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Héritage

Autour de Françoise

Cette galerie de portraits ne souhaite surtout pas être exhaustive : Françoise d’Eaubonne, c’est un monde ouvert aux quatre vents de l’Histoire.

Ici, aucun classement protocolaire : la mise en page change régulièrement.

Rejoignez-nous sur ce site web collectif, toutes les idées et tous les apports sont a priori les bienvenus ! Dix-sept ans après son départ Françoise est là, et pour longtemps !

Karine Lanini

Karine Lanini

La rigueur

Karine, directrice éditoriale chez Binge Audio et agente littéraire à la tête de Kalligram, est le garde-fou de Françoise dans le monde de l’édition. Comme la vie de Françoise aurait été plus simple si elle avait eu une telle expertise pour l’accompagner  !

Décisions éditoriales – Négociation, réalisation et suivi des contrats éditoriaux.

Taous Merakchi

Taous Merakchi

Taous est journaliste, rédactrice web (Passions menstrues ;  podcast Mortel)  et autrice, notamment de Witch Please et dernièrement de Vénère. Elle a préfacé un livre de Françoise, faisant un joli pont entre deux femmes nées à 70 années de distance.

Préface à la réédition de Le Sexocide des sorcières.

Vincent d’Eaubonne

Vincent d’Eaubonne

Le faiseur de liens

Dégoupilleur de matrimoine, Vincent active des connexions, développe des possibles, organise des hasards. Recevoir de lui un message « J’ai une idée », c’est l’assurance d’un inattendu. En cela notamment, il est bien le fils de sa mère.

Décisions éditoriales – Conception  du site web – Développement de projets – Relations internationales.

Aurore Turbiau

Aurore Turbiau

Aurore est doctorante en littérature comparée (Sorbonne Université, CRLC) et chargée de cours à l’université. Membre du collectif Les Jaseuses et de l’association des Ami·es de Monique Wittig, elle travaille sur l’engagement littéraire des écrivaines féministes franco-québécoises des années 1970-1980.

Notices de lecture sur le site – Contribution « Françoise d’Eaubonne et la terreur littéraire ».

Pauline Launay

Pauline Launay

Pauline est Docteure en sociologie, spécialisée dans les accompagnements d’équipes médicales fin de vie, membre de l’Association Anamnèse. Elle s’est beaucoup investie pour Françoise ces dernières années : la réussite du colloque international, c’est elle, les « Mercredis d’Eaubonne » en 2021, c’est elle aussi.

Organisation du colloque international 2022 – Animation des Mercredis d’Eaubonne à l’IMEC – En charge des actes du colloque, à paraître.

Caroline Goldblum

Caroline Goldblum

Caroline a été la première à produire un travail de fond en France après le départ de Françoise. Particulièrement intéressée par ses journaux intimes, elle a disposé des 15 000 pages archivées à l’IMEC (sans compter ce qui a été perdu).

Autrice de Françoise d’Eaubonne et l’écoféminisme aux éditions du Passager Clandestin.

Alain Lezongar

Alain Lezongar

La vigilance

Alain, que Françoise a souhaité adopter après des décennies d’amitié, est doté d’un talent rare. Sa capacité de concentration doublée d’une orthographe hors pair en font un correcteur éditorial de talent, sans qui les rééeditions et ce site web ne seraient pas ce qu’ielles sont.

Décisions éditoriales – Recherches archives – Relecture et éditing. 

Nicolas Martin-Lontel

Nicolas Martin-Lontel

Nicolas, personne co-fondatrice de la librairie féministe l‘Euguélionne, à Montréal, est la meilleure source au monde des traces qu’a laissées Françoise. Iel les compile depuis plusieurs décennies, son site web est une mine d’or, et le nôtre lui doit beaucoup.

Mémoire de master sur Françoise – Compilation des traces de Françoise.

Élise Thiébaut

Élise Thiébaut

La jardinière

Élise, romancière, directrice de la collection Nouvelles Lunes, est née un 12 mars comme Françoise. Depuis leur rencontre et l’écriture de L’Amazone verte, elle n’a de cesse de faire refleurir l’œuvre de celle qui a construit le terme « écoféminisme ».

Décisions éditoriales – Diverses préfaces – Réédition du Sexocide des sorcières et autres textes.

Manon Aubel

Manon Aubel

Manon Aubel est photographe et réalisatrice.  Après avoir découvert Françoise lors d’un précédent projet, elle a jugé urgent de contribuer à la faire connaître, ce qu’elle a brillamment réussi avec un documentaire plébiscité.

Réalisation du documentaire Françoise d’Eaubonne, une épopée écoféministe, 52 minutes, diffusé par France Télévisions.

Ruth Hottell

Ruth Hottell

Ruth a enseigné le français à l’Université de Toledo (Ohio). Carolyn Merchant, dont elle est proche, l’a longuement incitée à traduire Françoise, ce qu’elle a eu le temps de réaliser après avoir cessé ses fonctions universitaires.

Traduction de Le Féminisme ou la Mort en anglais – Traductions pour le site web.

Sara Marchesi

Sara Marchesi

Sara, directrice de collection chez Prospero Editore à Milan et chercheuse en philosophie à l’Université de Trente, est passionnée par l’œuvre de Françoise, qu’elle popularise partout en Italie.  Elle la traduit, la préface et l’édite.

Traduction et édition de Le Féminisme ou la Mort sous le titre Il femminismo o la morte.

Crédits photographiques : Jean-Claude Aubry, DR

Textes de Françoise

Textes de Françoise

Quant à vous qui après nous vivrez, [on vous priera] de demeurer ouvert à l’invisible. C’est-à-dire aux petites brèches des Lettres par où passe l’appel murmuré si nécessaire à entendre, ne serait-ce qu’une seule fois.

Françoise, La Liseuse et la Lyre 

1972 : Avis aux flikiatres et aux hétéroflics
1972 : Avis aux flikiâtres et aux hétéroflics
1972. Dans une harangue enflammée signée par l’Internationale Homosexuelle Révolutionnaire, de Bruxelles, Françoise déclare la guerre au congrès de psychiatres sur les « déviations sexuelles » qui doit se tenir sous peu à San Remo. Par ce vigoureux Avis aux flikiatres et aux hétéroflics, elle prévient :
« À San Remo, vous nous trouverez debout ! »

Françoise d’Eaubonne

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1972 : La féminitude
1972 la féminitude V2
1972. Le MLF existe depuis trois ans ; le FHAR, lui, est en pleine déclin. Dissensions et controverses : Daniel Guérin le quitte, Françoise d’Eaubonne aussi. L’autrice et militante va rejoindre provisoirement le journal Le Fléau social, mais le quittera quand celui-ci s’éloignera de la vie politique. Dans le n° 2 de ce journal, paru en octobre 1972, Françoise s’interroge sur « la féminitude » en mettant en avant sa conviction qu’il n’existe pas de « nature de femme » :
« Il n’existe pas plus de femme essentielle que de prolétaire prédisposé ou de criminel-né. »

Françoise d’Eaubonne

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1972 : Appelez-moi salope
1972 : Appelez-moi salope

Appelez-moi salope ! Pour « établir une véritable unité d’action entre homosexuels et leurs sœurs lesbiennes », Françoise, et à travers elle le FHAR, sort en 1972 un journal ronéoté avec les moyens du bord qui affiche fièrement ce titre provocateur. « Les homosexuels d’Amérique ont à leur disposition le mot « gay » qui n’établit pas de distinction de sexes. Dans notre langue natale, il n’existe pas de genre neutre entre le masculin et le féminin. Il faudrait peut-être en inventer un », suggère l’autrice. Alors pourquoi pas le mot « salope » ?
Appelez-moi salope ne connaîtra pas de suite après ce numéro 1. Daniel Guérin quittera le FHAR peu de temps après, suivi par Françoise d’Eaubonne, déçue que le mouvement se soit transformé en simple lieu de drague.

