise. Le titre fait référence à l’époque d’Henri III, où le terme “mignon” prend définitivement la connotation péjorative que nous lui connaissons encore. Connotation qui n’existait pas auparavant, ce mot, minion, signifiant “fidèle”, “serviteur”. Ainsi, les Jésuites furent un temps très sérieusement nommés “mignons de Jésus-Christ”.

Ce sont les critiques, tant des huguenots que des membres de la Ligue, sur les frasques et les excès des redoutables spadassins qui entouraient le jeune roi qui lui donnèrent ce sens dépréciatif. Et dans la mesure où ces critiques les jugeaient efféminés et les soupçonnaient d’homosexualité (ce qui, à l’époque, pouvait valoir le bûcher si l’on n’était pas assez haut placé), il serait intéressant de voir comment Françoise avait abordé la question de la “galanterie”. (Vincent)

1980 : L’Indicateur du réseau

Paris, Encre, 350 pages.

Troisième volume des mémoires de Françoise d’Eaubonne, L’Indicateur du réseau retrace des événements importants de sa vie à partir des noms de lieux dans lesquels ils se sont déroulés : avec humour, elle parle d’un « bilan topographique ». Le récit avance au fil, alphabétique, des noms de gares, et on la croise ainsi successivement à différents âges de sa vie : son enfance, sa famille, ses proches, la guerre, ses premières relations – plus que ratées – avec des hommes, ses livres, son écriture, ses combats. On y lit combien l’écriture est, pour elle, une arme de résistance.

Ce texte n’a jusqu’à présent jamais été publié dans son intégralité. Dans la partie toujours inédite (déposée à l’IMEC), Françoise, soulignant sa « ferveur pour cette contre-littérature qu’est la Science-Fiction », précisait que la SF, « comme tout ce qui est contre, rajeunit et rafraîchit l’ancienne forme, et c’est pourquoi je choisis ici le nom de contre-mémoires ». (Aurore et Alain)

1982 : Je ne suis pas née pour mourir

Paris, Denoël/Gonthier, 286 pages

Ce roman de 1982 conte l’histoire d’une Amazone, Thécla, qui, après avoir bu certaine potion, traverse les temps et croise de grands moments de l’Histoire. Pour la première fois, le mythe de l’immortalité est incarné par une femme. Ce prodigieux roman d’aventures nous amène à la rencontre d’Alexandre le Grand, à la découverte de l’Amérique par les Vikings, aux formidables machines conçues par Leonard de Vinci, à la guerre de Vendée,… jusqu’au nazisme puis à Mai-68.

(4ème de couverture)

1983 : À la limite des ténèbres

Paris, Encre, 278 pages.

« Je suis un assassin. Plus qu’un assassin : un démon, un animal féroce, un être qui ne tire sa vie que du sang des autres, comme les vampires… J’ai tué vingt-sept personnes, pour la plupart des femmes ; toujours dans les ténèbres, à la tombée de la nuit. » C’est ainsi que s’exprime le héros maudit d’un des plus incroyables faits divers des annales du crime.

Françoise d’Eaubonne s’est attachée à peindre la tragédie intime de ce personnage schizophrénique, l’évolution entre génie et démence des forces sombres du désordre mental. Il finira par épuiser sa propre violence et devenir, amèrement, le spectateur de son délire.

(4ème de couverture)

1983 : L’Amazone sombre, vie d’Antoinette Lix

Paris, Encre, 309 pages.

Fille d’un aubergiste alsacien ancien grenader napoléonien, Antoinette Lix (1839-1909) reçu une éducation peu conventionnelle, faite d’équitation et de maniement d’armes. Elle participab à l’insurrection polonaise contre l’occupant russepuis rentré en France tenta en vain d’intégrer l’armée régulière, à une époque où il n’était pas question pour une femme d’intégrer les armées en combatante. Elle rejoint donc les Corps-Francs de Lamarche ou elle s’illustre à la tête de ses hommes dans la défense des Vosges contre les allemands durant la guerre de 1870. En reconnaissance de son engagement et de ses faits d’armes, elle reçut une Epée d’Honneur aujourd’hui visible au Musée des Armées.

Un destin extraordinaire à la mesure de la plume de Françoise et de son sens de l’éppopée.

1985 : Louise Michel la Canaque

Paris, Encre, 238 pages.

1873. Louise Michel, condamnée à la déportation, arrive en Nouvelle Calédonie où elle restera sept ans. Dans cette île qui n’est pas encore conquise militairement, sa force d’âme lui permettra de trouver de grandes joies dans la nature luxuriante et surtout auprès du peuple Kanak, qu’elle sera seule à soutenir en 1878 quand les anciens communards se ligueront avec les geôliers pour une entreprise d’extermination. Louise, sous la plume de Françoise, retrouve une vie à la hauteur de la femme exceptionnelle qu’elle fut. (Vincent)

1986 : Une femme nommée Castor – Mon amie Simone de Beauvoir

Paris, Encre, 366 pages.

Bouleversée par la disparition de Simone de Beauvoir en 1986, Françoise a tenu, dans cet ouvrage, à nous présenter celle dont Le Deuxième Sexe l’avait tant marquée. Sont abordés avec délicatesse l’amitié qui les a unies, l’œuvre littéraire de Beauvoir et son rapport intime à Sartre, ainsi que les quelques désaccords théoriques que les deux autrices ont pu avoir. (Alain)

De L’Indicateur du réseau, partie encore inédite :

C’est au cours de la période mouvementée des divers mouvements “paix en Algérie” (…) que j’entre, pour la première fois, chez Simone de Beauvoir. Je connais et fréquente depuis 1947 l’auteur du Deuxième Sexe, mais je l’ai perdue de vue assez longtemps ; elle racontera nos retrouvailles dans La Force de l’âge.

1988 : Les Grandes Aventurières

Paris, Vernal/Philippe Lebaud, 234 pages.

Longtemps, le terme d’ “aventurières” fut réservé à celles que l’on appelait les demi-mondaines, c’est-à-dire celles qui, considérant que le mariage est un commerce de gros, choisissaient le commerce de détail pour échapper à un destin de soumission et de reproduction et conquérir la maîtrise de leur destin.

Ce n’est pas de ce type d’aventurières dont il sera question ici. Françoise nous livre une dizaine de portraits de femmes qui, ferraillant et bataillant tant sur terre que sur mer, se forgèrent un nom et un destin politique ou militaire. D’autres encore, un destin spirituel. Certaines avaient fait l’objet de livres à part entière dans l’œuvre de Françoise, comme Isabelle Eberhardt (La Couronne de sable), Antoinette Lix (L’Amazone sombre).

1990 : Le Scandale d’une disparition – Vie et œuvre du pasteur Doucé

Paris, Libre Arbitre, 116 pages.

Préface de Gilles Perrault.

Protestant baptiste, le pasteur Doucé avait fondé, en 1976, le Centre du Christ Libérateur (CCL) à Paris, un espace d’accueil et de parole pour les croyants des minorités sexuelles et de genre. Après la disparition mystérieuse du pasteur en juillet 1990, Françoise participa avec Gilles Perrault à la création d’un Comité pour exiger la vérité sur cette affaire. Le pasteur sera retrouvé assassiné quelques mois plus tard. (Alain)

1990 : Les Scandaleuses

Paris, Vernal/Philippe Lebaud, 234 pages.

Collection Mémoires d’autres. Note en attente de rédaction.

1992 : Toutes les sirènes sont mortes

Paris, Editions de Magrie, 208 pages.

Collection les Nuées Volantes.

Françoise nous livre là un roman épuré, profond et sensible. Dans une localité perdue de Bretagne, une écrivaine cherche à échapper à ses démons, mais une enquêtrice bien innocente, plus ou moins manipulée par son patron, vient bouleverser ses cauchemars. « Puissant, émouvant, d’une sensibilité rare » (lettre de Gilles Perrault à Françoise). (Alain)

1996-2004, Les feux du crépuscule

1997 : Féminin et philosophie

Paris, l’Harmattan, 105 pages.

En juillet 1994, Françoise écrivait dans une lettre à Alain Lezongar ces quelques lignes à propos du travail qu’elle venait d’entreprendre et qui sera édité trois ans plus tard sous le titre Féminin et philosophie.

« J’ai sérieusement avancé “Femme et philosophie” grâce au livre que tu m’as envoyé [Haine de la philosophie, Denys Mascolo]. Mon dessein qui se précise peu à peu rejoint le constat de Levinas, un des plus grands philosophes du XXe siècle : la philosophie est “atteinte depuis l’enfance d’une horreur de l’Autre”, ce qui l’a conduite au discours du Même ; tandis que se déploient tous les racismes, “l’Autre, par excellence, c’est le féminin”. Voilà qui conforte mon point de vue ! Il a fallu que la nature implante chez le masculin un désir forcené de jouir et de se prolonger pour garder l’espèce mâle d’une homosexualité exclusive confortée par le sexocide – le massacre des femmes qui reparaît de siècle en siècle : chasse aux sorcières, lapidations intégristes, sans compter les “serial killers”. Je suis dans la foulée des Bergères de l’Apocalypse. Faute de pouvoir tuer les femmes, le patriarcat a nié, refoulé, occulté “la” femme et détruit autant que possible la trace de ses œuvres (“le conflit sexuel”). Il a traqué le féminin jusqu’en lui-même, en persécutant l’homosexualité qui est le plus ancien et le plus enraciné de ses désirs – qui, du patriarcat, ferait un “Männerbund” stérile, danger toujours renaissant lui aussi. »

1997 : La Liseuse et la Lyre

Paris, Les Belles Lettres, 192 pages.

Dans cet essai intime, Françoise revient sur sa passion des mots. Non pas par nombrilisme, comme le dit fort justement René de Ceccatty dans une critique littéraire du Monde en 1997, mais pour nous rappeler le mot de Danièlle Sallenave : “Le livre ne remplace rien, mais rien ne remplace le livre”.

La Liseuse et la Lyre est un essai magnifique où Françoise, là encore, touche à l’universel. Mais sur un ton détaché et presque serein que nous lui connaissions peu, nous rappelant combien sa palette était large. (Vincent)

L’analogie de cette passion trop abstraite avec l’envoûtement de la drogue a inspiré à un auteur de l’entre-deux guerres une dénonciation sous ce titre : “Ce vice impuni, la lecture”. Par quoi put-il faire cette mise en garde ? Par un écrit.

1999 : Le Sexocide des sorcières

Paris, L’Esprit Frappeur, 156 pages.

Dans cet ouvrage, Françoise retrace l’obsession masculine, depuis la destruction des cultures matrocentristes, de faire disparaître le féminin. « C’est bien en Occident chrétien, futur créateur de ‘l’État de droit’, que c’est manifesté le plus tôt et le plus spectaculairement ce rêve de sexocide par le bûcher des sorcières. (…) Ce fut en 1484 que la bulle d’Innocent VIII lança l’initiative d’une extermination qui devait dépeupler l’Europe d’une partie du ‘deuxième sexe’ pendant deux cents ans. » Et l’Église, pour qui toute femme est une sorcière en puissance, bientôt livrera « à la torche du bourreau les milliers de femmes dont elle invente la culpabilité ». (Alain)

2001 : Mémoires irréductibles – De l’entre-deux guerres à l’an 2000

Paris, Dagorno, 1135 pages.

