1952 : Ivelle

Julliard, 272 pages.

Ivelle, c’est l’histoire d’une jeune fille d’aujourd’hui. Âme ardente, inquiète, assoiffée de justice… Elle croit découvrir une sorte de surhomme en Yvon, lequel s’imagine fondateur d’une philosophie nouvelle… Elle le suit à Paris dans les milieux de Saint-Germain-des-Prés… Elle se trouvera bientôt mêlée, avec son maître, à une retentissante affaire de meurtre. (extraits de la 4ème de couverture)

Hors l’histoire de meurtre, il n’est pas besoin d’être Sherlock Homes pour supposer que ce roman s’appuie sur le parcours de Françoise : Yvon, ne serait-ce pas Jean-Charles Pichon, l’auteur d’obscures interprétations sur l’histoire des mythes ? (Vincent)

1933 : Mireille, fille des montagnes

Ce roman, le tout premier de Françoise, publié en version raccourcie, est probablement définitivement perdu. Voici son histoire, fondatrice.

1932, les éditions Denoël et Stelle lancent un concours littéraire pour les moins de 13 ans. Il est demandé un minimum de 200 lignes pour se présenter sur la ligne de départ. Françoise a 12 ans, elle concourt avec un roman qui fait 225 pages. Le jury, un peu stupéfait, lance une enquête, interroge discrètement le curé de la paroisse : outre sa taille hors-norme, le texte contient des présupposés sur la vie amoureuse des personnages qu’il parait bien difficile d’attribuer à la plume d’une enfant. Vérifications faites, Françoise remporte le concours.

Elle n’en était pas à son coup d’essai, ayant achevé un premier roman de 50 pages à ses 10 ans, quelques actes de drames cornéliens et nombre de poèmes, car dans son enfance elle plaçait la poésie au-dessus de tout. Si Dostoïevski, Zola et tant d’autres brillèrent fort tôt et fort vivement à son firmament, c’est définitivement Rimbaud “dont je sus rapidement par cœur toute l’œuvre en vers” qui restera pour elle l’Indépassable : elle lui consacrera trois livres.

L’enfant ne passe pas inaperçue. Colette, qui a fait publier deux poèmes de ses neuf ans, lui fait savoir que son destin est là : elle sera écrivaine, il faut qu’elle le soit. Cette rencontre a tant bouleversé Françoise que sa Déesse l’intimidera toute sa vie au point de ne pas oser (Françoise, ne pas oser !) la contacter de peur de faire perdre de précieux moments à son génie. De mémoire, il me semble qu’elles ne se recroiseront qu’une seule fois.

Françoise d’Eaubonne est née aux lettres en 1933. (Vincent)