« Nous pensons que le FHAR doit partir de cette donne pour établir une véritable unité d’action entre homosexuels et leurs sœurs lesbiennes. Répétons qu’ils n’y parviendront qu’en considérant D’ABORD en elles les femmes opprimées en tant que femmes avant de l’être en tant qu’homosexuelles ; car eux, les hommes, ils ne sont réprimés qu’en tant qu’homosexuels ; jamais en tant qu’hommes. »

Françoise d’Eaubonne

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1973 : La société mâle
1973 : La société mâle
En mai 1973, dans le n° 3 du Fléau social (journal d’un groupe du FHAR), Françoise répond à celleux qui refusent d’admettre que nous vivons dans une société mâle. Les femmes formant ce que Françoise appelle une « classe sexuelle », le mouvement de libération des femmes doit en conséquence s’attaquer à la société mâle et non seulement capitaliste ou bourgeoise.
« La victoire appartiendra demain à la revanche du Féminin, et pas seulement des femmes, contre le Masculin, et pas seulement les hommes. »

Françoise d’Eaubonne

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1975 : Profession de foi pour l'an 76
Profession de foi
En décembre 1975, Françoise rédigea, dans son journal intime, sa ligne de conduite pour l’année à venir et les années suivantes. Un texte brûlant d’amour et de révolte, où se conjuguaient, dans une fusion ardente, sa haine de l’injustice et du système patriarcal, son amour des opprimé·es et son combat contre « ce qui nous détruit ».
Près de 20 années plus tard, en 1993, Françoise est revenue dans son journal sur cette « profession de foi définitive » :
« En cette année 1993, je suis consciente du ridicule apparent d’avoir écrit une telle profession de foi à l’âge de 56 ans. Mais aujourd’hui que j’en ai 73, je ne la ressens plus comme la manifestation naïve d’une jeunesse n’existant plus. ‘On met longtemps à devenir jeune’ dit Cocteau. Sentir à ce point la vie devant soi, était-ce si outrecuidant ? Suis-je restée fidèle à ces auto-commandements ? Certains me semblent toujours d’actualité. »

Françoise d’Eaubonne

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1976 : La révolution amoureuse
La Révolution amoureuse
À la grande époque de La Gueule ouverte (journal écologiste et politique fondé en 1972), les colonnes de l’hebdomadaire proposaient des débats qui portaient sur divers sujets, comme la non-violence ou les questionnements sur l’amour et la sexualité. Françoise participait souvent à ces controverses. Dans le numéro daté du 29 décembre 1976, elle répondait à Isabelle Cabut, alors directrice de la publication, en s’attaquant au « mythe de la vie privée » et en promouvant la « révolution amoureuse ».
« Il n’est pas question de supprimer l’amour, mais au contraire de l’étendre. Et de savoir que, sitôt connue cette ‘relation privilégiée’ qui est une des chances de l’humain, elle doit être élargie à plusieurs sous peine de disparaître. »

Françoise d’Eaubonne

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1976 : Lettre à une GRECE qui n'est pas sans colonels
Lettre au GRECE

Le 3 mai 1976, Françoise répond à l’invitation qui lui est faite à rejoindre le Groupe de Recherche et d’Etude pour une Civilisation Européenne dont l’objet, comme c’est étonnant, est de : défendre, illustrer et prolonger les « bases de la civilisation européenne ».

Cette élite intellectuelle, très au fait de la vie des idées, a jugé opportun de proposer à Françoise d’Eaubonne d’y adhérer. À Françoise d’Eaubonne ! Elle leur répond donc :

« Je n’ai pas plus de goût pour une philosophie ‘européenne’ à faire ricaner les nourrissons que pour la moustache tricolore de Glouton l’enzyme ou les érections piège à cons. Ni pour les vieux ringards Vichyssois qui traînent chez vous le bel avenir qu’ils ont derrière eux. Tous mes regrets. »

Françoise d’Eaubonne

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1977 : La mère indifférente

1977 : La mère indifférente

 

Dans ce texte publié en 1977 dans Les Cahiers du Grif, Françoise revendique d’avoir été une « mère indifférente » au lieu d’avoir été une « castratrice à cuisine, lessive, raccommodage… ». Pourtant, elle a connu ce qu’elle appelle « l’instinct maternel », « au niveau le plus animal qui soit ». Mais elle dénonce ce que la société mâle a fait de cet instinct : un « moyen d’oppression et d’aliénation qui ravale la femme au rang de femelle pondeuse ». Ce texte est suivi de l’Appel des femmes du Mouvement éco-féministe à la grève de la maternité (déjà publié en 1974 dans Charlie-Hebdo).

« Cet instinct maternel, je le sais donc réel, mais mystifié, déformé, aliéné et manipulé. Quand une femme parle de son désir d’avoir un enfant, je lui demande toujours d’examiner de près la racine de ce désir. Il peut être authentique ; il y a de grandes chances qu’il ne le soit pas »

Françoise d’Eaubonne

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1978 : De l'écriture, du corps et de la révolution
De l’écriture, du corps, de la révolution

Dans ce court texte flamboyant écrit à 58 ans, Françoise évoque son « corps de femme ouvert au monde entier sur les futurs de l’histoire dont sa mort fait partie ». Son corps, qui « a tout vécu en défiant l’ennemi et se redressait en chantant ».

Son « seul ami avec l’écriture [qui] ne m’ont jamais fait défaut, pas plus que l’amour le plus exigeant… celui de l’insurrection armée… milliards de loups arrosés de pétrole et qui flambent. »

Elle appelle toutes les femmes à la fierté de leur corps, rappelant qu’il EST,… alors que la RÉVOLUTION n’est pas encore.

Quand tout est dit sur Françoise, ses 100 livres publiés, ses mots légués à la langue française, ses théorisations visionnaires, il reste ce fait : c’était une incarnation de la vie hors-normes, un tellurisme, une force primordiale.

 

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1980 : La nature de la crise

La nature de la crise

En 1980, le n° 20 de Sorcières, les femmes vivent publie 6 pages de Françoise. Elle y résume son long travail pour débusquer les causes premières de nos aberrations. Le recul du temps ne fait que renforcer sa plume et, malgré des rappels anthropologiques qui pourront parfois êtres datés, elle en vient à l’essentiel dans deux dernières pages fulgurantes.

« S’en prendre au Capital n’est que s’en prendre à la pointe de l’arme qui nous blesse et nous déchire ; le manche de l’arme plonge dans la nuit des temps, il se nomme patriarcat, il se nomme civilisation mâle au schéma universel. (…) Le maintien de l’âge industriel (…) c’est la fin du monde terrestre dans trente à cinquante ans. On ne peut dépasser cet âge-là en conservant un système de profit. On ne peut abolir ce système de profit en conservant une société de classes, à savoir un besoin de pouvoir. On ne peut abolir le pouvoir en conservant le monde patriarcal et masculin. C.Q.F.D. L’avenir de l’espèce est entre nos mains. »

Françoise d’Eaubonne

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1992 : Elixir-élections

Élixir-élections

Au début des années 1990, alors que le rejet de l’autre, le racisme, la haine, avaient de plus en plus droit de cité dans les médias et dans le débat public, Françoise fit paraître dans le numéro de mai 1992 de L’Imbécile de Paris (« journal d’humour et d’opinions interdit aux journalistes ») un petit article expliquant pourquoi elle refusait depuis toujours de mettre un bulletin dans l’urne électorale, même pour faire barrage à la peste émotionnelle

 « ‘Le peuple renonce à son pouvoir au moment où il croit l’exercer.’ C’est Sun Yat-Sen qui écrivit cet aphorisme après avoir étudié le mécanisme des élections françaises, avant de renverser le plus vieux pouvoir féodal du monde, le chinois, en 1911. »

Françoise d’Eaubonne

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1996 : Une rose pour Violette