Tout un siècle (ou presque) ! Ce volumineux recueil regroupe les différents tomes de mémoires de Françoise d’Eaubonne déjà publiés à différents moments de sa vie : Chienne de jeunesse (pour la période de 1930 à 1945), Les Monstres de l’été (de 1945 à 1965), L’Indicateur du réseau (qui balaye différentes époques jusqu’en 1978), ainsi qu’un tome édité ici pour la première fois, Les Feux du crépuscule (où l’autrice, approchant de la fin de sa vie, se tourne une ultime fois sur son XXe siècle).

Un ou deux autres manuscrits autobiographiques n’ont, jusqu’à présent, jamais fait l’objet d’une édition. (Alain)

2003 : L’Évangile selon Véronique

Paris, Albin Michel, 168 pages.

Le véritable titre de ce roman est “L’Évangile selon Véronique” et non “L’Évangile de Véronique” comme porté par erreur sur la couverture de l’ouvrage.

Note en attente de rédaction.

Bibliographie par thèmes

À peu près tous les genres littéraires..

Philosophie et politique

1951 : Le Complexe de Diane ; érotisme ou féminisme

Paris, Julliard, 301 pages.

En réplique aux critiques masculines et conservatrices portées contre Le Deuxième Sexe de Simone de Beauvoir, Françoise d’Eaubonne, jeune romancière à succès, répond par ce livre écrit en quelques semaines et publié tambour battant par Julliard en 1951.

Dans ce texte, Françoise monte au front avec cette fougue qui lui a déjà valu l’ire de Françoise Mauriac avec qui elle ferraille. Elle s’en prend à tous les conservatismes s’exprimant sur la place des femmes (ou plutôt de “la femme” comme ils disent) dans la société. Et en la jouant fine : la psychanalyse et le communisme règnent en maître sur la vie intellectuelle de gauche de l’époque. (Vincent)

1970 : Éros minoritaire

Paris, André Balland, 323 pages.

Dans cet ouvrage précurseur, Françoise d’Eaubonne affirme que l’homosexualité, cet « Éros minoritaire » comme elle la qualifie, a existé de tout temps et sous toutes les latitudes. Comme l’hétérosexualité, elle est une des deux branches principales de l’Éros. Comment se fait-il alors qu’elle ait été tenue pour perversion, maladie, anormalité, voire crime, selon les cultures et les siècles, après avoir été honorée dans le monde antique ? (Alain)

1972 : Le Féminisme, histoire et actualité

Paris, Alain Moreau, 400 pages.

Cet ouvrage est un très dense essai sur l’histoire du féminisme, de l’Antiquité aux débuts des Mouvements de Libération des Femmes états-unien et français. Françoise d’Eaubonne y analyse ces « faits historiques primordaux » que sont « le phallocratisme, le sexisme, puis le féminisme ». En s’appuyant sur une très grande diversité de références (psychanalytiques, anthropologiques, historiques, littéraires…), elle analyse à la fois comment s’est élaborée et maintenue la discrimination sexiste à travers les siècles et les pays, et combien les femmes ont toujours tenté de s’insurger contre elle – bien que leurs révoltes aient été étouffées par différents moyens. Au passage, Françoise d’Eaubonne expose l’ampleur du travail opéré par les prédécesseuses, en retraçant l’histoire culturelle du féminisme occidental – surtout, mais pas seulement, centré sur le cas français –, en proposant extraits de discours ou d’œuvres, en les commentant. C’est un ouvrage qui raconte l’histoire des révolutions féministes, de ses échecs et étranglements successifs à l’avènement du MLF. (Aurore)

1972 : Le Fléau social n° 2

Journal du FHAR, le Front Homosexuel d’Action Révolutionnaire, que Françoise a cofondé. Plusieurs autrrices et auteurs.

Note en attente de rédaction.

1974 : La Drogue

F. d’Eaubonne, Claude-Paul PAJARD et Paul ULRICH. Genève, Famot, 247 pages.

Contribution de Françoise : Histoire et origine de la drogue.

1974 : Le Féminisme ou la Mort

Paris, Pierre Horay Éditeur, coll. Femmes en mouvement n°2, 374 pages.

Note en attente de rédaction.

réédité sous :
Le Féminisme ou la Mort. Paris, le Passager clandestin, 2021, 332 pages.

1977 : Lettre ouverte au docteur Hutter, médecin-directeur à l’hôpital-prison de Wittlich (RFA)

Gérard Hof et Françoise d’Eaubonne, inéditions barbares.

En 1976, après avoir été témoin au mariage de Françoise avec Pierre Sanna (détenu à la prison de la Santé à Paris), Gérard Hof, le compagnon de Françoise, emprisonné à l’hôpital-prison de Wittlich (RFA), doit résister aux méthodes particulières appliquées par le docteur Hutter : torture blanche expérimentale, obligation sensorielle, tentative de déstructuration de la personnalité… Sorti de prison, Gérard Hof écrira et publiera ce témoignage accusateur dont Françoise rédigera la préface. (Alain)

1978 : Contre-violence ou la Résistance à l’État

Paris, Éditions tierce,  96 pages.

Contre-violence est un ouvrage hétéroclite et très rythmé qui associe poèmes, textes politiques, articles parus dans des revues féministes, lettres ouvertes, collages de journaux, tracts… Dans cet essai, Françoise d’Eaubonne refuse de condamner a priori l’usage de la violence pour des raisons morales, ce qui lui permet de penser le large spectre de la violence et de ses conséquences, sans dogmatisme.

Elle n’aboutit pas à une position de compromis, fidèle à elle-même, mais plaide pour le respect mutuel des tactiques et des choix stratégiques. Elle qui a éprouvé et mis en action des actes de contre-violence et qui en connaît le coût est ici animée par un souci éthique de l’usage de la violence. Favorable à une contre-violence qui ne s’en prend pas aux vivants, elle est aussi vigilante à la violence contenue, afin que cette violence ne se transforme jamais en vengeance, défoulement individuel, jouissance et in fineen prise de pouvoir ; afin que « le pouvoir aux femmes devienne le non-pouvoir », toujours au service de la diversité et du multiple. (Pauline)

1978 : Écologie/Féminisme – Révolution ou mutation ?

Paris, A.T.P., 224 pages. 

Écologie/féminisme : révolution ou mutation ? reprend les principales thèses éco-féministes que Françoise d’Eaubonne développe depuis le début des années 1970, pour les porter à un point d’incandescence dans cet ouvrage au ton largement prophétique et apocalyptique. Elle y expose sa conviction qu’il est inutile de continuer à penser l’avenir à l’aune d’analyses politiques érodées : l’imaginaire révolutionnaire a montré ses failles, de l’histoire de la Révolution française à celle des socialismes. Depuis 1972, elle affirme qu’il faut passer à un imaginaire mutationnel : tout doit changer. Parce que le patriarcat est, selon elle, la première cause historique de tous les dysfonctionnements sociaux et environnementaux, parce que l’idéologie « masculine » est une idéologie exploitatrice et dévastatrice, le féminisme et la lutte écologiste sont les derniers remparts contre l’apocalypse environnementale qui se prépare. (Aurore)

réédité sous :
– D’EAUBONNE, Françoise. Écologie et Féminisme : révolution ou mutation ?. Libre & Solidaire, mai 2018, 236 pages.

1990 : Le Scandale d’une disparition – Vie et œuvre du pasteur Doucé

Paris, Libre Arbitre, 116 pages.

Préface de Gilles Perrault.

Protestant baptiste, le pasteur Doucé avait fondé, en 1976, le Centre du Christ Libérateur (CCL) à Paris, un espace d’accueil et de parole pour les croyants des minorités sexuelles et de genre. Après la disparition mystérieuse du pasteur en juillet 1990, Françoise participa avec Gilles Perrault à la création d’un Comité pour exiger la vérité sur cette affaire. Le pasteur sera retrouvé assassiné quelques mois plus tard. (Alain)

1997 : Féminin et philosophie

Paris, l’Harmattan, 105 pages.

En juillet 1994, Françoise écrivait dans une lettre à Alain Lezongar ces quelques lignes à propos du travail qu’elle venait d’entreprendre et qui sera édité trois ans plus tard sous le titre Féminin et philosophie.

« J’ai sérieusement avancé “Femme et philosophie” grâce au livre que tu m’as envoyé [Haine de la philosophie, Denys Mascolo]. Mon dessein qui se précise peu à peu rejoint le constat de Levinas, un des plus grands philosophes du XXe siècle : la philosophie est “atteinte depuis l’enfance d’une horreur de l’Autre”, ce qui l’a conduite au discours du Même ; tandis que se déploient tous les racismes, “l’Autre, par excellence, c’est le féminin”. Voilà qui conforte mon point de vue ! Il a fallu que la nature implante chez le masculin un désir forcené de jouir et de se prolonger pour garder l’espèce mâle d’une homosexualité exclusive confortée par le sexocide – le massacre des femmes qui reparaît de siècle en siècle : chasse aux sorcières, lapidations intégristes, sans compter les “serial killers”. Je suis dans la foulée des Bergères de l’Apocalypse. Faute de pouvoir tuer les femmes, le patriarcat a nié, refoulé, occulté “la” femme et détruit autant que possible la trace de ses œuvres (“le conflit sexuel”). Il a traqué le féminin jusqu’en lui-même, en persécutant l’homosexualité qui est le plus ancien et le plus enraciné de ses désirs – qui, du patriarcat, ferait un “Männerbund” stérile, danger toujours renaissant lui aussi. »

2018 : Écologie et Féminisme – Révolution ou mutation ?

Paris, Libre et Solidaire, 233 pages.

Dans ce livre initialement paru en 1978 et faisant suite à Le Féminisme ou la Mort, Françoise théorise sa vision de ce qui deviendra un courant majeur de l’écoféminisme.

Cette édition est enrichie d’une préface de Serge Latouche, qui lui rend justice pour sa place de pionnière notamment de la décroissance, et d’une postface de Caroline Golblum, qui nous rappelle quelle femme visionnaire Françoise fut et quelle place elle a tenu dans la vie intellectuelle durant une bonne partie du siècle précédent.

Cette édition n’aura que brièvement existé, l’éditeur s’étant montré rapidement défaillant.

(Vincent)

2020 : Le Féminisme ou la Mort

Paris, Le passager Clandestin, 331 pages.

Initialement paru en 1974, ce livre fondateur ouvre de nouvelles perspectives pour les luttes écologistes et féministes, dont Françoise nous dit qu’elles sont appelées à se rejoindre dans le combat contre le patriarcat qui, dans un même mouvement, soumet les femmes et détruit la planète.

