La rentrée de Françoise

Par Vincent d'Eaubonne

Fils de Françoise, je m'active avec d'autres à faire connaitre sa vie et sa pensée, et à la prolonger dans la mesure de mes moyens.

Publié le 30/08/2025

Deux mois. Deux mois que Françoise me fiche une paix royale, consacrés à perdre la tête pour habiter mon corps (cette formule est d’elle) puis à laisser ouverts tous les possibles face à l’âge qui tente de vous mettre des œillères. Une crastination de pro, donc. Oui, je sais, ce jeu de mot est douteux, mais n’attendez pas de moi des fulgurances d’esprit alors que je sors tout juste de ma douce léthargie.

Françoise sait pouvoir compter sur ses alliées pour me remobiliser. Elise me demande quand, enfin, elle pourra me lire. Manon me rappelle qu’il serait bon que je reprenne les actus, car il se passe des choses. Et toute une galaxie de kamis, déesses et fées de berceaux trouvent que, quand même, ça commence à bien suffire de glander comme ça. À un moment donc pour calmer la pression il faut s’y mettre, alors voilà. Notez le nombre de virgules dans cette dernière phrase qui sont autant d’arrêts pour mieux retarder, encore un peu, l’échéance, bref :

      Françoise était focus sur son petit-fils David Dufresne, et le résultat est là. Toujours à la tête de sa Brigade Au Poste, il a trouvé le temps d’écrire Remember Fessenheim, qui sort le 17 septembre chez Grasset.

Vous avez peut-être lu du même auteur Tarnac, magasin général, Prix des Assises 2012. La réflexion intime s’y marie à l’investigation rigoureuse, nouvelle manière de documenter saluée par la profession. Treize ans après David reprend la démarche et nous livre une Françoise dont les faits d’armes ne se sont pas limités à son action contre la centrale nucléaire d’Alsace. C’est une découverte, il semble bien que, contrairement à son habitude, Françoise a su là se faire discrète.

En parallèlle, David donne son point de vue sur cette impossible grand-mère aux rapports compliqués avec la famille de sa fille (sa mère), mais dans quel monde idéal les rapports familiaux sont-ils simples en société patriarcale ? Dans cet aller-retour entre le personnel et l’action publique l’auteur s’inscrit dans une affirmation fondamentale rappelée par nos sœurs et mères des années 70 : le personnel est politique. En cela, entre autres, il est bien le petit-fils de Françoise.

     Françoise inspire le monde des arts plastiques et de la scène, avec une petite dizaine de productions régulièrement en lien avec l’Université. C’est encore le cas avec une nouvelle conférence performée de Marion Lenavet et Delphine Sangu Françoise d’Eaubonne, Amazone écoféministe. Le titre vous semble familier ? Rien de  plus normal puisque  l’Amazone verte, le roman de Françoise d’Eaubonne de notre amie Elise Thiébaut sert de fil rouge à ceete pièce dont les nantais auront la primeur le 19 septembre, 20H, à la Maison Des femmes – Simone de Beauvoir. À noter, dans la scénographie, une chaise ayant très probablement appartenu à Simone de Beauvoir…. La représentation sera suivie d’un débat avec le public, on vous y attend !

    Comprendre Françoise, c’est se pencher sur des aspects méconnus de son histoire. D’où ma réflexion sur l’influence du christianisme dans sa vie et son œuvre qui s’est concrétisée par une rencontre publique à Paris. Je remets le couvert avec Delphine Sangu le 3 Octobre au 17H au Passage Sainte-Croix à Nantes. J’y dirais comment elle était aussi vent debout contre l’Eglise, dénonçant la patriarcalisation de la Parole, qu’elle voyait positivement cette Parole comme n’était pas à son origine masculiniste et impériale. Et Delphine illustrera le propos avec l’Evangile selon Véronique, dernier livre de Françoise, qu’elle traduit actuellement en espagnol.

     Quelques news générales pour finir : nous attendons toujours la sortie de Histoire de l’art et lutte des sexes aux Presses du Réel, la Corée et la Norvège travaillent d’arrache-pied à la traduction de Le féminisme ou la mort, des possibles se dessinent pour la réédition de Louise Michel la Canaque et de l’Evangile selon Véronique. Sans compter ce qui est encore dans les limbes mais qui finira par advenir. Et elle sera présente ici et là pour la journée du matrimoine, je vous laisse faire les recherches sur le Net.

Ne voulant pas éprouver votre patience, je vous  propose d’adoucir la frustration en regardant Clint Eastwood confronté au plastiquage de Fessenheim dans L’inspecteur Harry ne renonce jamais. Un moment d’anthologie !

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