Une rose pour Violette

Romancière née en 1907 et disparue en 1972, Violette Leduc a fortement marqué Françoise d’Eaubonne. Les deux écrivaines furent d’ailleurs amies. Pour un colloque Violette Leduc organisé à l’Université Charles-de-Gaulle à Lille, les 15 et 16 mars 1996, Françoise a écrit ce texte à propos de la difficile réception par le public français de l’œuvre remarquable « d’une écrivaine si prodigieusement douée »

« Faim d’amour, asphyxie de solitaire, ressassement infini de cet ‘océan de larmes’ comme elle se baptisait elle-même, voilà qui irritait et décontenançait le lecteur français de ces années-là. Si La Bâtarde apporta à Violette une juste revanche, ce fut surtout en raison de la hardiesse des tableaux de mœurs et du cruel miroir où l’auteur osait se refléter pour tendre à son lecteur un exemple imprévu de regard sur soi- même. »

Françoise d’Eaubonne

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Visuels et audio de Françoise

Françoise peint, chante…

« J’ai le sang chaud et le cœur lourd des mêmes espoirs, je plante la petite graine qui, peut-être, portera ses fruits au troisième millénaire, tandis que je serai au royaume des taupes. »

Françoise

Prises de vues Coline Pilet

70's : Quelques chansons du FHAR*

*Front homosexuel d'action révolutionnaire

Il est né le mouv'ment du FHAR...

Édifiant ! Les parents, en général, éviteront d'entonner ce chant de Noël devant la crèche, en présence de leurs chères têtes blondes.

La Chanson du FHAR
Les Réunions à l'Odéon

Eh bien I Ma maman ne s'en était pas vantée auprès de moi, de celle-là. Il faut dire qu'à l'époque de ce fait d'arme, je n'avais que 12 à 15 ans, ceci explique cela. (Vincent)

Une descente à Tours

Jean Royer était à l'époque le symbole de la morale catho rigide et donc homophobe.

Poèmes

La Cigale et la Fourmi

Version française classique suivie d'une version en argot du 20e siècle.

Soir de bataille
De Lacenaire

Un poème de Lacenaire, début du 19e siècle donc (entre 1820 et 1836) avant qu'il soit guillotiné.

Requiem pour un pédé

Version récitée de la chanson "A Frederico Garcia Lorca".

Compositions et interprétations diverses

Marie, Myriam, Meriem

Une création de Françoise, qui fait penser à son roman Je ne suis pas née pour mourir.

Les Stances
A Federico Garcia Lorca

Garcia Lorca n'a pas été fusillé, la réalité est encore plus sordide...

La Chaisière de Saint-Sulpice

Chanson de Françoise ou bien vieille chanson réaliste dont nous n'avons pas retrouvé la trace ?…

Le Pendu de Saint-Germain
Les 3 Marins de Groix

Un chant de marins. Comme nous l'avons souligné par ailleurs, Françoise tenait à sa Bretagne.

Sur le pont de Morlaix

Autre chant de marins, dans la même veine. Un chant à hisser.

 

1999 : Autour du sexocide des sorcières

Françoise a 80 ans. Interviewée dans un café de Saint-Denis (Paris) sur Le Sexocide des sorcières, elle parle des religions du Livre et plus largement de la misogynie, du patriarcat et de la gynophobie du mannerbund. Elle brosse un portrait rapide d'elle-même, évoque son travail d'écrivaine ainsi que quelques souvenirs d'enfance.

1972 : Détruire le pouvoir !

En 1972, l’émission de la télévision française Aujourd’hui Madame recevait Françoise d’Eaubonne. Face à un contradicteur qui ne comprend pas pourquoi la militante féministe ne veut pas que les femmes prennent le pouvoir à la place des hommes (pour un mâle, ne pas vouloir le pouvoir étant totalement incompréhensible), Françoise, lapidaire, réplique :
— Tout pouvoir est mauvais entre les mains de qui que ce soit.
— Alors, pourquoi le prendre ?
— Pour le détruire !

Biblio thématique

Biblio thématique

« Je servirai partout la création des autres et les aiderai à forger leur épée. »

Françoise, 1976

Cette page ne contient que les ouvrages ayant fait l’objet d’une note de lecture. Certains ouvrages seront dans différentes catégories.

Essais, Pamphlets, Histoire

1951 : Le Complexe de Diane ; Érotisme ou Féminisme

Paris, Julliard, 301 pages.

En réplique aux critiques masculines et conservatrices portées contre Le Deuxième Sexe de Simone de Beauvoir, Françoise d’Eaubonne, jeune romancière à succès, répond par ce livre écrit en quelques semaines et publié tambour battant par Julliard en 1951.

Dans ce texte, Françoise monte au front avec cette fougue qui lui a déjà valu l’ire de Françoise Mauriac avec qui elle ferraille. Elle s’en prend à tous les conservatismes s’exprimant sur la place des femmes (ou plutôt de « la femme » comme ils disent) dans la société. Et en la jouant fine : la psychanalyse et le communisme règnent en maître sur la vie intellectuelle de gauche de l’époque. (Vincent)

1962 : Les Plus Belles Lettres de Flaubert

Paris, Calmann-Lévy, 1962, 158 pages.

Françoise voyait dans Flaubert le premier des écrivains bourgeois (disposant de temps et d’argent) à avoir introduit ce qu’elle considère comme la valeur cardinale de sa classe en littérature : l’investissement dans la durée (time is money).

Si elle n’oublie pas sa misogynie et les pages atroces qu’il a commises contre la Commune de Paris vaincue, elle lui reconnaît le mérite d’avoir consacré son temps à tenter de s’arracher à la pensée médiocre de son époque et de sa classe (qu’il y soit parvenu est une autre histoire, ndlr), et elle le distingue de ses contemporains en ce qu’il était en refus épidermique du monde (contrairement à Sand, Balzac, Stendhal…).

Françoise, flaubertienne ? Certainement pas. Mais elle lui reconnaît des mérites littéraires et le considère comme un intéressant cas d’école. (Vincent)

1970 : Éros minoritaire

Paris, André Balland, 323 pages.

Dans cet ouvrage précurseur, Françoise d’Eaubonne affirme que l’homosexualité, cet « Éros minoritaire » comme elle la qualifie, a existé de tout temps et sous toutes les latitudes. Comme l’hétérosexualité, elle est une des deux branches principales de l’Éros. Comment se fait-il alors qu’elle ait été tenue pour perversion, maladie, anormalité, voire crime, selon les cultures et les siècles, après avoir été honorée dans le monde antique ? (Alain)

1972 : Le Féminisme, histoire et actualité

Paris, Alain Moreau, 400 pages.

Cet ouvrage est un très dense essai sur l’histoire du féminisme, de l’Antiquité aux débuts des Mouvements de Libération des Femmes états-unien et français. Françoise d’Eaubonne y analyse ces « faits historiques primordaux » que sont « le phallocratisme, le sexisme, puis le féminisme ». En s’appuyant sur une très grande diversité de références (psychanalytiques, anthropologiques, historiques, littéraires…), elle analyse à la fois comment s’est élaborée et maintenue la discrimination sexiste à travers les siècles et les pays, et combien les femmes ont toujours tenté de s’insurger contre elle – bien que leurs révoltes aient été étouffées par différents moyens. Au passage, Françoise d’Eaubonne expose l’ampleur du travail opéré par les prédécesseuses, en retraçant l’histoire culturelle du féminisme occidental – surtout, mais pas seulement, centré sur le cas français –, en proposant extraits de discours ou d’œuvres, en les commentant. C’est un ouvrage qui raconte l’histoire des révolutions féministes, de ses échecs et étranglements successifs à l’avènement du MLF. (Aurore)

1977 : Lettre ouverte au docteur Hutter, médecin-directeur à l'Hôpital-prison de Wittlich (RFA)

Gérard Hof et Françoise d’Eaubonne, inéditions barbares.