Dans ce livre au titre clin d’œil à celui de René Dumont L’Utopie ou la Mort, Françoise annonce ce qui est aujourd’hui une réalité : la destruction du monde par le productivisme et le pouvoir. Le capital, aujourd’hui néolibéral, n’est que le dernier avatar d’un système multimillénaire, dont elle détaillera sa vision historique dans Les Femmes avant le patriarcatt.

2021 : Le Complexe de Diane

Paris, Julliard, 395 pages.

Plaidant pour une approche qui permettrait de concilier “à la fois le rationnel et l’irrationnel, l’intellect et l’instinct”, Françoise ouvre la voie à une démarche de la complétude où les hiérarchies seraient enfin abolies, pour le bien de l’humanité, et où le plaisir, y compris sexuel, serait honoré pleinement. Et c’est dans la richesse et la profondeur de cette pensée encore en gestation que s’éclaire cet horizon inattendu qu’on appellera l’écoféminisme. (Élise)

2023 : Contre-violence ou la résistance à l’État

Paris, Éditions Cambourakis, préface Isabelle Cambourakis, 268 pages.

Publié en 1978 dans une maison d’édition féministe, le livre rassemble divers écrits et poèmes de d’Eaubonne rédigés à partir de 1975 en réaction à certains évènements, dont la mort en prison de la militante de la Rote Armee Fraktion (RAF) Ulrike Meinhof en mai 1976 et celle de quatre de ses camarades en octobre 1977. Une partie de ces textes ont été écrits à vif, certains ont été retravaillés plusieurs fois avant publication. La lecture de cet ouvrage pose la question des évolutions et ajustements de l’engagement de d’Eaubonne au fil du temps. (Isabelle Cambourakis, 2022)

Ce livre est une réflexion urgente sur le Pouvoir et sur la Violence. Françoise d’Eaubonne a une façon unique de tirer à boulets rouges sur ceux qui, emprisonnant ainsi toutes réflexions, amalgament la Contre-violence avec la Violence. Démontant avec brio l’hypocrisie de notre société : « La non-violence est l’hommage qu’un monde violent rend à l’idée d’une société sans violence » ! Poursuivant sa réflexion, elle s’attaque à la source : LE pouvoir. Elle pointe la nécessité de LE détruire et de reprendre NOS pouvoirs, celui que chacun peut exercer sans limite.

Enfin elle fait mouche avec son coup d’estoc final, quand elle lance au futur : un jour ce sera la « Mutinerie des femmes contre la Société de Pouvoir ».” (Manon Soavi)

2023 : Écologie/Féminisme – Révolution ou mutation ?

Paris, Le Passager Clandestin, préface Geneviève Pruvost, 349 pages.

Depuis la publication du Féminisme ou la mort en 74 et la parution de sa recherche érudite Les Femmes avant le patriarcat, en 76, Françoise d’Eaubonne a complexifié sa vision de l’écoféminisme.

À contre-courant du féminisme réformiste, qu’elle qualifie de féminisme-de-maman, mais aussi du féminisme marxiste, d’Eaubonne ajoute deux dimensions à l’analyse de l’exploitation (la nature et les pays du Sud) : se libérer, en tant que femme, sur le dos de la planète et des petites mains subordonnées n’est pas un horizon émancipateur. Comment oublier qu’en bout de chaîne se trouvent des femmes courbées dans des champs à l’autre bout du monde ? (Geneviève Pruvost, 2022)

2024 : Le Féminisme ou la Mort (poche)

Paris, Le Passager Clandestin,  édition de poche,  5 avril 2024

Cette réédition de poche du titre paru en 2020 chez les mêmes éditrices arrive un mois avant un autre indispensable, Écoféminisme politique d’Ariel Saleh, qui se situe dans sa prolongation.

Initialement paru en 1974, ce livre fondateur ouvre de nouvelles perspectives pour les luttes écologistes et féministes, dont Françoise nous dit qu’elles sont appelées à se rejoindre dans le combat contre le patriarcat qui, dans un même mouvement, soumet les femmes et détruit la planète.

2025 : Histoire de l’art et lutte des sexes (à paraître)

Paris, Les Presses du Réel, 1er semestre 2025 

introduction et commentaires Fabienne Plume. Françoise, qui a passé quelques mois aux Beaux-Arts à l’orée de la Seconde Guerre mondiale, a conservé toute sa vie un goût pour l’expression picturale, qui fut même son jardin secret. Fabienne Plume, enseignante et critique d’art féministe, s’est saisi avec enthousiasme de ce livre qui propose une réflexion sur les femmes d’autant plus présentes dans la peinture qu’elles sont absentes comme créatrices, soutenue par des présentations et analyses d’œuvres.

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Essais littéraires

1943 : Littérature n° 2

Paris, Julliard, collection Sequana, (190 pages ?)

Textes et poèmes de : Robert Antelme, Gabriel Audisio, Jean Baudry, Pierre Béarn, André Berry, Claude Boncompain, Louise Bresson, Jeanne de Castro, Jean-Louis Curtis, Max Dietlin, Maurice Druon, Raymond Dumay, Françoise d’Eaubonne, Paul Gadenne, Kléber Haedens, Simone Jouglas, René Laporte, Jean Larcena, Henri Laville, René Lefèvre, Fernand Lequenne, Jean Loisy, Jean Massin, Jacques Mauchamp, Jean Merrien, P. van der Meulen, Raymonde Michaud, Robert Morel, Georges Neveux, Albert Ollivier, Jean Proal, C.-A. Puget, Silvio Ray, Alice Rivaz, Pierre-Maurice Richard, Henri Rode, Jean Rougeul, Claude Roy, René Tavernier, Maurice Toesca, Anne de Tourville, Claire Vallier, Nicole Vedrès.

1962 : Les Plus Belles Lettres de Flaubert

Paris, Calmann-Lévy, 1962, 158 pages.

Françoise voyait dans Flaubert le premier des écrivains bourgeois (disposant de temps et d’argent) à avoir introduit ce qu’elle considère comme la valeur cardinale de sa classe en littérature : l’investissement dans la durée (time is money).

Si elle n’oublie pas sa misogynie et les pages atroces qu’il a commises contre la Commune de Paris vaincue, elle lui reconnaît le mérite d’avoir consacré son temps à tenter de s’arracher à la pensée médiocre de son époque et de sa classe (qu’il y soit parvenu est une autre histoire, ndlr), et elle le distingue de ses contemporains en ce qu’il était en refus épidermique du monde (contrairement à Sand, Balzac, Stendhal…).

Françoise, flaubertienne ? Certainement pas. Mais elle lui reconnaît des mérites littéraires et le considère comme un intéressant cas d’école. (Vincent)

1986 : Une femme nommée Castor – Mon amie Simone de Beauvoir

Paris, Encre, 366 pages.

Bouleversée par la disparition de Simone de Beauvoir en 1986, Françoise a tenu, dans cet ouvrage, à nous présenter celle dont Le Deuxième Sexe l’avait tant marquée. Sont abordés avec délicatesse l’amitié qui les a unies, l’œuvre littéraire de Beauvoir et son rapport intime à Sartre, ainsi que les quelques désaccords théoriques que les deux autrices ont pu avoir. (Alain)

De L’Indicateur du réseau, partie encore inédite :

C’est au cours de la période mouvementée des divers mouvements “paix en Algérie” (…) que j’entre, pour la première fois, chez Simone de Beauvoir. Je connais et fréquente depuis 1947 l’auteur du Deuxième Sexe, mais je l’ai perdue de vue assez longtemps ; elle racontera nos retrouvailles dans La Force de l’âge.

1997 : La Liseuse et la Lyre

Paris, Les Belles Lettres, 192 pages.

Dans cet essai intime, Françoise revient sur sa passion des mots. Non pas par nombrilisme, comme le dit fort justement René de Ceccatty dans une critique littéraire du Monde en 1997, mais pour nous rappeler le mot de Danièlle Sallenave : “Le livre ne remplace rien, mais rien ne remplace le livre”.

La Liseuse et la Lyre est un essai magnifique où Françoise, là encore, touche à l’universel. Mais sur un ton détaché et presque serein que nous lui connaissions peu, nous rappelant combien sa palette était large. (Vincent)

L’analogie de cette passion trop abstraite avec l’envoûtement de la drogue a inspiré à un auteur de l’entre-deux guerres une dénonciation sous ce titre : “Ce vice impuni, la lecture”. Par quoi put-il faire cette mise en garde ? Par un écrit.

Romans historiques

1947 : Comme un vol de gerfauts

Éditions Julliard, coll. Sequana, 526 pages.

Prix des Lecteurs 1947, ce roman fleuve annonce des thèmes et formes chères à Françoise que l’on retrouvera tout au long de son œuvre romanesque. La mer, sa flibuste et ses naufrages (à sa demande, les cendres de Françoise seront dispersées par un voilier au large du Morbihan), et surtout le roman historique transformé en récit psychologique, car il lui semblait que cette forme était “plus accessible à notre sensibilité moderne”, comme elle le dit dans l’introduction. D’où notre sentiment, selon Élise Thiébaut, “de vivre les aventures de l’intérieur”, renforcé par de saisissantes descriptions très picturales. (Vincent)

1949 : Indomptable Murcie

René Julliard, coll. Sequana, 559 pages.

Si ce livre est dédié à l’âme de son père, c’est bien ses racines espagnoles que Françoise évoque à travers l’histoire de cette femme, dépossédée parce que rebelle, qui ira, à la tête de sa Cuadrilla, se faire tuer par les français devant Saragosse en 1816 pendant la guerre d’occupation napoléonnienne.

Dans ce roman d’amour, de bruit et de fureur, la partie “Sangre y Fuego” faisant la moitié des 550 pages, Françoise perfectionne son art de la description saisissante qui nous transporte au cœur de l’action, décrite avec une minutie picturale.

1957 : Belle humeur ou la véridique histoire de Mandrin

Paris, Le livre contemporain – Amiot-Dumond, coll. Visages de l’aventure, 202 pages.

La Ferme Générale (1680 – 1794) était un corps de financiers et d’actionnaires qui, ayant acheté au Roi la charge, collectait les divers impôts en vigueur avec droit d’en garder la moitié. Inutile de dire que les Fermiers y mettaient le zèle nécessaire, et que d’infinis abus furent commis : nous avons là l’ancêtre des maffias et trust internationaux, selon le côté de la loi où ils se trouvent.

C’est contre ce système et ses hommes que le bandit de grand chemin Mandrin, Robin-des-bois français, s’éleva jusqu’à finir roué vif en place publique à Valence au tournant des années 1750.  Il resta longtemps dans la mémoire populaire, on trouve encore des enregistrements de chansons qui célèbrent ses exploits.

Un personnage, donc, à la mesure de la plume picaresque d’une Françoise dans la trentaine, qui étanche à l’écriture de son histoire une soif de justice et un goût certain pour l’épopée.

1958 : Fort des Femmes

Paris, le Livre contemporain.

