Exposition Over the rainbow

Par Alain

Fils adoptif de Françoise, heureux de contribuer à faire vivre sa pensée et son œuvre.

Publié le 04/08/2023

Il est un temps que les moins de 20 ans méconnaissent peut-être. Une époque où l’on ne pouvait pas se marier entre personnes de même sexe, où les marches des fiertés ne réunissaient pas des centaines de milliers de personnes dans les rues des grandes villes, où le genre était encore un concept souterrain, et où l’on ne parlait pas de « queers ». Où, pour le dire sans détour, l’homosexualité était mise au ban et invisibilisée, hormis dans certains cercles privilégiés.

L’exposition Over the rainbow, présentée jusqu’au 13 novembre au Centre Pompidou (Paris), nous rafraîchit la mémoire à travers plus de 500 œuvres, et illustre « comment, depuis le début du vingtième siècle, les artistes ont contribué à transformer la représentation des sexualités dites « minoritaires » et ont participé aux luttes menées par les communautés LGBTQIA+ pour la reconnaissance de leurs droits. »

Loin d’offrir un récit unidimensionnel, « Over the Rainbow » propose une constellation d’œuvres diverses ayant pour point commun d’affirmer, chacune à sa façon, ce que dénigre la représentation homophobe. Ancrée dans une dimension éminemment sociale, les oeuvres présentées se déploient principalement dans les disciplines de la reproduction mécanique, seules susceptibles d’offrir une diffusion élargie, comme le cinéma ou l’imprimé.

Ces œuvres d’une diversité remarquable permettent de (re)découvrir :

le salon lesbien de Natalie Clifford Barney, lieu de fermentation artistique d’une pensée alternative à la croisée des disciplines; l’œuvre homoérotique de Jean Cocteau, auteur après André Gide d’un des premiers ouvrages littéraires militants, Le Livre blanc (1928) ; la photographie de l’entre-deux-guerres, médium privilégié d’expression du désir homosexuel chez Florence Henri ou Raymond Voinquel ; le théâtre des inversions du Paris des années folles, où les genres se troublent ou s’échangent dans l’œil d’un Brassaï ou d’une Gerda Wegener ; l’« homosexualité noire » du Jean Genet de Querelle de Brest (1947) et d’Un chant d’amour (1950) ; l’émergence de la culture du cuir à la fin des années 1960, chez Kenneth Anger ou Nancy Grossman ; les productions graphiques et vidéos du militantisme, dans les années 1970, autour du Front Homosexuel d’Action Révolutionnaire (FHAR) ; la réponse de collectifs d’artistes antisida comme Boy / Girl with Arms Akimbo à l’inaction voire au déni des pouvoirs publics; l’affirmation de la théorie queer dans les années 1990 et le développement de formes d’art contemporaines mêlant aux questions de sexualité, celles du genre, de l’origine ethnique et / ou de la classe sociale.

Parmi tous ces visuels, on pourra remarquer quelques photographies prises à Paris par mon époux, Jean-Claude Aubry, lors des toute premières manifestations homosexuelles, ancêtres des Marche des fiertés ; au début des années 1980, l’heure était aux revendications plus qu’à la fête.

L’exposition Over the rainbow est ouverte au public du 28 juin au 13 novembre 2023, tous les jours sauf le mardi de 11 H à 21 H.

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1 Commentaire

  1. Vincent

    Merci pour ce rappel historique, et très content que mon beau-frère qui a bien connu Françoise et à qui l’on doit de nombreuses photos présentes sur ce site, comme pour le colloque de Novembre 22 par exemple, soit présent sur le site !

    Réponse

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