1959 : Le sous-marin de l’espace

Paris, Éditions Gautier-Languereau, coll. Nouvelle bibliothèque de Suzette, 123 pages.

Ce petit roman pour la jeunesse est le fruit d’une collaboration avec deux célébrités littéraires et scientifiques de l’époque : l’écrivain Jean-Charles (La Foire aux cancres, 12 millions d’exemplaires) et le scientifique Jacques Bergier, auteur de SF à ses heures.

Il en résulte un honnête livre d’aventure, éducatif par les postulats scientifiques développés, où exceptionnellement chez Françoise les personnages féminins sont quasi inexistants, si ce n’est la présence d’une petite fille de 10 ans.

L’URSS voudra bien trouver le livre assez méritoire (triomphe de personnes désintéressées œuvrant pour le bien de l’humanité et du matérialisme scientifique) pour que Les Éditions Scolaires d’État en assure la traduction en 61.

1959 : Je m’appelle Kristine

Éditions Albin Michel, Paris, 285 pages. Réédition titrée Moi, Kristine, reine de Suède, 1979

Les Mémoires d’Hadrien, le monument de Marguerite Yourcenar paru 7 ans plus tôt, ne peut que nous revenir à l’esprit à la lecture du roman de Françoise. Et ce n’est pas les indices transparents qu’elle a laissés qui infirmeront ce constat. On pourrait penser à une imitation stylistique, alors qu’il faut y voir ce que ces deux grandes autrices partageaient : une vraie connaissance des Grecs et des Latins.

Connaissance que Françoise met au service de son propos qui, toujours, aura été de dire : Femmes ! Soyez fières d’être ! C’est bien grâce à ce propos que j’aurai tout naturellement, dès mes lectures enfance, été amené à considérer qu’un héros épique pouvait aussi bien être une héroïne.

Avec Kristine de Suède, Françoise brosse une figure historique à la hauteur de son intention. Amie et correpondante des plus grandes figures intellectuelles et scientifiques de son siècle, cheville ouvrière du traité de Westphalie, aventureuse et batailleuse, diplomate et pacificatrice, la reine Kristine fut sans conteste l’un des plus importants personnages de l’Europe de son époque. (Vincent)

1959 : J’irai cracher sur vos tombes

Éditions Seghers, Paris, 220 pages.

En 1946, paraît aux Éditions du Scorpion un livre signé Vernon Sullivan portant ce titre. Jugé scandaleux, il fait alors l’objet d’un procès intenté par  un Cartel d’action sociale et morale, ce qui révèle que son véritable auteur est Boris Vian. Il sera condamné à 15 jours de prison, vite amnistié, pour outrage aux bonnes mœurs. Le livre interdit, Boris Vian en tirera une pièce, puis un film, et c’est quelques jours avant sa mort qu’il donnera à Françoise l’autorisation d’écrire sous ce titre une nouvelle version de son roman dont le parfum de scandale et le goût de l’époque pour les thrillers américains en feront un succès littéraire. (Vincent)

1958 : Fort des Femmes

Paris, le Livre contemporain.

Mac Orlan disait de Françoise : “Son style est si coloré qu’il faut lire ses livres avec des lunettes de soleil”. Qu’aurait-il dit des Bergères de l’Apocalypse préfiguré par ce livre ? Car c’est bien d’un combat de femmes les armes à la main qu’il s’agit : une troupe de pauvres émigrées mendiantes, prostituées et voleuses qui se rencontrent dans le fond de cale du bateau sur lequel elles fuient la misère pour bâtir un avenir meilleur dans les Amériques au début du XIXe siècle. Et ce ne sont pas les titres de chapitres sarcastiques comme La joie d’être mère ou Le repos du guerrier qui nous feront douter des intentions de l’autrice. (Vincent)

1958 : Chevrette et Virginie

Hachette, coll. Bibliothèque verte n°46, 253 pages.

Ce premier roman destiné à la jeunesse est orné d’une couverture dont la lecture pourrait être aujourd’hui beaucoup moins innocente qu’à l’époque. Et c’est bien l’histoire de deux femmes aventurières et naufragées qui nous est contée. On pourra même se hasarder à penser que Françoise se serait bien passée du personnage du Chevalier de La Barre, qui semble être là pour sauver les apparences et préserver la pureté morale de nos chères têtes blondes… Mais ne serait-ce pas anachronisme ou spéculation sur d’éventuelles intentions encore inconscientes chez l’autrice ? (Vincent)