Mac Orlan disait de Françoise : “Son style est si coloré qu’il faut lire ses livres avec des lunettes de soleil”. Qu’aurait-il dit des Bergères de l’Apocalypse préfiguré par ce livre ? Car c’est bien d’un combat de femmes les armes à la main qu’il s’agit : une troupe de pauvres émigrées mendiantes, prostituées et voleuses qui se rencontrent dans le fond de cale du bateau sur lequel elles fuient la misère pour bâtir un avenir meilleur dans les Amériques au début du XIXe siècle. Et ce ne sont pas les titres de chapitres sarcastiques comme La joie d’être mère ou Le repos du guerrier qui nous feront douter des intentions de l’autrice. (Vincent)

1982 : Je ne suis pas née pour mourir

Paris, Denoël/Gonthier, 286 pages

Ce roman de 1982 conte l’histoire d’une Amazone, Thécla, qui, après avoir bu certaine potion, traverse les temps et croise de grands moments de l’Histoire. Pour la première fois, le mythe de l’immortalité est incarné par une femme. Ce prodigieux roman d’aventures nous amène à la rencontre d’Alexandre le Grand, à la découverte de l’Amérique par les Vikings, aux formidables machines conçues par Leonard de Vinci, à la guerre de Vendée,… jusqu’au nazisme puis à Mai-68.

(4ème de couverture)

2003 : L’Évangile selon Véronique

Paris, Albin Michel, 168 pages.

Le véritable titre de ce roman est “L’Évangile selon Véronique” et non “L’Évangile de Véronique” comme porté par erreur sur la couverture de l’ouvrage.

Note en attente de rédaction.

Romans divers

1933 : Mireille, fille des montagnes

Ce roman, le tout premier de Françoise, publié en version raccourcie, est probablement définitivement perdu. Voici son histoire, fondatrice.

1932, les éditions Denoël et Stelle lancent un concours littéraire pour les moins de 13 ans. Il est demandé un minimum de 200 lignes pour se présenter sur la ligne de départ. Françoise a 12 ans, elle concourt avec un roman qui fait 225 pages. Le jury, un peu stupéfait, lance une enquête, interroge discrètement le curé de la paroisse : outre sa taille hors-norme, le texte contient des présupposés sur la vie amoureuse des personnages qu’il parait bien difficile d’attribuer à la plume d’une enfant. Vérifications faites, Françoise remporte le concours.

Elle n’en était pas à son coup d’essai, ayant achevé un premier roman de 50 pages à ses 10 ans, quelques actes de drames cornéliens et nombre de poèmes, car dans son enfance elle plaçait la poésie au-dessus de tout. Si Dostoïevski, Zola et tant d’autres brillèrent fort tôt et fort vivement à son firmament, c’est définitivement Rimbaud “dont je sus rapidement par cœur toute l’œuvre en vers” qui restera pour elle l’Indépassable : elle lui consacrera trois livres.

L’enfant ne passe pas inaperçue. Colette, qui a fait publier deux poèmes de ses neuf ans, lui fait savoir que son destin est là : elle sera écrivaine, il faut qu’elle le soit. Cette rencontre a tant bouleversé Françoise que sa Déesse l’intimidera toute sa vie au point de ne pas oser (Françoise, ne pas oser !) la contacter de peur de faire perdre de précieux moments à son génie. De mémoire, il me semble qu’elles ne se recroiseront qu’une seule fois.

Françoise d’Eaubonne est née aux lettres en 1933. (Vincent)

1952 : Ivelle

Julliard, 272 pages.

Ivelle, c’est l’histoire d’une jeune fille d’aujourd’hui. Âme ardente, inquiète, assoiffée de justice… Elle croit découvrir une sorte de surhomme en Yvon, lequel s’imagine fondateur d’une philosophie nouvelle… Elle le suit à Paris dans les milieux de Saint-Germain-des-Prés… Elle se trouvera bientôt mêlée, avec son maître, à une retentissante affaire de meurtre. (extraits de la 4ème de couverture)

Hors l’histoire de meurtre, il n’est pas besoin d’être Sherlock Homes pour supposer que ce roman s’appuie sur le parcours de Françoise : Yvon, ne serait-ce pas Jean-Charles Pichon, l’auteur d’obscures interprétations sur l’histoire des mythes ? (Vincent)

1953 : Atalante délivrée

Ouvrage probablement perdu, on ne peut que conjecturer de son contenu. Dans ce livre qui paraît deux ans après Le Complexe de Diane, il sera donc certainement question de l’héroïne grecque Atalante, éduquée par Artémis après avoir été abandonnée par son père. Elle est réputée avoir vécu dans la Grèce antique, refusant  initialement le mariage et se livrant à des exploits hors du commun. Elle fut l’unique femme à faire partie des Argonautes pour aller conquérir la Toison d’Or aux côtés de Jason.

On retrouve donc l’Atalante qui ne put être dépassée à la course que par une tromperie d’Hippomène évoquée dans Le Complexe de Diane, où  Françoise exprime son attachement à cette figure de femme libre. Il n’est pas étonnant qu’elle ait souhaité prolonger la relation. (Vincent)

1955 : Jours de chaleurs

Paris, Éditions de Paris, coll. série blonde, 249 pages.

L’Espagne, encore. Ce roman sentimental cache sous une apparente légèreté des souvenirs de jeunesse de Françoise : la guerre d’Espagne, la Campagne de France. L’héroïne du roman cache un secret, et une âme ardente qui n’est pas sans rapport avec celle de l’autrice. Les personnages secondaires sont probablement tirés du vivier des rencontres faites à la villa Les Pamplemousses de son enfance Toulousaine après la retirada, l’exode des républicain(e)s espagnol(e)s en 1939. (Vincent)

1957 : Les Amours de Roméo et Juliette

Paris, Édition Rombaldi, coll. Le club de la Femme.

Voici, le sujet s’y prête, un roman aux accents cyrannesques, qui vaut le coup pour ses descriptions minutieuses et colorées de Vérone au XVème siècle. Hormis cela, c’est un ouvrage alimentaire, écrit sans passion. Vivre de sa plume, sans soutien financier, position ou mari, peut nécessiter d’en passer par là. (Vincent)

1959 : J’irai cracher sur vos tombes

Éditions Seghers, Paris, 220 pages.

En 1946, paraît aux Éditions du Scorpion un livre signé Vernon Sullivan portant ce titre. Jugé scandaleux, il fait alors l’objet d’un procès intenté par  un Cartel d’action sociale et morale, ce qui révèle que son véritable auteur est Boris Vian. Il sera condamné à 15 jours de prison, vite amnistié, pour outrage aux bonnes mœurs. Le livre interdit, Boris Vian en tirera une pièce, puis un film, et c’est quelques jours avant sa mort qu’il donnera à Françoise l’autorisation d’écrire sous ce titre une nouvelle version de son roman dont le parfum de scandale et le goût de l’époque pour les thrillers américains en feront un succès littéraire. (Vincent)

1959 : Les Tricheurs

Paris, Éditions Seghers, 255 pages.

Novellisation du film de Marcel Carné avec Pascale Petit, Jacques Charier et Laurent Terzieff. Le livre est réédité chez L’Inter en 1970.

1971 : Drôle de meurtre

Sous le pseudo Nadine de Longueval.

Ce roman est vraiment très proche thématique et psychologiquement de The Yellow Wallpaper à plusieurs égards. La protagoniste, Judith, du livre, celle qui écrira le carnet retrouvé par sa fille dans les premiers chapitres, se fait utiliser par les hommes à leurs convenance, perd toute agentivité lorsqu’elle se marie à un homme qui n’a absolument aucun intérêt pour elle sauf pour sa fortune d’un million de dollars: pas de contacts affectifs, pas de loisirs, pas de bons mots, uniquement une protagoniste avec une belle-famille qui lui tombe sur les nerfs, son mari qui ne parle que de lui et de son roman qu’on devine ne sera jamais publié, qui l’interrompt tout le temps, ne la laisse jamais parler et la déconsidère à absolument toutes les occasions en l’humiliant par moment et se faisant servir par elle tout le temps.

Tout au long du livre, on la voit sombrer peu à peu dans la dépression et la folie, avec tous ses espoirs s’effondrer un par un. Il n’est pas étonnant alors que le regard de la société (et de sa fille avant de la connaître) la considère alors comme folle, vu qu’elle ne peut s’exprimer, ne peut être heureuse, et est agressée en continu par tout ce qui l’entoure n’ayant comme seul refuge un petit chien. 

 Dans le roman, d’Eaubonne s’attarde à expliquer ce qui se cacher derrière cette “folie” d’une femme vue à travers les yeux des autres qui peut enfin livrer son récit sans un regard extérieur ou un mari qui tente d’expliquer ses comportements. C’est une exploration psychologique extrêmement fine, qui nous amène dans le quotidien d’une femme privée de tout, mais surtout de reconnaissance de son existence, obligée de vivre pour les autres et même comme monnaie d’échange. Même si ça finit un peu en histoire d’amour hétéro (le genre de la collection oblige) juste avant le dernier chapitre, tout est crédible, finement décrit et justifié.

Le dernier paragraphe du livre est assez magnifique à mon avis puisqu’il marque la reprise du récit par sa fille, comme à la fois une manière d’inscrire le récit dans le sien, en héritage, mais aussi en souvenir, dans le but de réhabiliter, ressortir, faire exister l’histoire d’une femme sorti du regard et avec, finalement, une justice pour tous les torts qui lui ont été commis.

Nicolas Lontel

1983 : À la limite des ténèbres

Paris, Encre, 278 pages.

« Je suis un assassin. Plus qu’un assassin : un démon, un animal féroce, un être qui ne tire sa vie que du sang des autres, comme les vampires… J’ai tué vingt-sept personnes, pour la plupart des femmes ; toujours dans les ténèbres, à la tombée de la nuit. » C’est ainsi que s’exprime le héros maudit d’un des plus incroyables faits divers des annales du crime.

Françoise d’Eaubonne s’est attachée à peindre la tragédie intime de ce personnage schizophrénique, l’évolution entre génie et démence des forces sombres du désordre mental. Il finira par épuiser sa propre violence et devenir, amèrement, le spectateur de son délire.

(4ème de couverture)

1992 : Toutes les sirènes sont mortes

Paris, Editions de Magrie, 208 pages.

Collection les Nuées Volantes.

Françoise nous livre là un roman épuré, profond et sensible. Dans une localité perdue de Bretagne, une écrivaine cherche à échapper à ses démons, mais une enquêtrice bien innocente, plus ou moins manipulée par son patron, vient bouleverser ses cauchemars. « Puissant, émouvant, d’une sensibilité rare » (lettre de Gilles Perrault à Françoise). (Alain)

Science-fiction et mythes

1953 : Les Yeux du paradis

Toulouse, Julia, 28 pages.

Conte fantastique tiré d’un scénario de Jean Lakanal. Probablement perdu.

1954 : La Hollandaise volante

Diffusée par Radio-Lille.

Probablement perdu, donc nous ne pouvons que spéculer sur cette Hollandaise volante.