En 1976, après avoir été témoin au mariage de Françoise avec Pierre Sanna (détenu à la prison de la Santé à Paris), Gérard Hof, le compagnon de Françoise, emprisonné à l’hôpital-prison de Wittlich (RFA), doit résister aux méthodes particulières appliquées par le docteur Hutter : torture blanche expérimentale, obligation sensorielle, tentative de déstructuration de la personnalité… Sorti de prison, Gérard Hof écrira et publiera ce témoignage accusateur dont Françoise rédigera la préface. (Alain)

1978 : Écologie/Féminisme - Révolution ou mutation ?

Paris, A.T.P., 224 pages.

Écologie/féminisme : révolution ou mutation ? reprend les principales thèses éco-féministes que Françoise d’Eaubonne développe depuis le début des années 1970, pour les porter à un point d’incandescence dans cet ouvrage au ton largement prophétique et apocalyptique. Elle y expose sa conviction qu’il est inutile de continuer à penser l’avenir à l’aune d’analyses politiques érodées : l’imaginaire révolutionnaire a montré ses failles, de l’histoire de la Révolution française à celle des socialismes. Depuis 1972, elle affirme qu’il faut passer à un imaginaire mutationnel : tout doit changer. Parce que le patriarcat est, selon elle, la première cause historique de tous les dysfonctionnements sociaux et environnementaux, parce que l’idéologie « masculine » est une idéologie exploitatrice et dévastatrice, le féminisme et la lutte écologiste sont les derniers remparts contre l’apocalypse environnementale qui se prépare. (Aurore)

réédité sous :
– D’EAUBONNE, Françoise. Écologie et Féminisme : révolution ou mutation ?. Libre & Solidaire, mai 2018, 236 pages.

1978 : Contre-violence ou la résistance à l'État

Paris, Éditions tierce,  96 pages.

Contre-violence est un ouvrage hétéroclite et très rythmé qui associe poèmes, textes politiques, articles parus dans des revues féministes, lettres ouvertes, collages de journaux, tracts… Dans cet essai, Françoise d’Eaubonne refuse de condamner a priori l’usage de la violence pour des raisons morales, ce qui lui permet de penser le large spectre de la violence et de ses conséquences, sans dogmatisme.

Elle n’aboutit pas à une position de compromis, fidèle à elle-même, mais plaide pour le respect mutuel des tactiques et des choix stratégiques. Elle qui a éprouvé et mis en action des actes de contre-violence et qui en connait le coût est ici animée par un souci éthique de l’usage de la violence. Favorable à une contre-violence qui ne s’en prend pas aux vivants, elle est aussi vigilante à la violence contenue, afin que cette violence ne se transforme jamais en vengeance, défoulement individuel, jouissance et in fine en prise de pouvoir ; afin que « le pouvoir aux femmes devienne le non-pouvoir », toujours au service de la diversité et du multiple. (Pauline)

1980 : Histoire de la galanterie : Tome IV au temps des mignons du Roi

Genève, Famot.

Ouvrage très certainement collectif, et travail alimentaire pour Françoise. Le titre fait référence à l’époque d’Henri III, où le terme « mignon » prend définitivement la connotation péjorative que nous lui connaissons encore. Connotation qui n’existait pas auparavant, ce mot, minion, signifiant « fidèle », « serviteur ». Ainsi, les Jésuites furent un temps très sérieusement nommés « mignons de Jésus-Christ ».

Ce sont les critiques, tant des huguenots que des membres de la Ligue, sur les frasques et les excès des redoutables spadassins qui entouraient le jeune roi qui lui donnèrent ce sens dépréciatif. Et dans la mesure où ces critiques les jugeaient efféminés et les soupçonnaient d’homosexualité (ce qui, à l’époque, pouvait valoir le bûcher si l’on n’était pas assez haut placé), il serait intéressant de voir comment Françoise avait abordé la question de la « galanterie ». (Vincent)

1990 : Le Scandale d'une disparition : vie et œuvre du pasteur Doucé

Paris, Libre Arbitre, 116 pages.

Préface de Gilles Perrault.

Protestant baptiste, le pasteur Doucé avait fondé, en 1976, le Centre du Christ Libérateur (CCL) à Paris, un espace d’accueil et de parole pour les croyants des minorités sexuelles et de genre. Après la disparition mystérieuse du pasteur en juillet 1990, Françoise participa avec Gilles Perrault à la création d’un Comité pour exiger la vérité sur cette affaire. Le pasteur sera retrouvé assassiné quelques mois plus tard. (Alain)

1997 : La Liseuse et la Lyre

Paris, Les Belles Lettres, 192 pages.

Dans cet essai intime, Françoise revient sur sa passion des mots. Non pas par nombrilisme, comme le dit fort justement René de Ceccatty dans une critique littéraire du Monde en 1997, mais pour nous rappeler le mot de Danièle Sallenave : « Le livre ne remplace rien, mais rien ne remplace le livre ».

La Liseuse et la Lyre est un essai magnifique où Françoise, là encore, touche à l’universel. Mais sur un ton détaché et presque serein que nous lui connaissions peu, nous rapellant combien sa palette était large. (Vincent)

L’analogie de cette passion trop abstraite avec l’envoûtement de la drogue a inspiré à un auteur de l’entre-deux guerres une dénonciation sous ce titre : « Ce vice impuni, la lecture ». Par quoi put-il faire cette mise en garde ? Par un écrit.

1999 : Le Sexocide des sorcières

Paris, L’Esprit Frappeur, 156 pages.

Dans cet ouvrage, Françoise retrace l’obsession masculine, depuis la destruction des cultures matrocentristes, de faire disparaître le féminin. « C’est bien en Occident chrétien, futur créateur de ‘l’État de droit’, que c’est manifesté le plus tôt et le plus spectaculairement ce rêve de sexocide par le bûcher des sorcières. (…) Ce fut en 1484 que la bulle d’Innocent VIII lança l’initiative d’une extermination qui devait dépeupler l’Europe d’une partie du ‘deuxième sexe’ pendant deux cents ans. » Et l’Église, pour qui toute femme est une sorcière en puissance, bientôt livrera « à la torche du bourreau les milliers de femmes dont elle invente la culpabilité ». (Alain)

2018 : Écologie et Féminisme - Révolution ou mutation ?

Paris, Libre et Solidaire, 233 pages.

Dans ce livre initialement paru en 1978 et faisant suite à Le Féminisme ou la Mort, Françoise théorise sa vision fondatrice de l’écoféminisme.

Cette édition est enrichie d’une préface de Serge Latouche, qui lui rend justice pour sa place de pionnière notamment de la décroissance, et d’une postface de Caroline Golblum, qui nous rappelle quelle femme visionnaire Françoise fut et quelle place elle a tenu dans la vie intellectuelle durant une bonne partie du siècle précédent. (Vincent)

2019 : El Sexocidio de la brujas

Barcelone, Incorpore.

Le Sexocide des sorcières en espagnol

Françoise d’Eaubonne publica El sexocidio de las brujas en 1999, tras cincuenta años de escritura y compromiso político; después de haber introducido en la lengua francesa la palabra falócrata (1971) y haber acuñado el concepto ecofeminismo (1978). (De hecho 1974, NDLR.)

A partir del momento en que los hombres se adueñaron de la fertilidad (mediante la agricultura) y de la fecundidad (mediante la reproducción), la Tierra y la mujer fueron explotadas siguiendo una lógica productivista. El patriarcado es, desde hace cinco mil años, responsable del desastre ecológico y de la esclavitud de las mujeres. La «caza de brujas» es un episodio más de esta dominación que, durante dos siglos, persiguió y masacró masivamente a las mujeres por el mero hecho de ser mujeres y no brujas. (Source : Incorpore)

2019 : El sexocidi de les bruxes

Barcelone, Incorpore.

Le Sexocide des sorcières en Catalan

Françoise d’Eaubonne publica El sexocidi de les bruixes el 1999, després de cinquanta anys d’escriptura i compromís polític, després d’haver introduït en la llengua francesa la paraula fal·lòcrata (1971) i d’haver encunyat el concepte ecofeminisme (1978). (De hecho 1974, NDLR.)

