C’est dans les années 1950 qu’en parallèle au développement de l’armement atomique la France s’est engagée dans la construction des premières centrales nucléaires françaises. Puis c’est au début des années 1970 que le gouvernement de l’époque a fait le choix du « tout nucléaire » pour la production d’électricité. Et c’est à la fin du siècle dernier que la France est devenue le deuxième pays producteur d’électricité à base d’énergie nucléaire.
Tout au long de ces décennies et jusqu’à aujourd’hui, le principal argument avancé par les chefs d’État et les gouvernements successifs pour imposer ce choix délirant a été la fameuse « indépendance énergétique de la France ». Ainsi, le 10 février dernier, pour justifier sa décision de relancer la construction de centrales nucléaires, le président français a annoncé la « renaissance » du nucléaire français en nous vantant la « souveraineté » nationale.
Souveraineté ?
Depuis le début de l’histoire du nucléaire « civil » français, la construction des centrales s’est faite en réalité grâce aux multinationales américaines et à leurs technologies. Le sabotage exécuté en mai 1975 par Françoise d’Eaubonne, selon ses écrits, sur le chantier de la construction de la centrale de Fessenheim (la première centrale nucléaire française de type réacteur à eau pressurisée) a pourtant eu le mérite de démontrer le côté poudre perlimpinpinesque de l’argument de la souveraineté. La conception de la centrale alsacienne reposait en effet sur la technologie des réacteurs à eau pressurisée de l’entreprise américaine Westinghouse Electric, et la pompe du circuit hydraulique endommagée par l’explosion a dû être réparée, durant de longs mois, sur le territoire des États-Unis par cette même entreprise.
Indépendance ?
Par ailleurs, aucune centrale nucléaire ne peut fonctionner sans combustible, et notamment sans uranium. Or, le nucléaire français est extrêmement dépendant de ses importations d’uranium enrichi sans lequel ces monstres de béton ne seraient qu’horribles coquilles vides. Et savez-vous d’où provient la grande majorité de l’uranium enrichi qui sert à alimenter ces monstres à l’appétit titanesque ? De Russie ! (1) Que Poutine fasse la guerre à l’Ukraine, que l’armée russe et ses mercenaires bombardent depuis un an des villes, des hôpitaux, des infrastructures, des populations – et même une centrale nucléaire ! – ne change rien ; un récent article du site Reporterre nous apprend :
« La France a quasiment triplé ses importations d’uranium enrichi russe l’année dernière : 312 tonnes ont été livrées entre mars et novembre 2022, soit un tiers de la quantité nécessaire au fonctionnement des 56 centrales françaises pendant un an. »
Et si le même dictateur décidait demain un embargo sur les exportations russes d’uranium enrichi, les centrales nucléaires françaises seraient à la « souveraineté » et à « l’indépendance » ce que le Titanic fut à la croisière de plaisance.
(1) Sans compter que l’uranium naturel, qui a besoin d’être enrichi avant d’être utilisé, provient, lui, du Kazakhstan et d’Ouzbékistan.
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