Françoise d’Eaubonne, « personne géniale »

Françoise d’Eaubonne, « personne géniale »

Françoise continue de faire des petits… Outre la publication en édition de poche de son roman Je ne suis pas née pour mourir, les éditions Points ont également édité en poche L’Amazone verte, la biographie de Françoise que l’on doit à notre amie Élise Thiébaut.

À l’occasion de la sortie de cette biographie essentielle, la Société de philosophie de Bordeaux a invité Élise Thiébaut à parler de la vie et des combats de Françoise. Interrogée par Sandra Mevrel (qui, visiblement, avait très bien préparé son intervention), Élise déclare d’emblée : « Françoise d’Eaubonne est avant tout une personne géniale ». Nous sommes d’accord vous et moi, cela aurait pu suffire, l’essentiel était dit, mais le public présent aurait peut-être trouvé cela un peu court. Aussi Élise a-t-elle ensuite insisté sur l’écoféminisme et le côté visionnaire de Françoise. La rencontre a été retransmise en direct sur les réseaux sociaux de Points, en partenariat avec la librairie Mollat. Retrouvez Élise en verve et en vidéo.

Profitons-en pour rappeler qu’une autre édition de poche est récemment parue, celle du Féminisme ou la Mort, dont Vincent nous a récemment parlé.

Le Féminisme ou la Mort en édition de poche

Le Féminisme ou la Mort en édition de poche

Sortie ce 5 avril en version poche du titre édité par Le Passager Clandestin. Comme elles nous y ont habitué, les éditrices ont réalisé un travail de qualité : couverture plaisante, reliure à l’apparence solide, voilà un livre bien fabriqué. Quant au contenu en 352 pages, il est identique à l’édition précédente. Et ce n’est peut-être pas un hasard s’il ressort un mois avant l’arrivée d’un essentiel, toujours au Passager : Pour une politique écoféministe d’Ariel Saleh, enfin traduit, qui a tant à voir avec lui : Françoise formulait avec brio, Ariel Saleh analyse et enracine avec puissance.

Initialement paru en 1974, Le Féminisme ou la Mort, fondateur, ouvre de nouvelles perspectives pour les luttes écologistes et féministes, dont Françoise nous dit qu’elles sont appelées à se rejoindre dans le combat contre le patriarcat qui, dans un même mouvement, soumet les femmes et détruit la planète.

Dans ce livre au titre clin d’œil à celui de René Dumont L’Utopie ou la Mort, Françoise annonce ce qui est aujourd’hui une réalité : la destruction du monde par le productivisme et le pouvoir. Le capital, aujourd’hui néolibéral, n’est que « la pointe de l’arme qui nous blesse et nous déchire : son manche se perd dans la nuit des temps ».  Elle détaillera deux ans plus tard sa vision anthropologique dans Les Femmes avant le patriarcat.

Une semaine de Françoise dans le monde

Une semaine de Françoise dans le monde

Il m’est venu l’idée de faire une recherche Web sur Françoise, avec un filtre « moins d’une semaine » : morceaux choisis parmi une quarantaine de résultats, il y en aura pour tous les goûts.

Le 25 mars, l’Université de Haute-Alsace à Mulhouse a mis en ligne un appel à contribution pour un colloque sur l’écoféminisme en novembre 24, citant Françoise.

  • Le 24 mars, nous apprenons que la traduction italienne de Les Femmes avant le patriarcat est en vente au Japon, semble-t-il. Il s’agit probablement de la première édition et non de celle de Nova Delphi qui sortira en juin.
  • Le même jour est publié en Italie l’annonce d’une conférence de Sara Marchesi sur l’écoféminisme de Françoise d’Eaubonne, et on nous annonce une conférence sur l’écoféminisme (avec de vrais  morceaux de Françoise dedans) au Lyceum Club International de Neuchâtel en Septembre 24, ça va être chic.
  • Et, si vous voulez investir dans l’immobilier, c’est le moment d’acheter une maison Venelle Françoise d’Eaubonne à Nantes, « ruelle verte et piétonne dans un quartier en pleine évolution » (tiens donc !). Pour 280 000 €, vous aurez droit à 80 m2, conçus d’une manière « idéale pour la famille« . Avec Françoise j’ai comme un doute, elle n’était pas fan du patriarcat immobilier.

Vous l’aurez compris : je pourrais continuer ad libitum, car ça ne s’arrête jamais. Ceci dit, je m’interroge sur ce que deviendrait ma santé mentale si je passais ma vie à traquer ses moindres traces : cet article n’a comme objectif que de montrer la vivacité de sa pensée, qui se répand dans le monde comme la vérole sur le bas-clergé selon une expression qu’elle aimait à employer en privé.

L’agenda de Françoise : avril 24

L’agenda de Françoise : avril 24

QUINZE EVENEMENTS

Mardi 2 avril à Bordeaux

Élise Thiébaut sera à la librairie Mollat pour parler de Françoise avec la Société de philosophie de Bordeaux autour de « L’Amazone Verte, le roman de Françoise d’Eaubonne« .