A partir del moment en què els homes es van apropiar de la fertilitat (mitjançant l’agricultura) i de la fecunditat (mitjançant la reproducció), la Terra i la dona van ser explotades seguint una lògica productivista. El patriarcat és, des de fa cinc mil anys, responsable del desastre ecològic i de l’esclavitud de les dones. La «caça de bruixes» és un episodi més d’aquesta dominació que, durant dos segles, va perseguir i va massacrar massivament les dones pel simple fet de ser dones i no bruixes. (Source : Incorpore)

2020 : Le Féminisme ou la Mort

Paris, Le passager Clandestin, 331 pages.

Initialement paru en 1974, ce livre fondateur ouvre de nouvelles perspectives pour les luttes écologistes et féministes, dont Françoise nous dit qu’elles sont appelées à se rejoindre dans le combat contre le patriarcat qui, dans un même mouvement, soumet les femmes et détruit la planète.

Dans ce livre au titre clin d’œil à celui de René Dumont L’Utopie ou la Mort, Françoise annonce ce qui est aujourd’hui une réalité : la destruction du monde par le productivisme et le pouvoir. Le capital, aujourd’hui néolibéral, n’est que le dernier avatar d’un système multimillénaire, dont elle détaillera sa vision historique dans Les Femmes avant le patriacat.

2021 : Le Complexe de Diane

Paris, Julliard, 395 pages.

Plaidant pour une approche qui permettrait de concilier « à la fois le rationnel et l’irrationnel, l’intellect et l’instinct », Françoise ouvre la voie à une démarche de la complétude où les hiérarchies seraient enfin abolies, pour le bien de l’humanité, et où le plaisir, y compris sexuel, serait honoré pleinement. Et c’est dans la richesse et la profondeur de cette pensée encore en gestation que s’éclaire cet horizon inattendu qu’on appellera l’écoféminisme. (Élise)

2022 : Feminism or Death

USA, Verso Books

The incendiary French feminist work that defined ecofeminism — now available for the first time in English.

Originally published in French in 1974, radical feminist Françoise d’Eaubonne surveyed women’s status around the globe and argued that the stakes of feminist struggles were not about equality but about life and death — for humans and the planet. In this wide-ranging manifesto, d’Eaubonne first proposed a politics of ecofeminism, the idea that the patriarchal system’s claim over women’s bodies and the natural world destroys both, and that feminism and environmentalism must bring about a new “mutation” — an overthrow of not just male power but the system of power itself. As d’Eaubonne prophesied, “The planet placed in the feminine will flourish for all.” (Source : Verso Books)

2022 : Il Femminismo o la Morte

Milan, Prospero Editore, 432 pages.

Sortie le 10 novembre 2022, avec une introduction critique de Sara Marchesi.

D’avis partagé, cette introduction est très bonne. Sara Marchesi, au-delà d’une lecture attentive de Françoise, partage avec elle des sources de réflexion, de celles qui ne sont pas les plus évidentes à détecter au premier abord dans l’œuvre de Françoise, comme la philosophe Simone Weil par exemple.

Il n’est pas impossible que, dans l’avenir, Sara Marchesi croise encore Françoise. À la lecture de cette introduction, on le souhaite. (Vincent)

2023 : Écologie/Féminisme – Révolution ou mutation ?

Paris, Le Passager Clandestin, préface Geneviève Pruvost, 349 pages.

Depuis la publication du Féminisme ou la mort en 74 et la parution de sa recherche érudite Les Femmes avant le patriarcat, en 76, Françoise d’Eaubonne a complexifié sa vision de l’écoféminisme.

À contre-courant du féminisme réformiste, qu’elle qualifie de féminisme-de-maman, mais aussi du féminisme marxiste, d’Eaubonne ajoute deux dimensions à l’analyse de l’exploitation (la nature et les pays du Sud) : se libérer, en tant que femme, sur le dos de la planète et des petites mains subordonnées n’est pas un horizon émancipateur. Comment oublier qu’en bout de chaîne se trouvent des femmes courbées dans des champs à l’autre bout du monde ? (Geneviève Pruvost, 2022)

2023 : Le Sexocide des sorcières

Vauvert, Au diable vauvert, collection Nouvelles Lunes, préface Taous Merakchi, 109 pages.

Le sexocide dont parle Françoise d’Eaubonne dans ce texte, le traitement réservé aux « sorcières » lors de la chasse qui a été menée contre elles, n’était qu’un prétexte. C’était une astuce parfaite, adaptée à l’époque dans laquelle ces événements s’inscrivent, pour justifier la torture et le meurtre des femmes. Le Malleus Maleficarum de Kramer et Sprenger serait traité aujourd’hui comme le manifeste d’un incel, lâché sur la toile quelques heures avant d’aller commettre sa tuerie de masse dans un lieu fréquenté essentiellement par des femmes.

Taous Merakchi, 2023

2023 : Contre-violence ou la résistance à l'État

Paris, Éditions Cambourakis, préface Isabelle Cambourakis, 268 pages.

Publié en 1978 dans une maison d’édition féministe, le livre rassemble divers écrits et poèmes de d’Eaubonne rédigés à partir de 1975 en réaction à certains évènements, dont la mort en prison de la militante de la Rote Armee Fraktion (RAF) Ulrike Meinhof en mai 1976 et celle de quatre de ses camarades en octobre 1977. Une partie de ces textes ont été écrits à vif, certains ont été retravaillés plusieurs fois avant publication. La lecture de cet ouvrage pose la question des évolutions et ajustements de l’engagement de d’Eaubonne au fil du temps. (Isabelle Cambourakis, 2022)

« Ce livre est une réflexion urgente sur le Pouvoir et sur la Violence. Françoise d’Eaubonne a une façon unique de tirer à boulets rouges sur ceux qui, emprisonnant ainsi toutes réflexions, amalgament la Contre-violence avec la Violence. Démontant avec brio l’hypocrisie de notre société « La non-violence est l’hommage qu’un monde violent rend à l’idée d’une société sans violence » ! Poursuivant sa réflexion elle s’attaque à la source : LE pouvoir. Elle pointe la nécessite de LE détruire et de reprendre NOS pouvoirs, celui que chacun peut exercer sans limite.

Enfin elle fait mouche avec son coup d’estoc final, quand elle lance au futur : un jour ce sera la « Mutinerie des femmes contre la Société de Pouvoir ». » (Manon Soavi)

Romans

1944 : Le Cœur de Watteau

Éditions Julliard, 354 pages.

Écrit entre 1942 et 1943, ce roman est une succession d’images fouillées et de dialogues truculents. La misère des temps que Françoise traverse comme elle peut trouve un écho dans les descriptions qu’elle fait de la vie populaire sous Louis XIV. Tout un monde d’artisans, de boutiquiers et de soldats du rang revit au fil des pages, en toile de fond de la vie et des peintures d’Antoine Watteau. Les femmes y sont aussi bien présentes, notamment Morena qui incarne l’indépendance durement conquise et préservée. Ce roman à la structure très construite et maitrisée est d’une étonnante maturité pour une autrice de 22 ans. (Vincent)

1947 : Comme un vol de gerfauts

Éditions Julliard, coll. Sequana, 526 pages.

Prix des Lecteurs 1947, ce roman fleuve annonce des thèmes et formes chères à Françoise que l’on retrouvera tout au long de son œuvre romanesque. La mer, sa flibuste et ses naufrages (à sa demande, les cendres de Françoise seront dispersées par un voilier au large du Morbihan), et surtout le roman historique transformé en récit psychologique, car il lui semblait que cette forme était « plus accessible à notre sensibilité moderne », comme elle le dit dans l’introduction. D’où notre sentiment, selon Élise Thiébaut, « de vivre les aventures de l’intérieur », renforcé par de saisissantes descriptions très picturales. (Vincent)

1949 : Indomptable Murcie

René Julliard, coll. Sequana, 559 pages.

