Trente ans.
Il aura fallu trente ans pour que Ecofeminism As Politics: Nature, Marx and the Postmodern, le livre d’Ariel Salleh, que presque personne ne connait en France, soit enfin traduit sous le titre Pour une politique écoféministe en co-éditions par Le Passager Clandestin et Wildproject.
Il partage ce sort de livre essentiel inconnu pendant des décennies avec La subsistance de Maria Mies et Veronica Thomsen, La mort de la nature de Carolyn Merchant, ou encore Le féminisme ou la Mort de Françoise, pour ne citer qu’eux.
Usbeck et Rica a eu la bonne idée d’interviewer son autrice. Dans la première partie, après une bio de la sociologue australienne et des sources de son engagement, lui est demandé si Françoise fut pour elle une inspiration :
Je n’ai entendu parler de Françoise d’Eaubonne que tardivement. Je l’ai rencontrée brièvement à la fin des années 1980 par l’intermédiaire de la philosophe Julia Kristeva, alors que j’étais de passage à Paris dans le cadre d’un congé sabbatique… je n’ai moi-même pu lire son travail que très récemment, lorsque ses ouvrages ont été traduits en anglais. J’étais bien plus familière d’autres figures de l’écoféminisme…
La suite de l’entretien permet de pressentir l’un des premiers point fort d’Ariel Salleh : sa très grande connaissance des mouvements écoféministes, dans le monde entier, et de leur actualité. Si elle cite Acción Ecológica en Équateur, WoMin à Johannesburg ou les communautés du Rojava, ceci n’est qu’un hors d’œuvre. Dans la première partie de son livre, on trouvera l’historique mondial le plus complet que j’ai pu lire sur les multiples mouvements jusqu’à la parution de son livre en 90, charge au lecteur de trouver la suite…
Si Ariel se réjouit de l’activisme de le jeunesse française contemporaine autour des questions climatiques, elle y pointe avec justesse un manque d’analyse du système patriarcal, colonial et capitaliste et conclue :
Il est urgent de sensibiliser les hommes à l’écoféminisme. La déclaration de Françoise d’Eaubonne de 1974 – « Le féminisme ou la mort ! » – est plus impérative que jamais.




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