Le Hollandais volant est l’archétype des vaisseaux fantômes, en bonne place dans les contes et légendes que se transmettaient et se transmettent encore les gens de mer. Il représente le funeste présage à ne pas croiser sur sa route, car c’est un bateau dont l’équipage a été maudit et condamné à errer sur les flots pour l’éternité.

C’est donc très certainement un conte maritime que proposait Françoise, comme 4 ans plus tard Le Gabier de Surcouf. Notons que le Hollandais est devenue une Hollandaise, et qu’il y a fort à parier qu’elle en a fait une capitaine de vaisseau pirate ou corsaire ; il est même bien possible que l’équipage entier fut féminin. Malédiction pour les hommes qui croisaient leur route ! (Vincent)

1960 : Planète sans adieu

Paris, Arthème Fayard, 26 pages.

Pages 23 à 46 dans ouvrage collectif. Nouvelle de SF : un voyage dans le temps, une héroïne, et un amusant jeu d’imagination sur l’influence des glaciations dans le développement d’Homo.

Si le texte est sans grande conséquence, la patte de Françoise est bien là. Et cela a pu être pour elle un délassant jeu d’écriture, une récréation à ses travaux de fond de ces années-là. (Vincent)

1964 : Rêve de feu

Hachette, coll. le rayon fantastique n°124, 238 pages.

Note en attente de rédaction.

1975 : Le Satellite de l’Amande

Paris, des femmes, 253 pages.

Tous les hommes ont disparu. Entendez : tous les mâles. Dans ce roman, où elles se reproduisent par ectogénèse (un moyen de reproduction qui leur permet de se passer des hommes), les femmes, après avoir redonné vie à une Terre dévastée par la pollution, le Capital et le patriarcat, partent explorer une petite planète étrange, loin de notre système solaire. Cette expédition réservera bien des surprises aux lectrices et lecteurs de ce conte philosophique. “Passionné, impérieux. En fresques et en reliefs !” (Victoria Thérame). Le Satellite de l’Amande est le premier volet d’une saga qui sera poursuivie par Les Bergères de l’apocalypse ; la troisième partie de cette trilogie, restée inédite jusqu’à récemment, est sortie aux éditions Des Femmes–Antoinette Fouque en novembre 2022. (Alain)

2022 : Le Satellite de l’Amande

Paris, Des Femmes–Antoinette Fouque, 176 pages.

1975. J’ai 21 ans, je connais Françoise depuis plusieurs mois et nous sommes déjà devenus inséparables. Des Femmes publient Le Satellite de l’Amande, un roman de science-fiction dans un monde composé uniquement de femmes. Je suis emballé. L’exploration de la petite exoplanète, les questionnements philosophiques de la narratrice, la plume légère de l’autrice, tout charme ma tumultueuse jeunesse. 47 ans plus tard, les éditions Des Femmes rééditent cet ouvrage, et c’est donc avec un plaisir tout particulier que je repars à la découverte de cet univers d’Eaubonnesque. (Alain)

2022 : Les Bergères de l’Apocalypse

Paris, Des Femmes–Antoinette Fouque, 650 pages.

1978. Contrairement à beaucoup de lectrices et lecteurs bien plus lucides que moi, ce roman, à sa sortie, me passe au-dessus de la tête ; je m’attendais à quelque chose d’aussi charmant que Le Satellite de l’Amande et suis décontenancé. Avec ma lenteur d’esprit habituelle (pour reprendre une expression que Françoise avait employée avec fausse modestie envers elle-même), il m’aura fallu attendre 2022 et cette réédition par Des Femmes-Antoinette Fouque pour découvrir ce que je considère dorénavant être un véritable chef d’œuvre. Me reste un petit regret : celui de n’avoir pu dire à Françoise mon enthousiasme débordant. (Alain)

Les Bergères de l’Apocalypse est l’opus principal de la Trilogie du Losange, qui comprend aussi Le Satellite de l’Amande et Un bonheur viril, ainsi que diverses nouvelles. La maîtrise de Françoise dans les descriptions picturales de scènes intenses est ici d’une sombre intensité qui ne cède en rien au SCUM Manifesto de Valérie Solanas ou au Baise-moi de Virginie Despentes.

Les Bergères est l’un des 17 titres qu’elle publiera entre 1974 et 1979, tout en menant une vie d’activiste ponctuée de nombreux faits d’armes. Écrit d’un jet, peu relu et corrigé, elle en dira que c’est “… modestement, une épopée, que j’ai écrite pour me défouler… car je trimballe des masses de fantasmes, et j’ai pensé qu’il serait bon que je m’éclate un peu”.

Quatre ans plus tôt,  en 1974, sous le coup d’une éco-anxiété d’autant moins nommée qu’elle était quasiment la seule à la vivre, Françoise a créé le néologisme écoféminisme et conceptualisé son sens. Malgré tout ses efforts, la réception en a été à peu près nulle en France. De plus, en 1976, la mort d’Ulrike Meinhoff, retrouvée pendue dans sa cellule, lui causa un chagrin déchirant. Les Bergères de l’Apocalypse sont, je pense, une réponse à tout cela.

Car le propos peut se résumer ainsi : les femmes, se révoltant “non pas tant pour le tort qui leur a été fait, mais pour celui qui est fait à la planète et à la vie même”, entament une guerre planétaire totale contre les hommes qui aboutira à leur disparition.

Une séquence dans une émission littéraire montre bien la réception du livre à l’époque. Même si les échanges sont feutrés, l’ovni Françoise effraie dans ce monde frileux et largement inconscient des violences faites aux femmes, quand elles ne sont pas tout bonnement massacrées, comme la lente prise de conscience mondiale le donne à voir aujourd’hui.

Pour illustrer cette saga hallucinante, il ne fallait pas moins que l’écriture, la grande et belle voix de Mathilde dans l’une de ses chansons les plus poignantes. Françoise aurait été fan. (Vincent)

2022 : Un bonheur viril

Paris, Des Femmes–Antoinette Fouque, 250 pages.

Sorti le 10 novembre, ce troisième tome clôt (presque) la saga des Bergères de l’Apocalypse. Sans que nous en sachions les raisons, ce texte, écrit au début des années 1980, n’avait encore jamais été édité. Pourtant, comme l’écrit Élise Thiébaut dans sa préface, “en lisant [ce texte] j’ai eu l’impression [qu’il] était la clé de toute la saga, le point d’entrée qui permettait de la comprendre enfin dans sa totalité”.

Il y est question de la guerre mondiale des sexes du point de vue du camp de l’ennemi, à travers la vision névrosée du fondateur de Gynophobia (tout un programme…). On peut faire un parallèle avec l’œuvre de Margaret Atwood, La Servante écarlate, publiée en 1985.

Merci à l’IMEC qui nous a permis d’exhumer ce manuscrit, à Élise Thiébaut, ainsi qu’à Alain pour son précieux travail de relecture. (Vincent)

2023 : Je ne suis pas née pour mourir

Paris, Le Seuil,  édition de poche, préface Pauline Harmange, septembre 2023

Ce roman de 1982 conte l’histoire d’une Amazone, Thécla, qui, après avoir bu certaine potion, traverse les temps et croise de grands moments de l’Histoire. Pour la première fois, le mythe de l’immortalité est incarné par une femme. Ce prodigieux roman d’aventures nous amène à la rencontre d’Alexandre le Grand, à la découverte de l’Amérique par les Vikings, aux formidables machines conçues par Leonard de Vinci, à la guerre de Vendée,… jusqu’au nazisme puis à Mai-68.

Essais historiques

1963 : La Vie des grands peintres français

Paris : Éditions du Sud, A. Michel.

Textes de Yvonne Deslandres, Françoise d’Eaubonne, Henry Certign … [et al.] ; sous la direction de Pierre Waleffe.

Note en attente de rédaction.

1974 : Histoire du banditisme – tome 2

« Lacenaire – Le fiancé de la guillotine», pp.203-250 dans COLLECTIF. Histoire du banditisme tome 2. Éditions Famot, 252 pages.

Note en attente de rédaction.

1977 : Les Femmes avant le patriarcat

Payot, 239 pages.

En créant l’écoféminisme, le génie de Françoise n’aura pas été d’apporter un concept nouveau : il aura été de nous relier avec une réalité immémoriale, celle des cultures pré-patriarcales de notre aire  géographique, que le rationalisme du XVe siècle puis l’humanisme des Lumières auront tenté d’éradiquer dans notre culture occidentale, maintenant à la pointe de la déshumanisation.

Vincent d’Eaubonne, in préface pour l’édition italienne, 2024

1979 : On vous appelait terroristes

Yverdon, Kesselring, 389 pages.

Livre entamé suite à la mort d’Ulrike Meinhof en prison, On vous appelait terroristes propose une biographie partielle, romancée et polyphonique, des protagonistes de la Fraction Armée Rouge allemande. Chaque chapitre se concentre sur l’expérience que chacun d’entre eux fait (à la mort de Katrina, Ulrike Meinhof) à propos du mouvement, de sa création et des premiers attentats. C’est l’engrenage fatal de la contre-violence qu’y met en scène Françoise d’Eaubonne. Elle montre comment ces jeunes personnes, militants proches de la non-violence au début du roman, arrivent progressivement à la conviction qu’une violence armée est le seul recours efficace qui leur reste pour lutter contre les crimes d’État.

On vous appelait terroristes est un titre dénonciateur : les « guerillos urbains » ne sont pas, selon d’Eaubonne, des « terroristes », mais des militants de la « contre-violence ». (Aurore)

1980 : Histoire de la galanterie – tome IV Au temps des mignons du Roi

Genève, Famot.

Ouvrage très certainement collectif, et travail alimentaire pour Françoise. Le titre fait référence à l’époque d’Henri III, où le terme “mignon” prend définitivement la connotation péjorative que nous lui connaissons encore. Connotation qui n’existait pas auparavant, ce mot, minion, signifiant “fidèle”, “serviteur”. Ainsi, les Jésuites furent un temps très sérieusement nommés “mignons de Jésus-Christ”.

Ce sont les critiques, tant des huguenots que des membres de la Ligue, sur les frasques et les excès des redoutables spadassins qui entouraient le jeune roi qui lui donnèrent ce sens dépréciatif. Et dans la mesure où ces critiques les jugeaient efféminés et les soupçonnaient d’homosexualité (ce qui, à l’époque, pouvait valoir le bûcher si l’on n’était pas assez haut placé), il serait intéressant de voir comment Françoise avait abordé la question de la “galanterie”. (Vincent)

1990 : Les Scandaleuses

Paris, Vernal/Philippe Lebaud, 234 pages.

Collection Mémoires d’autres. Note en attente de rédaction.

1999 : Le Sexocide des sorcières

Paris, L’Esprit Frappeur, 156 pages.