Si ce livre est dédié à l’âme de son père, c’est bien ses racines espagnoles que Françoise évoque à travers l’histoire de cette femme, dépossédée parce que rebelle, qui ira, à la tête de sa Cuadrilla, se faire tuer par les français devant Saragosse en 1816 pendant la guerre d’occupation napoléonnienne.

Dans ce roman d’amour, de bruit et de fureur, la partie « Sangre y Fuego » faisant la moitié des 550 pages, Françoise perfectionne son art de la description saisissante qui nous transporte au cœur de l’action, décrite avec une minutie picturale.

1954 : La Hollandaise volante

Diffusée par Radio-Lille.

Probablement perdu, donc nous ne pouvons que spéculer sur cette Hollandaise volante.

Le Hollandais volant est l’archétype des vaisseaux fantômes, en bonne place dans les contes et légendes que se transmettaient et se transmettent encore les gens de mer. Il représente le funeste présage à ne pas croiser sur sa route, car c’est un bateau dont l’équipage a été maudit et condamné à errer sur les flots pour l’éternité.

C’est donc très certainement un conte maritime que proposait Françoise, comme 4 ans plus tard Le Gabier de Surcouf. Notons que le Hollandais est devenue une Hollandaise, et qu’il y a fort à parier qu’elle en a fait une capitaine de vaisseau pirate ou corsaire ; il est même bien possible que l’équipage entier fut féminin. Malédiction pour les hommes qui croisaient leur route ! (Vincent)

1955 : Jours de chaleur

Paris, Éditions de Paris, coll. série blonde, 249 pages.

L’Espagne, encore. Ce roman sentimental cache sous une apparente légèreté des souvenirs de jeunesse de Françoise : la guerre d’Espagne, la Campagne de France. L’héroïne du roman cache un secret, et une âme ardente qui n’est pas sans rapport avec la sienne. Les personnages secondaires sont probablement tirés du vivier des rencontres faites à la villa Les Pamplemousses de son enfance Toulousaine après la retirada, l’exode des républicain(e)s espagnol(e)s en 1939. (Vincent)

1957 : Les Amours de Roméo et Juliette

Paris, Édition Rombaldi, coll. Le club de la Femme.

Voici, le sujet s’y prête, un roman aux accents cyrannesques, qui vaut le coup pour ses descriptions minutieuses et colorées de Vérone au XVème siècle. Hormis cela, c’est un ouvrage alimentaire, écrit sans passion. Vivre de sa plume, sans soutien financier, position ou mari, peut nécessiter d’en passer par là. (Vincent)

1958 : Fort des Femmes

Paris, le Livre contemporain.

Mac Orlan disait de Françoise : « Son style est si coloré qu’il faut lire ses livres avec des lunettes de soleil ». Qu’aurait-il dit des Bergères de l’Apocalypse préfiguré par ce livre ? Car c’est bien d’un combat de femmes les armes à la main qu’il s’agit : une troupe de pauvres émigrées mendiantes, prostituées et voleuses qui se rencontrent dans le fond de cale du bateau sur lequel elles fuient la misère pour bâtir un avenir meilleur dans les Amériques au début du XIXe siècle. Et ce ne sont pas les titres de chapitres sarcastiques comme La joie d’être mère ou Le repos du guerrier qui nous feront douter des intentions de l’autrice. (Vincent)

1959 : Je m'appelle Kristine

Éditions Albin Michel, Paris, 285 pages. Réédition titrée Moi, Kristine, reine de Suède, 1979

Les Mémoires d’Hadrien, le monument de Marguerite Yourcenar paru 7 ans plus tôt, ne peut que nous revenir à l’esprit à la lecture du roman de Françoise. Et ce n’est pas les indices transparents qu’elle a laissés qui infirmeront ce constat. On pourrait penser à une imitation stylistique, alors qu’il faut y voir ce que ces deux grandes autrices partageaient : une vraie connaissance des Grecs et des Latins.

Connaissance que Françoise met au service de son propos qui, toujours, aura été de dire : Femmes ! Soyez fières d’être ! C’est bien grâce à ce propos que j’aurai tout naturellement, dès mes lectures enfance, été amené à considérer qu’un héros épique pouvait aussi bien être une héroïne.

Avec Kristine de Suède, Françoise brosse une figure historique à la hauteur de son intention. Amie et correpondante des plus grandes figures intellectuelles et scientifiques de son siècle, cheville ouvrière du traité de Westphalie, aventureuse et batailleuse, diplomate et pacificatrice, la reine Kristine fut sans conteste l’un des plus importants personnages de l’Europe de son époque. (Vincent)

1959 : J'irai cracher sur vos tombes

Éditions Seghers, Paris, 220 pages.

En 1946, paraît aux Éditions du Scorpion un livre signé Vernon Sullivan portant ce titre. Jugé scandaleux, il fait alors l’objet d’un procès intenté par  un Cartel d’action sociale et morale, ce qui révèle que son véritable auteur est Boris Vian. Il sera condamné à 15 jours de prison, vite amnistié, pour outrage aux bonnes mœurs. Le livre interdit, Boris Vian en tirera une pièce, puis un film, et c’est quelques jours avant sa mort qu’il donnera à Françoise l’autorisation d’écrire sous ce titre une nouvelle version de son roman dont le parfum de scandale et le goût de l’époque pour les thrillers américains en feront un succès littéraire. (Vincent)

1979 : On vous appelait terroristes

Yverdon, Kesselring, 389 pages.

Livre entamé suite à la mort d’Ulrike Meinhof en prison, On vous appelait terroristes propose une biographie partielle, romancée et polyphonique, des protagonistes de la Fraction Armée Rouge allemande. Chaque chapitre se concentre sur l’expérience que chacun d’entre eux fait (à la mort de Katrina, Ulrike Meinhof) à propos du mouvement, de sa création et des premiers attentats. C’est l’engrenage fatal de la contre-violence qu’y met en scène Françoise d’Eaubonne. Elle montre comment ces jeunes personnes, militants proches de la non-violence au début du roman, arrivent progressivement à la conviction qu’une violence armée est le seul recours efficace qui leur reste pour lutter contre les crimes d’État.

On vous appelait terroristes est un titre dénonciateur : les « guerillos urbains » ne sont pas, selon d’Eaubonne, des « terroristes », mais des militants de la « contre-violence ». (Aurore)

1979 : Moi, Kristine, reine de Suède

Encre, collection Mémoire des Femmes, 273 pages. (Réédition, original paru sous le titre Je m’appelle Kristine, 1959)

Les Mémoires d’Hadrien, le monument de Marguerite Yourcenar paru 7 ans plus tôt, ne peut que nous revenir à l’esprit à la lecture du roman de Françoise. Et ce n’est pas les indices transparents qu’elle a laissés qui infirmeront ce constat. On pourrait penser à une imitation stylistique, alors qu’il faut y voir ce que ces deux grandes autrices partageaient : une vraie connaissance des Grecs et des Latins.

Connaissance que Françoise met au service de son propos qui, toujours, aura été de dire : Femmes ! Soyez fières d’être ! C’est bien grâce à ce propos que j’aurai tout naturellement, dès mes lectures d’enfance, été amené à considérer qu’un héros épique pouvait aussi bien être une héroïne.

Avec Kristine de Suède, Françoise brosse une figure historique à la hauteur de son intention. Amie et correpondante des plus grandes figures intellectuelles et scientifiques de son siècle, cheville ouvrière du traité de Westaphalie, aventureuse et batailleuse, diplomate et pacificatrice, la Reine Kristine fut sans conteste l’un des plus importants personnages de l’Europe de son époque. (Vincent)

1983 : À la limite des ténèbres

Paris, Encre, 278 pages.

« Je suis un assassin. Plus qu’un assassin : un démon, un animal féroce, un être qui ne tire sa vie que du sang des autres, comme les vampires… J’ai tué vingt-sept personnes, pour la plupart des femmes ; toujours dans les ténèbres, à la tombée de la nuit. » C’est ainsi que s’exprime le héros maudit d’un des plus incroyables faits divers des annales du crime.

