Françoise et Le Casse-noix

Par Alain

Fils adoptif de Françoise, heureux de contribuer à faire vivre sa pensée et son œuvre.

Publié le 16/05/2022

En 1976-1977, des débats agitaient le mouvement anti-nucléaire, et notamment l’hebdomadaire écologiste La Gueule ouverte, entre les tenant·es et les adversaires de la « contre-violence » prônée entre autres par Françoise. Une des questions qui se posaient alors tournait autour de la stratégie à mettre en œuvre pour s’opposer à la construction du surgénérateur nucléaire Superphénix (1) et pour faire de la manifestation de Malville, à l’été 1977, un moment fort de la résistance anti-nucléaire. C’est en juillet de cette année-là que Françoise s’est rendue à Grenoble et a rencontré les gens du Casse-noix, « feuille grenobloise assez furieuse » à laquelle elle a ponctuellement participé.

En ce mois de mai 2022, dans un long texte intitulé Françoise d’Eaubonne à Grenoble et publié par Pièces et main d’œuvre (atelier de bricolage pour la construction d’un esprit critique) (2), Le Casse-noix revient sur cette époque et sur la folie technico-nucléaire. L’article commence par souligner l’action de sabotage de la centrale nucléaire de Fessenheim, alors en construction. Le texte poursuit sur les luttes anti-nucléaires et les débats qui les nourrissaient et auxquels les luttes d’aujourd’hui font écho. L’auteur, sans se départir d’un ton je suis plus malin que les autres quelque peu irritant, s’oppose à Françoise, d’un ton parfois condescendant, sur certains aspects de son discours, non pas sur le sabotage ou l’action directe mais sur ce que Françoise appelait « contre-violence ».

Il est dommage que dans la suite de son texte, l’auteur dénonce ironiquement le prétendu essentialisme de Françoise d’Eaubonne :

Cette volonté de puissance [du capital coupable de génocide, dernier stade de la société patriarcale d’oppression], qu’elle nomme « phallocratisme », serait selon d’Eaubonne et ses disciples, le trait saillant et négatif des mâles. A eux seuls l’instinct de mort et la pulsion agressive : Thanatos. (…) Les femmes étant dotées au contraire du privilège de l’Eros et de l’instinct de vie.

Il nous faudra donc toujours insister : pour Françoise, les différences entre les femmes et les hommes sont avant tout culturelles, dues au système patriarcal, à la position donnée dès leur naissance au garçon et à la fille.

L’article est suivi en annexe de la retranscription d’une conversation avec Françoise ainsi que des extraits de sa Lettre ouverte à Jean-Marie Muller, auteur de Stratégie de l’action non-violente (Éditions Fayard, 1972) et animateur du Mouvement pour une Alternative Non-violente, fondé en 1974. Ces deux textes ont été publiés, en juillet 1977, dans le numéro 6 du Casse-noix.

(1) Subissant panne après panne, Superphénix, s’il a bien été construit, n’a jamais réellement fonctionné. Il a coûté 60 milliards de francs et a été définitivement abandonné vingt années plus tard, en 1997.

(2) Avertissement. On nous écrit : Yannick Blanc, le probable auteur du texte Françoise d’Eaubonne à Grenoble, « est le militant principal et historique du groupe Pièce et main d’œuvres, collectif anti-technologie qui publie des textes dans une collection chez l’Échappée. Depuis plusieurs années, ce groupe publie des textes transphobes et anti-féministes ; ils se sont battus aussi contre la PMA pour les lesbiennes et autant dire qu’ils ne sont pas en odeur de sainteté dans le milieu féministe. Ils ont aussi publié des textes avec une coloration nationaliste étonnante pour ce collectif autonome. La fausse position de l’auteur qui parle d’une époque où il n’était ‘pas encore femme’ est une petite blague transphobe à la Yannick, un clin d’œil à ses lecteurs transphobes comme lui. »

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1 Commentaire

  1. Vincent

    Oui. je ne connaissais pas, je suis allé faire un tour sur le site. J’ai beaucoup de mal avec ce mix de références, de sarcasmes aigres et de mise en page déplorable, comme si la conviction que l’on a raison de toute façon et toujours, et ici on en est bien convaincu, faisait que le lecteur éclairé à l’avant-garde de la pensée ne pouvait que mépriser ce genre de contingences relevant bassement de la « communication ».

    Si j’étais aussi caustique que dans les bouts de textes que j’ai lu (pardon de ne pas avoir trouvé le temps de lire au moins 200 pages), je dirais que dans les grands moments c’est beau comme du Jdanov, comme quoi il est toujours facile de trouver des références qui ne parleront qu’à de 3 vieux militants au moins soixantenaires. Ah bah tiens, caustique, finalement je le suis.

    Pourtant si l’on fait l’effort, il y a de la matière. Et effort il y a à faire, tant le ton fatiguant cache une réalité simple : le fait que nous soyons hommes ou femmes, ici, n’est pas un sujet. J’entends que la réalité biologique clôt la discussion, la construction sociale ne méritant pas que l’on s’y arrête, si tant est même qu’elle soit admise.

    Le début du texte sur Françoise est un modèle de ce déni qui ne semble même par rendre justice aux qualités (il faut fouiller, mais il y en a ) des 40 pages qui suivent. Le renversement patriarcal y fait l’objet des guillemets de doute moqueur dont l’auteur aime abuser mais qui ne font pas un argument, sans parler des propos sur les amazones qui relèvent carrément du café du commerce, le nom d’Adrienne Mayor devant lui être parfaitement inconnu. Il y a bien d’autres grosses failles dans les connaissances de l’archéologie et l’anthropologie contemporaine visibles lorsque le texte va sur ce terrain. Quant aux raccourcis simplistes sur l’écoféminisme, ils sont dignes d’un commentateur de 20 minutes, et Françoise aurait rigolé de ces inepties déjà poussiéreuses il y a 50 ans.

    Bref, typiquement le genre de littérature ou l’on est vaincu par la masse considérable qu’il faut absorber pour répondre point par point, et je n’ai pas le temps pour ça, plus important à faire. C’est une stratégie d’usure bien connue.

    Finalement, je m’aperçois que dans cette réponse je viens de procéder comme l’auteur, et tout ceci pourra paraitre un peu fatiguant : j’en tire que ce genre d’attitude est une véritable peste dont il faut se défier !

    Réponse

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