Dans cet ouvrage, Françoise retrace l’obsession masculine, depuis la destruction des cultures matrocentristes, de faire disparaître le féminin. « C’est bien en Occident chrétien, futur créateur de ‘l’État de droit’, que c’est manifesté le plus tôt et le plus spectaculairement ce rêve de sexocide par le bûcher des sorcières. (…) Ce fut en 1484 que la bulle d’Innocent VIII lança l’initiative d’une extermination qui devait dépeupler l’Europe d’une partie du ‘deuxième sexe’ pendant deux cents ans. » Et l’Église, pour qui toute femme est une sorcière en puissance, bientôt livrera « à la torche du bourreau les milliers de femmes dont elle invente la culpabilité ». (Alain)

2023 : Le Sexocide des sorcières

Vauvert, Au diable vauvert, collection Nouvelles Lunes, préface Taous Merakchi, 109 pages.

Le sexocide dont parle Françoise d’Eaubonne dans ce texte, le traitement réservé aux « sorcières » lors de la chasse qui a été menée contre elles, n’était qu’un prétexte. C’était une astuce parfaite, adaptée à l’époque dans laquelle ces événements s’inscrivent, pour justifier la torture et le meurtre des femmes. Le Malleus Maleficarum de Kramer et Sprenger serait traité aujourd’hui comme le manifeste d’un incel, lâché sur la toile quelques heures avant d’aller commettre sa tuerie de masse dans un lieu fréquenté essentiellement par des femmes. (Taous Merakchi, 2023)

Autobiographies

1964 : Chienne de jeunesse

Paris, Julliard, 376 pages.

Ce premier tome de ses mémoires revisite son enfance, jusqu’en 1944. Il s’ouvre sur le Vert paradis où le Jardin tient une place prépondérante, comme œuvre achevée de Dieu sur terre. C’est “l’état naturel d’un enfant aimé, bien nourri, en contact immédiat avec la nature“.

Puis vient, avec le déménagement à Toulouse, Le temps de l’ennui. La crise économique des années 30 a paupérisé la famille d’Eaubonne, et le manque de tout (“Ah ! Ces enfants qui ont toujours faim !“, se lamentait leur mère) pèse tant sur ses parents que disparaît aussi la tendresse filiale. Ce temps de l’ennui est  un étouffement insupportable pour l’âme ardente de la petite Françoise qui trouve refuge et consolation dans les livres, l’écriture et le spectacle du monde dont quelques ahurissants spécimens fréquentent la maison, comme le mythomane Christian, l’un de ses personnages principaux dans Le Quadrille des Matamores. Pour autant, ces restrictions ne l’ont pas préparée à ce qui suivra après une brève parenthèse heureuse : la guerre est déclarée.

Dans son Toulouse privé de tout, avec des parents peu débrouillards pour faire face, elle connaîtra la faim – la vraie – et le froid, (qui auront raison de son père et de sa grand-mère) comme tant d’autres de sa génération. Elle recevra de plein fouet la révélation des camps de la mort, qui sont au-delà de l’horreur. Mais elle connaîtra aussi la Résistance, les solidarités des pauvres, et son premier vrai contrat littéraire.

De ce creuset, émergera une Françoise débarrassée du moralisme puritain et des convenances illusoires, bien décidée à crier “Jusqu’au dernier souffle, jusqu’au dernier râle, jusqu’au peloton de fusils ou au ronron de la veillée funèbre  : je vous emmerde !

1966 : Les Monstres de l’été

Paris, Julliard, 464 pages.

La deuxième partie des « mémoires précoces » de Françoise débute par ces mots :

« Berlin-Est, 12 mars 1965 (jour de mon anniversaire). – Mon guide veut absolument proposer de donner mon nom à une rue de Berlin-Est. Je n’ai pas mérité “cet excès d’honneur” ; si je l’accepte, c’est que pour la plupart ce sera une “indignité”. »

L’autrice poursuit dans ce texte la rédaction de ses souvenirs de la fin de la Seconde guerre au début des années 60, après un premier volume, Chienne de jeunesse, qui retraçait son parcours de 1930 à 1945. (Alain)

1980 : L’Indicateur du réseau

Paris, Encre, 350 pages.

Troisième volume des mémoires de Françoise d’Eaubonne, L’Indicateur du réseau retrace des événements importants de sa vie à partir des noms de lieux dans lesquels ils se sont déroulés : avec humour, elle parle d’un « bilan topographique ». Le récit avance au fil, alphabétique, des noms de gares, et on la croise ainsi successivement à différents âges de sa vie : son enfance, sa famille, ses proches, la guerre, ses premières relations – plus que ratées – avec des hommes, ses livres, son écriture, ses combats. On y lit combien l’écriture est, pour elle, une arme de résistance.

Ce texte n’a jusqu’à présent jamais été publié dans son intégralité. Dans la partie toujours inédite (déposée à l’IMEC), Françoise, soulignant sa « ferveur pour cette contre-littérature qu’est la Science-Fiction », précisait que la SF, « comme tout ce qui est contre, rajeunit et rafraîchit l’ancienne forme, et c’est pourquoi je choisis ici le nom de contre-mémoires ». (Aurore et Alain)

2001 : Mémoires irréductibles – De l’entre-deux guerres à l’an 2000

Paris, Dagorno, 1135 pages.

Tout un siècle (ou presque) ! Ce volumineux recueil regroupe les différents tomes de mémoires de Françoise d’Eaubonne déjà publiés à différents moments de sa vie : Chienne de jeunesse (pour la période de 1930 à 1945), Les Monstres de l’été (de 1945 à 1965), L’Indicateur du réseau (qui balaye différentes époques jusqu’en 1978), ainsi qu’un tome édité ici pour la première fois, Les Feux du crépuscule (où l’autrice, approchant de la fin de sa vie, se tourne une ultime fois sur son XXe siècle).

Un ou deux autres manuscrits autobiographiques n’ont, jusqu’à présent, jamais fait l’objet d’une édition. (Alain)

Biographies romancées

1944 : Le Cœur de Watteau

Éditions Julliard, 354 pages.

Écrit entre 1942 et 1943, ce roman est une succession d’images fouillées et de dialogues truculents. La misère des temps que Françoise traverse comme elle peut trouve un écho dans les descriptions qu’elle fait de la vie populaire sous Louis XIV. Tout un monde d’artisans, de boutiquiers et de soldats du rang revit au fil des pages, en toile de fond de la vie et des peintures d’Antoine Watteau. Les femmes y sont aussi bien présentes, notamment Morena qui incarne l’indépendance durement conquise et préservée. Ce roman à la structure très construite et maitrisée est d’une étonnante maturité pour une autrice de 22 ans. (Vincent)

1959 : Je m’appelle Kristine

Éditions Albin Michel, Paris, 285 pages. Réédition titrée Moi, Kristine, reine de Suède, 1979

Les Mémoires d’Hadrien, le monument de Marguerite Yourcenar paru 7 ans plus tôt, ne peut que nous revenir à l’esprit à la lecture du roman de Françoise. Et ce n’est pas les indices transparents qu’elle a laissés qui infirmeront ce constat. On pourrait penser à une imitation stylistique, alors qu’il faut y voir ce que ces deux grandes autrices partageaient : une vraie connaissance des Grecs et des Latins.

Connaissance que Françoise met au service de son propos qui, toujours, aura été de dire : Femmes ! Soyez fières d’être ! C’est bien grâce à ce propos que j’aurai tout naturellement, dès mes lectures enfance, été amené à considérer qu’un héros épique pouvait aussi bien être une héroïne.

Avec Kristine de Suède, Françoise brosse une figure historique à la hauteur de son intention. Amie et correpondante des plus grandes figures intellectuelles et scientifiques de son siècle, cheville ouvrière du traité de Westphalie, aventureuse et batailleuse, diplomate et pacificatrice, la reine Kristine fut sans conteste l’un des plus importants personnages de l’Europe de son époque. (Vincent)

1964 : Emily Brontë

Pierre Seghers, coll. Poètes d’aujourd’hui n°120, 190 pages.

Note en attente de rédaction.

1966 : Honoré de Balzac

Paris, Éditions du Sud et Albin Michel, coll. « Vies et Visages », 112 pages.

Note en attente de rédaction.

1977 : L’Éventail de fer ou la vie de Qiu Jin

Paris, Jean-Claude Simoën, 349 pages.

Réédité sous :
 – D’EAUBONNE, Françoise. L’Éventail de fer ou la vie de Qiu Jin. Encre, 1984, 349 pages.

« À travers une Chine somptueuse et misérable, secouée par d’incessantes guerres civiles, Qiu Jin, grande féministe s’engage totalement aux côtés de Sun-Yat-Sen qui devait libérer son pays du carcan impérial. Tour à tour jeune fille studieuse, épouse et mère, mais aussi poète, terroriste et infatigable militante, elle sera décapitée au début du XXe siècle. L’Éventail de fer est le récit en forme de fresque du combat réel de cette jeune chinoise au destin hors-série. » [4° de couverture]

1979 : Moi, Kristine, reine de Suède

Encre, collection Mémoire des Femmes, 273 pages. (Réédition, original paru sous le titre Je m’appelle Kristine, 1959).

Les Mémoires d’Hadrien, le monument de Marguerite Yourcenar paru 7 ans plus tôt, ne peut que nous revenir à l’esprit à la lecture du roman de Françoise. Et ce n’est pas les indices transparents qu’elle a laissés qui infirmeront ce constat. On pourrait penser à une imitation stylistique, alors qu’il faut y voir ce que ces deux grandes autrices partageaient : une vraie connaissance des Grecs et des Latins.

Connaissance que Françoise met au service de son propos qui, toujours, aura été de dire : Femmes ! Soyez fières d’être ! C’est bien grâce à ce propos que j’aurai tout naturellement, dès mes lectures d’enfance, été amené à considérer qu’un héros épique pouvait aussi bien être une héroïne.

Avec Kristine de Suède, Françoise brosse une figure historique à la hauteur de son intention. Amie et correpondante des plus grandes figures intellectuelles et scientifiques de son siècle, cheville ouvrière du traité de Westaphalie, aventureuse et batailleuse, diplomate et pacificatrice, la Reine Kristine fut sans conteste l’un des plus importants personnages de l’Europe de son époque. (Vincent)

1983 : L’Amazone sombre, vie d’Antoinette Lix

Paris, Encre, 309 pages.

Fille d’un aubergiste alsacien ancien grenader napoléonien, Antoinette Lix (1839-1909) reçu une éducation peu conventionnelle, faite d’équitation et de maniement d’armes. Elle participab à l’insurrection polonaise contre l’occupant russepuis rentré en France tenta en vain d’intégrer l’armée régulière, à une époque où il n’était pas question pour une femme d’intégrer les armées en combatante. Elle rejoint donc les Corps-Francs de Lamarche ou elle s’illustre à la tête de ses hommes dans la défense des Vosges contre les allemands durant la guerre de 1870. En reconnaissance de son engagement et de ses faits d’armes, elle reçut une Epée d’Honneur aujourd’hui visible au Musée des Armées.

Un destin extraordinaire à la mesure de la plume de Françoise et de son sens de l’éppopée.

1985 : Louise Michel la Canaque

Paris, Encre, 238 pages.