Françoise d’Eaubonne s’est attachée à peindre la tragédie intime de ce personnage schizophrénique, l’évolution entre génie et démence des forces sombres du désordre mental. Il finira par épuiser sa propre violence et devenir, amèrement, le spectateur de son délire.

(4ème de couverture)

1992 : Toutes les sirènes sont mortes

Paris, Editions de Magrie, 208 pages.

Collection les Nuées Volantes.

Françoise nous livre là un roman épuré, profond et sensible. Dans une localité perdue de Bretagne, une écrivaine cherche à échapper à ses démons, mais une enquêtrice bien innocente, jouet dans les mains de son patron, vient bouleverser ses cauchemars. « Puissant, émouvant, d’une sensibilité rare » (lettre de Gilles Perrault à Françoise). (Alain)

Biographies

1944 : Le Cœur de Watteau

Éditions Julliard, 354 pages.

Écrit entre 1942 et 1943, ce roman est une succession d’images fouillées et de dialogues truculents. La misère des temps que Françoise traverse comme elle peut trouve un écho dans les descriptions qu’elle fait de la vie populaire sous Louis XIV. Tout un monde d’artisans, de boutiquiers et de soldats du rang revit au fil des pages, en toile de fond de la vie et des peintures d’Antoine Watteau. Les femmes y sont aussi bien présentes, notamment Morena qui incarne l’indépendance durement conquise et préservée. Ce roman à la structure très construite et maitrisée est d’une étonnante maturité pour une autrice de 22 ans. (Vincent)

1979 : Moi, Kristine, reine de Suède

Encre, collection Mémoire des Femmes, 273 pages. (Réédition, original paru sous le titre Je m’appelle Kristine, 1959)

Les Mémoires d’Hadrien, le monument de Marguerite Yourcenar paru 7 ans plus tôt, ne peut que nous revenir à l’esprit à la lecture du roman de Françoise. Et ce n’est pas les indices transparents qu’elle a laissés qui infirmeront ce constat. On pourrait penser à une imitation stylistique, alors qu’il faut y voir ce que ces deux grandes autrices partageaient : une vraie connaissance des Grecs et des Latins.

Connaissance que Françoise met au service de son propos qui, toujours, aura été de dire : Femmes ! Soyez fières d’être ! C’est bien grâce à ce propos que j’aurai tout naturellement, dès mes lectures d’enfance, été amené à considérer qu’un héros épique pouvait aussi bien être une héroïne.

Avec Kristine de Suède, Françoise brosse une figure historique à la hauteur de son intention. Amie et correpondante des plus grandes figures intellectuelles et scientifiques de son siècle, cheville ouvrière du traité de Westaphalie, aventureuse et batailleuse, diplomate et pacificatrice, la Reine Kristine fut sans conteste l’un des plus importants personnages de l’Europe de son époque. (Vincent)

1985 : Louise Michel la Canaque

Paris, Encre, 238 pages.

1873. Louise Michel, condamnée à la déportation, arrive en Nouvelle Calédonie où elle restera sept ans. Dans cette île qui n’est pas encore conquise militairement, sa force d’âme lui permettra de trouver de grandes joies dans la nature luxuriante et surtout auprès du peuple Kanak, qu’elle sera seule à soutenir en 1878 quand les anciens communards se ligueront avec les geôliers pour une entreprise d’extermination. Louise, sous la plume de Françoise, retrouve une vie à la hauteur de la femme exceptionnelle qu’elle fut. (Vincent)

1986 : Une femme nommée Castor – Mon amie Simone de Beauvoir

Paris, Encre, 366 pages.

Bouleversée par la disparition de Simone de Beauvoir en 1986, Françoise a tenu, dans cet ouvrage, à nous présenter celle dont Le Deuxième Sexe l’avait tant marquée. Sont abordés avec délicatesse l’amitié qui les a unies, l’œuvre littéraire de Beauvoir et son rapport intime à Sartre, ainsi que les quelques désaccords théoriques que les deux autrices ont pu avoir. (Alain)

De L’Indicateur du réseau, partie encore inédite :

C’est au cours de la période mouvementée des divers mouvements « paix en Algérie » (…) que j’entre, pour la première fois, chez Simone de Beauvoir. Je connais et fréquente depuis 1947 l’auteur du Deuxième Sexe, mais je l’ai perdue de vue assez longtemps ; elle racontera nos retrouvailles dans La Force de l’âge.

1990 : Le Scandale d'une disparition : vie et œuvre du pasteur Doucé

Paris, Libre Arbitre, 116 pages.

Préface de Gilles Perrault.

Protestant baptiste, le pasteur Doucé avait fondé, en 1976, le Centre du Christ Libérateur (CCL) à Paris, un espace d’accueil et de parole pour les croyants des minorités sexuelles et de genre. Après la disparition mystérieuse du pasteur en juillet 1990, Françoise participa avec Gilles Perrault à la création d’un Comité pour exiger la vérité sur cette affaire. Le pasteur sera retrouvé assassiné quelques mois plus tard. (Alain)

Autobiographies

1980 : L'Indicateur du réseau

Paris, Encre, 350 pages.

Troisième volume des mémoires de Françoise d’Eaubonne, L’Indicateur du réseau retrace des événements importants de sa vie à partir des noms de lieux dans lesquels ils se sont déroulés : avec humour, elle parle d’un « bilan topographique ». Le récit avance au fil, alphabétique, des noms de gares, et on la croise ainsi successivement à différents âges de sa vie : son enfance, sa famille, ses proches, la guerre, ses premières relations – plus que ratées – avec des hommes, ses livres, son écriture, ses combats. On y lit combien l’écriture est, pour elle, une arme de résistance.

Ce texte n’a jusqu’à présent jamais été publié dans son intégralité. Dans la partie toujours inédite (déposée à l’IMEC), Françoise, soulignant sa « ferveur pour cette contre-littérature qu’est la Science-Fiction », précisait que la SF, « comme tout ce qui est contre, rajeunit et rafraîchit l’ancienne forme, et c’est pourquoi je choisis ici le nom de contre-mémoires ». (Aurore et Alain)

1997 : La Liseuse et la Lyre

Paris, Les Belles Lettres, 192 pages.

Bien que ce ne soit pas à proprement parler une autobiographie, cet essai intime est suffisamment éclairant sur le rapport que Françoise entretenait avec les mots pour avoir place ici.

Françoise y revient sur sa passion des mots non pas par nombrilisme, comme le dit fort justement René de Ceccatty dans une critique littéraire du Monde en 1997, mais pour nous rappeler le mot de Danièle Sallenave : « Le livre ne remplace rien, mais rien ne remplace le livre ».

La Liseuse et la Lyre est un essai magnifique où Françoise, là encore, touche à l’universel. Mais sur un ton détaché et presque serein que nous lui connaissions peu, nous rappelant combien sa palette était large. (Vincent)

L’analogie de cette passion trop abstraite avec l’envoûtement de la drogue a inspiré à un auteur de l’entre-deux guerres une dénonciation sous ce titre : « Ce vice impuni, la lecture ». Par quoi put-il faire cette mise en garde ? Par un écrit.

2001 : Mémoires irréductibles - De l'entre-deux guerres à l'an 2000

Paris, Dagorno, 1135 pages.

Tout un siècle (ou presque) ! Ce volumineux recueil regroupe les différents tomes de mémoires de Françoise d’Eaubonne déjà publiés à différents moments de sa vie : Chienne de jeunesse (pour la période de 1930 à 1945), Les Monstres de l’été (de 1945 à 1965), L’Indicateur du réseau (qui balaye différentes époques jusqu’en 1978), ainsi qu’un tome édité ici pour la première fois, Les Feux du crépuscule (où l’autrice, approchant de la fin de sa vie, se tourne une ultime fois sur son XXe siècle).

