Le pouvoir pourrit l’imagination

Par Alain Lezongar

"Fils adoptif" de Françoise, heureux de contribuer à faire vivre sa pensée et son œuvre.

Publié le 09/05/2022

Témoignages, journal fondé en 1944 à La Réunion par le docteur Raymond Vergès (père de l’avocat Jacques Vergès), a publié le 7 mai, sous la plume de l’éditorialiste David Gauvin, un résumé de la vie de Françoise dans lequel celui-ci insiste avec pertinence sur la nécessité, selon la militante, de détruire tout pouvoir.

L’imagination comme seul pouvoir. En détournant le slogan iconique de mai 68 “l’imagination au pouvoir”, Françoise d’Eaubonne raconte à la fois les errements d’un mouvement auquel elle prit part mais dont elle dénonce immédiatement ou presque les impasses, l’absence de considération des pensées révolutionnaires qu’elle appelle du Désirant et du Refus, féministes et homosexuelles et la non remise en cause de la vicissitude fondamentale de notre structure sociale : le pouvoir. Pour elle, tout mouvement révolutionnaire doit viser non pas le pouvoir mais la destruction de celui-ci. Le pouvoir pourrit l’imagination, or l’imagination est un pouvoir. Pour Françoise d’Eaubonne, l’imagination comme seul pouvoir, c’est revendiquer la nécessité d’engager nos imaginaires dans la lutte contre le système mâle. Il faut réinvestir et réinventer les mythes, s’emparer du pouvoir de la poésie, des mots, pour appréhender, et tordre, le réel. Renverser l’ordre établi passe par un renversement des imaginaires. Un pouvoir de l’imagination dont son œuvre visionnaire et l’inventivité de sa praxis militante faite de happenings et d’action directe sont les reflets.

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