1873. Louise Michel, condamnée à la déportation, arrive en Nouvelle Calédonie où elle restera sept ans. Dans cette île qui n’est pas encore conquise militairement, sa force d’âme lui permettra de trouver de grandes joies dans la nature luxuriante et surtout auprès du peuple Kanak, qu’elle sera seule à soutenir en 1878 quand les anciens communards se ligueront avec les geôliers pour une entreprise d’extermination. Louise, sous la plume de Françoise, retrouve une vie à la hauteur de la femme exceptionnelle qu’elle fut. (Vincent)

1988 : Les Grandes Aventurières

Paris, Vernal/Philippe Lebaud, 234 pages.

Longtemps, le terme d’ “aventurières” fut réservé à celles que l’on appelait les demi-mondaines, c’est-à-dire celles qui, considérant que le mariage est un commerce de gros, choisissaient le commerce de détail pour échapper à un destin de soumission et de reproduction et conquérir la maîtrise de leur destin.

Ce n’est pas de ce type d’aventurières dont il sera question ici. Françoise nous livre une dizaine de portraits de femmes qui, ferraillant et bataillant tant sur terre que sur mer, se forgèrent un nom et un destin politique ou militaire. D’autres encore, un destin spirituel. Certaines avaient fait l’objet de livres à part entière dans l’œuvre de Françoise, comme Isabelle Eberhardt (La Couronne de sable), Antoinette Lix (L’Amazone sombre).

Poésie

1942 : Colonnes de l’âme

Éditions Lutétia, coll. Itinéraire n°1.

Préface manuscrite de Joë Bousquet. Collection Itinéraires sous la direction de Jacques Aubenque, qui a écrit la postface de ce recueil.

Dix-huit poèmes de Françoise, à 22 ans, répartis en quatre thèmes (Amour, Foi, Songe, Révolte), chacun illustré d’un dessin de l’autrice. (Vincent)

1951 : Démons et merveilles

Paris, Pierre Seghers (coll. Poésie 51 n°137), 35 pages.

“Un recueil de poème très court, très hermétique (il me faut constamment chercher des mots et allusions) et très érudit (on en attend pas moins de Françoise d’Eaubonne 🙂 ). De facture classique et traditionnel qui ne m’a pas émerveillé comme d’autre de ses (trop rares) poèmes.
Une lecture qui reste toutefois précieuse de sa rareté, de l’ouvrage et des mots.”

Un lecteur sur le Net

1954 : Une pomme rouge : mon cœur

Paris, Pierre Seghers (coll. Poésie 54 n°374), 15 pages.

Avec pour titre un vers de Nazim Hickmet et dédiés à Henri Lefèbvre, neuf poèmes en trois sections. La première sur l’amour, ses combats et ses souffrances, la deuxième à la mémoire de Julius et Ethel Rosenberg (quatre ans plus tard, Françoise donnera “Julius” comme second prénom à son fils). La dernière section, Trois poèmes pour mon Parti (Françoise est alors membre du PC), contient un long poème à la mémoire de son père pour lui dire ce qu’elle lui doit de son engagement communiste. (Vincent)

Jeunesse

1958 : Chevrette et Virginie

Hachette, coll. Bibliothèque verte n°46, 253 pages.

Ce premier roman destiné à la jeunesse est orné d’une couverture dont la lecture pourrait être aujourd’hui beaucoup moins innocente qu’à l’époque. Et c’est bien l’histoire de deux femmes aventurières et naufragées qui nous est contée. On pourra même se hasarder à penser que Françoise se serait bien passée du personnage du Chevalier de La Barre, qui semble être là pour sauver les apparences et préserver la pureté morale de nos chères têtes blondes… Mais ne serait-ce pas anachronisme ou spéculation sur d’éventuelles intentions encore inconscientes chez l’autrice ? (Vincent)

1959 : Le Gabier de Surcouf

Bruxelles, Éditions Brepols (Bruxelles), 138 pages.

Ce livre pour la jeunesse aurait eu sa place dans la Bibliothèque Verte. L’histoire se déroule à l’Île de France, qui deviendra l’Île Maurice. On y retrouve le célèbre corsaire, un jeune gabier, une jeune philosophe, etc., et un certain M. Piston, incarnation de l’un des ancêtres de Françoise.

Attachée à ses racines bretonnes et maritimes, l’autrice aurait beaucoup aimé cette chanson de Michel Tonnerre dans cette très belle interprétation de Thalie (qui connaît Françoise et l’apprécie). Merci à celle-ci de m’avoir autorisé à l’insérer ici, et aux ayants-droits de Michel. (Vincent)

1959 : Le sous-marin de l’espace

Paris, Éditions Gautier-Languereau, coll. Nouvelle bibliothèque de Suzette, 123 pages.

Ce petit roman pour la jeunesse est le fruit d’une collaboration avec deux célébrités littéraires et scientifiques de l’époque : l’écrivain Jean-Charles (La Foire aux cancres, 12 millions d’exemplaires) et le scientifique Jacques Bergier, auteur de SF à ses heures.

Il en résulte un honnête livre d’aventure, éducatif par les postulats scientifiques développés, où exceptionnellement chez Françoise les personnages féminins sont quasi inexistants, si ce n’est la présence d’une petite fille de 10 ans.

L’URSS voudra bien trouver le livre assez méritoire (triomphe de personnes désintéressées œuvrant pour le bien de l’humanité et du matérialisme scientifique) pour que Les Éditions Scolaires d’État en assure la traduction en 61.

1961 : Les Fiancés du Puits-Doré

Hachette, coll. Bibliothèque verte n°185, 187 pages.

Aux côtés de Don Quichotte et de Cyrano de Bergerac, le bandit d’honneur Mandrin Belle-Humeur a toute sa place dans le panthéon de Françoise. Elle lui a d’ailleurs consacré un ouvrage en 57. Notre Robin des Bois français partage ici la vedette avec une jeune fille de 11 ans qui fait preuve de qualités d’audace, de courage et d’engagement “point attendue des personnes de son sexe”, pour paraphraser une tournure du 18ème siècle.

Ce roman de la Bibliothèque Verte, beaucoup mieux écrit que le reste de la collection pour ce que je m’en souviens, est bien dans la lignée des autres livres jeunesse de Françoise : descriptions colorées et minutieuses, contexte historique réaliste, aventures et rebondissements à tous les chapitres. Un livre tout à fait propre à donner le goût des belles lettres. (Vincent)

1962 : L’Amazone bleue

Hachette, coll. Bibliothèque verte n°208, 249 pages.

Françoise était très marquée par le Père Hugo, et notamment sa vision des guerres de Vendée. C’est pourquoi, tout en donnant raison à la République, elle dresse un tableau qui n’est pas manichéen. Elle fait d’ailleurs passer d’un camp à l’autre certains protagonistes de son récit, dont la figure de proue est une jeune femme qui combat et intrigue, se trouvant partout où se joue le destin de la France. (Vincent)

Éditions et rééditions étrangères

Présence de Françoise dans le monde…

Italien

2024 : Le donne prima del patriarcato

Rome, Nova Delphi Libri, préface Vincent d’Eaubonne,  octobre 2024

Quatrième de couverture :

Ce texte offre une perspective unique sur le rôle des femmes dans l’histoire, souvent minimisé par les chercheurs. À partir d’une analyse mêlant découvertes archéologiques, anthropologie et étude des mythes et légendes du monde antique, d’Eaubonne nous livre une étonnante reconstitution du poids social des femmes et des luttes qui leur ont permis de jouer un rôle de premier plan au fil des siècles, soulignant que le patriarcat n’a rien de “naturel” et n’est en rien inné : il ne s’est imposé qu’après une résistance acharnée de la part du genre féminin. Mais l’auteur va plus loin en précisant que son objectif politique n’est pas une société dominée par les femmes, mais une société non hégémonique qui voit “la fin du patriarcat sous toutes ses formes et pas seulement celle de l’oppression des femmes” (Traduction automatique).

2024 : Il sessosidio delle streghe

Prospero Editore, Milan, mars 2024

Après avoir traduit Le Féminisme ou la mort, Sara Marchesi, directrice de collection chez Prospero Editore, a décidé de faire connaître ce texte de Françoise en Italie.

Le sexocide dont parle Françoise d’Eaubonne dans ce texte, le traitement réservé aux « sorcières » lors de la chasse qui a été menée contre elles, n’était qu’un prétexte. C’était une astuce parfaite, adaptée à l’époque dans laquelle ces événements s’inscrivent, pour justifier la torture et le meurtre des femmes. Le Malleus Maleficarum de Kramer et Sprenger serait traité aujourd’hui comme le manifeste d’un incel, lâché sur la toile quelques heures avant d’aller commettre sa tuerie de masse dans un lieu fréquenté essentiellement par des femmes. (Taous Merakchi, 2023)

2022 : Il Femminismo o la Morte

Milan, Prospero Editore, 432 pages.

Sortie le 10 novembre 2022, avec une introduction critique de Sara Marchesi.

D’avis partagé, cette introduction est très bonne. Sara Marchesi, au-delà d’une lecture attentive de Françoise, partage avec elle des sources de réflexion, de celles qui ne sont pas les plus évidentes à détecter au premier abord dans l’œuvre de Françoise, comme la philosophe Simone Weil par exemple.

Il n’est pas impossible que, dans l’avenir, Sara Marchesi croise encore Françoise. À la lecture de cette introduction, on le souhaite. (Vincent)

1978 : le donne prima del patriarcato

felina editrice, 1976, 246 pages

Dans cette version italienne de Les femmes avant le patriarcat, une mention sur la première page indique: «questo libro e diretto solo alle donne» (ce livre est destiné uniquement aux femmes).

En créant l’écoféminisme, le génie de Françoise n’aura pas été d’apporter un concept nouveau : il aura été de nous relier avec une réalité immémoriale, celle des cultures pré-patriarcales de notre aire  géographique, que le rationalisme du XVe siècle puis l’humanisme des Lumières auront tenté d’éradiquer dans notre culture occidentale, maintenant à la pointe de la déshumanisation.

Vincent d’Eaubonne, in préface pour l’édition italienne, 2024

1974 : Geni del Crimine

Genève, éditions Ferni

Ouvrage de 250 pages qui pourrait être un inédit en français, signé Nouailles et d’Eaubonne

1961 : Sputero’ sulle vostre tombe

Éditions Cino Del Duca, 258 pages.

Une traduction de J’irai cracher sur vos tombes. En 1946, paraît aux Éditions du Scorpion un livre signé Vernon Sullivan portant ce titre. Jugé scandaleux, il fait alors l’objet d’un procès intenté par  un Cartel d’action sociale et morale, ce qui révèle que son véritable auteur est Boris Vian. Il sera condamné à 15 jours de prison, vite amnistié, pour outrage aux bonnes mœurs. Le livre interdit, Boris Vian en tirera une pièce, puis un film, et c’est quelques jours avant sa mort qu’il donnera à Françoise l’autorisation d’écrire sous ce titre une nouvelle version de son roman dont le parfum de scandale et le goût de l’époque pour les thrillers américains en feront un succès littéraire. (Vincent)

1959 : I Bari

Editions Lerici, Milan.