Un ou deux autres manuscrits autobiographiques n’ont, jusqu’à présent, jamais fait l’objet d’une édition. (Alain)

Science-fiction

1960 : Planète sans adieu

Paris, Arthème Fayard, 26 pages.

Pages 23 à 46 dans ouvrage collectif. Nouvelle de SF : un voyage dans le temps, une héroïne, et un amusant jeu d’imagination sur l’influence des glaciations dans le développement d’Homo.

Si le texte est sans grande conséquence, la patte de Françoise est bien là. Et cela aura pu être pour elle un délassant jeu d’écriture, une récréation à ses travaux de fond de ces années-là. (Vincent)

1975 : Le Satellite de l’Amande

Paris, des femmes, 253 pages.

Tous les hommes ont disparu. Entendez : tous les mâles. Dans ce roman, où elles se reproduisent par ectogénèse (un moyen de reproduction qui leur permet de se passer des hommes), les femmes, après avoir redonné vie à une Terre dévastée par la pollution, le Capital et le patriarcat, partent explorer une petite planète étrange, loin de notre système solaire. Cette expédition réservera bien des surprises aux lectrices et lecteurs de ce conte philosophique. « Passionné, impérieux. En fresques et en reliefs ! » (Victoria Thérame). Le Satellite de l’amande est le premier volet d’une saga qui sera poursuivie par Les Bergères de l’apocalypse et par une troisième partie non encore éditée. (Alain)

2022 : Le Satellite de l'Amande

Paris, Des Femmes–Antoinette Fouque, 176 pages.

1975. J’ai 21 ans, je connais Françoise depuis plusieurs mois et nous sommes déjà devenus inséparables. Des Femmes publient Le Satellite de l’Amande, un roman de science-fiction dans un monde composé uniquement de femmes. Je suis emballé. L’exploration de la petite exoplanète, les questionnements philosophiques de la narratrice, la plume légère de l’autrice, tout charme ma tumultueuse jeunesse. 47 ans plus tard, les éditions Des Femmes rééditent cet ouvrage, et c’est donc avec un plaisir tout particulier que je repars à la découverte de cet univers d’Eaubonnesque. (Alain)

2022 : Les Bergères de l'Apocalypse

Paris, Des Femmes–Antoinette Fouque, 650 pages.

1978. Contrairement à beaucoup de lectrices et lecteurs bien plus lucides que moi, ce roman, à sa sortie, me passe au-dessus de la tête ; je m’attendais à quelque chose d’aussi charmant que Le Satellite de l’Amande et suis décontenancé. Avec ma lenteur d’esprit habituelle (pour reprendre une expression que Françoise avait employée avec fausse modestie envers elle-même), il m’aura fallu attendre 2022 et cette réédition par Des Femmes-Antoinette Fouque pour découvrir ce que je considère dorénavant être un véritable chef d’œuvre. Me reste un petit regret : celui de n’avoir pu dire à Françoise mon enthousiasme débordant. (Alain)

2022 : Un bonheur viril

Paris, Des Femmes–Antoinette Fouque, 250 pages.

Sorti le 10 novembre, ce troisième tome clôt (presque) la saga des Bergères de l’Apocalypse. Sans que nous en sachions les raisons, ce texte, écrit au début des années 1980, n’avait encore jamais été édité. Pourtant, comme l’écrit Élise Thiébaut dans sa préface, « en lisant [ce texte] j’ai eu l’impression [qu’il] était la clé de toute la saga, le point d’entrée qui permettait de la comprendre enfin dans sa totalité ».

Il y est question de la guerre mondiale des sexes du point de vue du camp de l’ennemi, à travers la vision névrosée du fondateur de Gynophobia (tout un programme…). On peut faire un parallèle avec l’œuvre de Margaret Atwood, La Servante écarlate, publiée en 1985.

Merci à l’IMEC qui nous a permis d’exhumer ce manuscrit, à Élise Thiébaut, ainsi qu’à Alain pour son précieux travail de relecture. (Vincent)

Poésies

1942 : Colonnes de l'âme

Éditions Lutétia, coll. Itinéraire n°1.

Préface manuscrite de Joë Bousquet. Collection Itinéraires sous la direction de Jacques Aubenque, qui a écrit la postface de ce recueil.

Dix-huit poèmes de Françoise, à 22 ans, répartis en quatre thèmes (Amour, Foi, Songe, Révolte), chacun illustré d’un dessin de l’autrice. (Vincent)

1954 : Une pomme rouge : mon cœur

Paris, Pierre Seghers (coll. Poésie 54 n°374), 15 pages.

Avec pour titre un vers de Nazim Hickmet et dédiés à Henri Lefèbvre, neuf poèmes en trois sections. La première sur l’amour, ses combats et ses souffrances, la deuxième à la mémoire de Julius et Ethel Rosenberg (quatre ans plus tard, Françoise donnera « Julius » comme second prénom à son fils). La dernière section, Trois poèmes pour mon Parti (Françoise est alors membre du PC), contient un long poème à la mémoire de son père pour lui dire ce qu’elle lui doit de son engagement communiste. (Vincent)

Jeunesse

1958 : Chevrette et Virginie

Hachette, coll. Bibliothèque verte n°46, 253 pages.

Ce premier roman destiné à la jeunesse est orné d’une couverture dont la lecture pourrait être aujourd’hui beaucoup moins innocente qu’à l’époque. Et c’est bien l’histoire de deux femmes aventurières et naufragées qui nous est contée. On pourra même se hasarder à penser que Françoise se serait bien passée du personnage du Chevalier de La Barre, qui semble être là pour sauver les apparences et préserver la pureté morale de nos chères têtes blondes… Mais ne serait-ce pas anachronisme ou spéculation sur d’éventuelles intentions encore inconscientes chez l’autrice ? (Vincent)

1959 : Le Gabier de Surcouf

Bruxelles, Éditions Brepols (Bruxelles), 138 pages.

Ce livre pour la jeunesse aurait eu sa place dans la Bibliothèque Verte. L’histoire se déroule à l’Île de France, qui deviendra l’Île Maurice. On y retrouve le célèbre corsaire, un jeune gabier, une jeune philosophe, etc., et un certain M. Piston, incarnation de l’un des ancêtres de Françoise.

Attachée à ses racines bretonnes et maritimes, l’autrice aurait beaucoup aimé cette chanson de Michel Tonnerre dans cette très belle interprétation de Thalie (qui connaît Françoise et l’apprécie). Merci à celle-ci de m’avoir autorisé à l’insérer ici, et aux ayants-droits de Michel. (Vincent)

1961 : Les Fiancés du Puits-Doré

Hachette, coll. Bibliothèque verte n°185, 187 pages.

Aux côtés de Don Quichotte et de Cyrano de Bergerac, le bandit d’honneur Mandrin Belle-Humeur a toute sa place dans le panthéon de Françoise. Elle lui a d’ailleurs consacré un ouvrage en 57. Notre Robin des Bois français partage ici la vedette avec une jeune fille de 11 ans qui fait preuve de qualités d’audace, de courage et d’engagement « point attendue des personnes de son sexe », pour paraphraser une tournure du 18ème siècle.

Ce roman de la Bibliothèque Verte, beaucoup mieux écrit que le reste de la collection pour ce que je m’en souviens, est bien dans la lignée des autres livres jeunesse de Françoise : descriptions colorées et minutieuses, contexte historique réaliste, aventures et rebondissements à tous les chapitres. Un livre tout à fait propre à donner le goût des belles lettres. (Vincent)

1962 : L’Amazone bleue

Hachette, coll. Bibliothèque verte n°208, 249 pages.

Françoise était très marquée par le Père Hugo, et notamment par sa vision des guerres de Vendée. C’est pourquoi, tout en donnant raison à la République, elle dresse un tableau qui n’est pas manichéen. Elle fait d’ailleurs passer d’un camp à l’autre certains protagonistes de son récit, dont la figure de proue est une jeune femme qui combat et intrigue, se trouvant partout où se joue le destin de la France. (Vincent)

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