Mercredi 3 avril au Havre

Représentation de « Françoise !  » par La Cie Noésis au Lycée Claude Monnet. Ici le site de la Cie, et là des infos sur cette pièce.

Jeudi 4 avril à Saint Omer (Pas-de-Calais)

À 19 h, Ociné Saint Omer (ça doit être le ciné de la ville), projection du film de Manon Aubel « Françoise d’Eaubonne, une épopée écoféministe » suivie d’un débat avec Vincent d’Eaubonne.

Jeudi 4 avril à Toulouse

Élise Thiébaut présentera son dernier ouvrage, « Ceci est mon temps », qui traite avec humour et érudition de la ménopause (et de l’andropause), à la librairie de la Renaissance, à 19 h.

Vendredi 5 avril

Sortie en édition de poche de « Le Féminisme ou la Mort » de Françoise au Passager Clandestin.

Dimanche 7 avril au Havre

À 16 h, présentation professionnelle de « Françoise !  » par La Cie Noesis au Wine & Beer. Ici le site de la Cie, et là des infos sur cette pièce.

Mardi 8 et mercredi 9 avril à Nantes

Projection du film « Françoise d’Eaubonne, une épopée écoféministe » et débat avec la réalisatrice Manon Aubel au Lycée Livet.

Samedi 13 Avril à Nantes

Le collectif écosyndicalisme de l’UDCGT 44 organise ce jour une journée de l’écosyndicalisme. Françoise y sera présente, dans une salle dédiée, par le biais d’un entretien enregistré avec Vincent d’Eaubonne.

Samedi 20 avril à Milan (Italie)

Au Yume Dojo (4, Via Conte Verde) à 18 h, à l’occasion de la sortie de la traduction du « Sexocide des Sorcières », projection du film de Manon Aubel sous-titré en italien, suivi d’un débat avec Sara Marchesi (Prospero Editore), Manon Soavi (École Itsuo Tsuda), Vincent d’Eaubonne.

24, 25, 27, 28  et 29 avril

Virginie Despentes, Béatrice Dalle, Casey et Zëro jouent « Troubles », lecture musicalisée de textes féministes qui claquent, dont l’appel à la grève des ventres de Françoise. Dates à Clermont-Ferrand, Strasbourg, au Printemps de Bourges, à Fribourg. Pour plus de précisions, c’est ici.

Mars 2024 : Femmes, Vie, Liberté !

Mars 2024 : Femmes, Vie, Liberté !

Là où l’État-Nation à l’occidentale est moins présent, les femmes le sont plus, comme on le constate si souvent. Le Rojava est impensable sans son pilier féministe révolutionnaire travaillant à la mutation de la société afin que la terre refleurisse pour toustes, comme Françoise l’appelait de ses vœux.

Dans ces quelques minutes, la profusion des couleurs et vêtements raconte une mosaïque de peuples, une fédération qui depuis 14 ans refuse obstinément de devenir un État. Trois écritures (cyrillique, latine et arabe) et six langues (au moins) s’y cotoient . Iels sont kurdes, arabes, turkmènes, assyriennes, arméniennes, circassiennes… Une communauté de 6 millions d’âmes.

Malgré les bombardements incessants et les blocus, malgré la Turquie au nord, le Régime au sud et l’Iran à l’Est, les femmes pousuivent leur combat immémorial. C’est ce que raconte Stranên Kezîya Sor : Jin, Jîyan, Azadî (La Tresse Rouge : Femmes Vie Liberté), film musical et dansé, sorti début mars et réalisé au Rojava,, allégorie de la vie des femmes depuis l’aube du monde, dont cet extrait est tiré.

Ce film illustre aussi le considérable travail de recherche et d’écriture de la Jineoloji, une science développée autour des femmes comme premier pas d’une sociologie correcte.

Quel plus beau moyen de célébrer le 8 mars que de voir nos sœurs, fortes et fières, nous inviter à relever la tête ? Que le 8 mars dure 365 jours !

L’écoféminisme est de retour !

L’écoféminisme est de retour !

Ce 8 mars 2024, journée internationale de lutte pour les droits des femmes, est publié le n° 922 de la revue « Critique » (Éditions de Minuit), intitulé L’écoféminisme est de retour. « Fabula », site de la recherche en littérature, le présente ainsi :

Le terme « écoféminisme » a fait son apparition en français en 1974, dans un livre de Françoise d’Eaubonne qui en formulait ainsi la promesse : « La planète mise au féminin reverdirait pour tous. » L’écoféminisme pointait alors, derrière le capitalisme, l’ombre du patriarcat ; et derrière la lutte des classes, la guerre des sexes. Devenu moins visible au tournant du millénaire, il revient avec une vigueur nouvelle.
« Tremblez ! Tremblez ! Les sorcières sont de retour ! », scandaient les féministes italiennes des années 1970. Le grand retour de l’écoféminisme, associant comme naguère réflexions théoriques, interventions militantes et luttes de terrain, est la bonne nouvelle qu’annonce et illustre le dossier réuni par Germana Berlantini pour Critique.

On en trouvera le sommaire à cette adresse.