Traduction italienne de Les Tricheurs, la novellisation par Françoise du film de Marcel Carné avec Pascale Petit, Jacques Charrier et Laurent Terzieff. 

Anglais

2022: Feminism or Death

USA, Verso Books.

L’ouvrage féministe français incendiaire qui a défini l’écoféminisme est désormais disponible pour la première fois en anglais.

Publié à l’origine en français en 1974, l’ouvrage de la féministe radicale Françoise d’Eaubonne fait le point sur la situation des femmes dans le monde et affirme que l’enjeu des luttes féministes n’est pas l’égalité, mais la vie ou la mort – pour les êtres humains et la planète. Dans ce manifeste de grande envergure, d’Eaubonne a d’abord proposé une vision politique de l’écoféminisme, soutenant que la prétention du système patriarcal sur le corps des femmes et le monde naturel détruit l’un et l’autre, et que le féminisme et l’environnementalisme doivent provoquer une nouvelle “mutation” – un renversement non seulement du pouvoir masculin mais du système de pouvoir lui-même. Comme l’a prophétisé d’Eaubonne, “la planète placée sous le signe du féminin reverdira pour tous”. (Source : Verso Books, traduit avec Deep et corrigé)

1980: Feminism or death

Schocken Books, USA

Traduction partielle d’Ynestra King dans New French Feminisms: An Anthology du livre le plus connu de Françoise, Le féminisme ou la mort, dans lequel elle emploie le néologisme écoféminisme pour la première fois.

1960: The Cheats

Ace Books, New York

Traduction américaine de Les Tricheurs, la novellisation par Françoise du film de Marcel Carné avec Pascale Petit, Jacques Charrier et Laurent Terzieff. 

1951: A flight of a Falcon

McGraw-Hill Book Company.

English translation by Naomi Walford of Comme un vol de gerfauts. Awarded the Prix des Lecteurs in 1947, this long novel heralds the themes and forms dear to Françoise’s heart, which were to recur throughout her novels. The sea, its buccaneering and shipwrecks (at her request, Françoise’s ashes will be scattered by a sailing ship off the Morbihan), and above all the historical novel transformed into a psychological narrative, because it seemed to her that this form was “more accessible to our modern sensibility”, as she says in the introduction. Hence our feeling, according to Élise Thiébaut, “of living the adventures from the inside”, reinforced by striking, highly pictorial descriptions. (Vincent)

Translated with DeepL.com (free version)

Espagnol

2024: Feminismo o muerte

Verso Libros, 218 pages

Le Féminisme ou la Mort en espagnol est présenté ainsi :

Dans cet ouvrage publié à l’origine en français en 1974, Françoise d’Eaubonne, féministe radicale, analyse la situation des femmes dans le monde et affirme que l’enjeu de la lutte féministe n’est pas l’égalité, mais la vie et la mort, pour les êtres humains et pour la planète. Dans ce vaste manifeste, d’Eaubonne propose pour la première fois une politique écoféministe : le système patriarcal agit sur les femmes comme il agit sur la nature, en détruisant tout. L’écoféminisme doit donc provoquer une nouvelle “mutation”, un renversement non seulement du pouvoir masculin mais du système de pouvoir lui-même. Comme le prophétisait Françoise d’Eaubonne elle-même, “la planète, mise au féminin, reverdirait pour tous”.

2019 : El Sexocidio de la brujas

Barcelone, Incorpore.

Le Sexocide des sorcières en espagnol

Françoise d’Eaubonne a publié Le sexocide des sorcières en 1999, après cinquante ans d’écriture et d’engagement politique, après avoir introduit le mot phallocrate dans la langue française (1971) et introduit le concept d’écoféminisme (1978) (En fait 1974, NDLR.). (Source Incorpore)

A partir du moment où les hommes ont pris le contrôle de la fertilité (par l’agriculture) et de la fécondité (par la reproduction), la terre et les femmes ont été exploitées selon une logique productiviste. Depuis cinq mille ans, le patriarcat est responsable du désastre écologique et de l’asservissement des femmes. La “chasse aux sorcières” est un épisode supplémentaire de cette domination qui, pendant deux siècles, a persécuté et massacré massivement des femmes pour le seul fait qu’elles étaient des femmes et non des sorcières (Source : Incorpore).

Fin de contrat en août 2024 avec cet éditeur.

1963 : Todos somos culpables

Grupo Planeta, Circulo de Lectores.

Traduction espagnole par Fernando Gutierrez de Les Tricheurs, la novellisation par Françoise du film de Marcel Carné avec Pascale Petit, Jacques Charrier et Laurent Terzieff. 

1962 : Cristina de Suecia

Éditions Renacimiento, 283 pages

Version espagnole traduite par Leonor T. de Paiz de Je m’appelle Kristine.

Les Mémoires d’Hadrien, le monument de Marguerite Yourcenar paru 7 ans plus tôt, ne peut que nous revenir à l’esprit à la lecture du roman de Françoise. Et ce n’est pas les indices transparents qu’elle a laissés qui infirmeront ce constat. On pourrait penser à une imitation stylistique, alors qu’il faut y voir ce que ces deux grandes autrices partageaient : une vraie connaissance des Grecs et des Latins.

Connaissance que Françoise met au service de son propos qui, toujours, aura été de dire : Femmes ! Soyez fières d’être ! C’est bien grâce à ce propos que j’aurai tout naturellement, dès mes lectures enfance, été amené à considérer qu’un héros épique pouvait aussi bien être une héroïne.

Avec Kristine de Suède, Françoise brosse une figure historique à la hauteur de son intention. Amie et correpondante des plus grandes figures intellectuelles et scientifiques de son siècle, cheville ouvrière du traité de Westphalie, aventureuse et batailleuse, diplomate et pacificatrice, la reine Kristine fut sans conteste l’un des plus importants personnages de l’Europe de son époque. (Vincent)

Allemand

1978 : Feminismus und « Terror »

Trikont

Autre traduction allemande, par Regina Weiss du livre le plus connu de Françoise, Le féminisme ou la mort, dans lequel elle emploie le néologisme écoféminisme pour la première fois. Plusieurs rééditions suivront.

Le titre est vraiment très très étrange…

1978 : Das Geheimnis des Mandelplaneten

Allemagne, Rowohlt, coll. rororo / neue frau, 126 pages.

Traduction alleamande de Le satellite de l’Amande, plusieurs rééditions

Tous les hommes ont disparu. Entendez : tous les mâles. Dans ce roman, où elles se reproduisent par ectogénèse (un moyen de reproduction qui leur permet de se passer des hommes), les femmes, après avoir redonné vie à une Terre dévastée par la pollution, le Capital et le patriarcat, partent explorer une petite planète étrange, loin de notre système solaire. Cette expédition réservera bien des surprises aux lectrices et lecteurs de ce conte philosophique. “Passionné, impérieux. En fresques et en reliefs !” (Victoria Thérame). Le Satellite de l’Amande est le premier volet d’une saga qui sera poursuivie par Les Bergères de l’apocalypse ; la troisième partie de cette trilogie, restée inédite jusqu’à récemment, est sortie aux éditions Des Femmes–Antoinette Fouque en novembre 2022. (Alain)

1975 : Feminismus oder Tod; Thesen zur Ökologiedebatte

PMünchen, Verlag, collection Frauenoffensive

Première traduction allemande, par Gina Giert du livre le plus connu de Françoise, Le féminisme ou la mort, dans lequel elle emploie le néologisme écoféminisme pour la première fois. Plusieurs rééditions suivront.

1959 : Rebell Rimbaud

Editeur inconnu, Allemagne

Une traduction de La vie Passionnée d’Arthur Rimbaud par Karl August Horst.

Note en attente de rédastion.

1950 : Unbezähmbar schlägt das Herz

Editeur inconnu

Traduction allemande de Indomptable Murcie. Même si ce livre est dédié à l’âme de son père, ce sont ses racines espagnoles que Françoise évoque à travers l’histoire de cette femme dépossédée parce que rebelle, qui ira, à la tête de sa cuadrilla, se faire tuer par les Français devant Saragosse en 1816, pendant la guerre d’occupation napoléonienne.

Dans ce roman plein d’amour, de bruit et de fureur, dont la partie « Sangre y Fuego » représente la moitié des 550 pages, Françoise perfectionne son art de la description percutante, qui nous plonge au cœur de l’action, décrite avec une minutie pittoresque.

Autres langues

2024 : Mandelsolens Planet (Le satellite de l’Amande)

Copenhague, Danemark, Karsten Editor

Ce Satellite de l’Amande, particulièrement cher à mon cœur, a connu une réédition aux éditions Des Femmes – Antoinette Fouque en 2022. L’exploration de la petite exoplanète, les questionnements philosophiques de la narratrice, la plume légère de l’autrice, tout m’avait charmé dans ce roman si original. C’est donc avec un grand plaisir que nous vous annonçons sa traduction en danois pour 2024. (Alain)

2019 : El Sexocidi de les bruixes

Barcelone, Incorpore Editore

El sexocidi de les bruixes, Catalan

Françoise d’Eaubonne a publié Le sexocide des Sorcières en 1999, après cinquante ans d’écriture et d’engagement politique, après avoir introduit le mot phallocrate dans la langue française en 1971 et introduit le concept d’écoféminisme en 1978 (En fait 1974, NDLR.). (Source Incorpore)

1980 : Kønskampens historie

Editeur inconnu.

Traduction norvégienne par Merete Aaberg de Les femmes avant le patriarcat, le titre signifiant quelque chose comme L’histoire de la lutte pour l’égalité des sexes selon DeepL.

En créant l’écoféminisme, le génie de Françoise n’aura pas été d’apporter un concept nouveau : il aura été de nous relier avec une réalité immémoriale, celle des cultures pré-patriarcales de notre aire  géographique, que le rationalisme du XVe siècle puis l’humanisme des Lumières auront tenté d’éradiquer dans notre culture occidentale, maintenant à la pointe de la déshumanisation.

Vincent d’Eaubonne, in préface pour l’édition italienne, 2024

1968 : Život na Šopen

Editions Nauka i Izkustvo, Sofia, Bulgarie

Traduction en slovaque de La vie de Chopin. Note en attente de rédaction.

1963 : ha-Nokhlim

Editeur  Hadar hotsa’at sefarim ? Tel-Aviv ?

Traduction en hébreu de Les Tricheurs, la novellisation par Françoise du film de Marcel Carné avec Pascale Petit, Jacques Charrier et Laurent Terzieff. 

1959 : Os Trapaceiros

Editeur inconnu.

Traduction portugaise (ou brésilienne ?) de Les Tricheurs, la novellisation par Françoise du film de Marcel Carné avec Pascale Petit, Jacques Charrier et Laurent Terzieff. 

1959 : Storbyungdom

Edition Overs.

Traduction norvégienne par Per Aamot, sous le titre de Jeunesse urbaine, de Les Tricheurs, la novellisation par Françoise du film de Marcel Carné avec Pascale Petit, Jacques Charrier et Laurent Terzieff.