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Carolyn Merchant : Feminism or Death

Par Vincent

Fils de Françoise, je m'active avec d'autres à faire connaitre sa vie et sa pensée, et à la prolonger dans la mesure de mes moyens.

Publié le 15/03/2022

L’édition anglaise du Féminisme ou la Mort de Françoise contient un avant-propos de Carolyn Merchant que j’ai évidemment lu avec grand intérêt à la réception de l’ouvrage.

Carolyn Merchant y resitue l’ouvrage dans l’histoire du féminisme et de l’écoféminisme. Plongeant jusqu’à la naissance du patriarcat, elle rappelle la responsabilité de celui-ci dans la création du problème démographique (croissez et multipliez !) et redonne des sources intellectuelles (Bachofen, Bebel, Engels, Briffault…) qui ont permis de le penser.

Elle évoque un possible premier emploi du terme “écoféminisme” aux USA en 76, dans l’Institut d’Ecologie Sociale de Murray Bookchin au Vermont. Puis viennent quelques dates clefs de l’emploi du concept (Inestra King, 1980, etc.) et l’histoire de ses échanges avec différents courants portés par Mary Griffin, Val Plumwood… jusqu’à nos années contemporaines.

Et elle conclut que cette pensée trouve ses racines en Europe, au début des années 70, sous la plume de Françoise d’Eaubonne :

All of these manifestations have their origins in the early 1970s mouvements in Europe on which d’Eaubonne drew and elaborated in her book Feminism or Death.

Carolyn merchant, philosophe et historienne des sciences, nous apporte là un éclairage sur les sources de l’écoféminisme. Si cela est bien évidemment fort utile scientifiquement, l’intérêt d’un débat sur le sujet hors de cette sphère me paraît limité.

Notre combat peut fort bien se passer d’une attribution formelle à telle ou telle personne d’un titre de prestige, et les immenses talents de Françoise n’en seront en rien diminués. Il ne me semble pas dans l’ADN des écoféminismes de bâtir des piédestaux, si l’on considère que son projet consiste entre autres à créer du lien, des collectifs mutationnels, au-delà des distinctions de genre, de classe, de culture… et de position intellectuelle.

…Qu’importe si chemin faisant vous allez m’abandonner comme une hypothèse…

Aragon, Épilogue

David Graebber nous dit justement qu’il n’a rien inventé, pas plus que Marx ou qui que ce soit. Pour lui, l’exercice de la pensée consiste à capter le débat de son époque pour en restituer une synthèse située qui embrasse le plus largement possible le vivant, en donnant à notre espèce une brique supplémentaire pour la compréhension du monde. Nul besoin donc de crier au génie, notre propension à idolâtrer n’a pas besoin de ça pour se donner hélas des maîtres à suivre.

Enfin, nous n’oublierons pas que c’est là affaire de genz du Nord. Les Sud n’ont pas attendu notre permission pour mener des combats écoféministes bien antérieurs au terme et à sa conceptualisation. À tel point que, en suivant l’anthropologie contemporaine, c’est bien dans les racines immémoriales des sociétés matriarcales qu’il faut en situer l’origine, lorsqu’il s’agit d’en trouver une.

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